Actualités – publiée le 18/04/2018 par Équipe de rédaction Santélog
Environmental Health Perspectives
Plusieurs études ont déjà suggéré ce risque de perte de fertilité chez les filles exposées in utero au paracétamol, d’autres études, une réduction de la production de testostérone chez les garçons à naître. Cette étude de l’Université d’Edimbourg encourage à nouveau les femmes à réfléchir attentivement avant de prendre des analgésiques pendant la grossesse et à opter pour la dose la plus faible possible. Des conclusions présentées dans la revue Environmental Health Perspectives qui rappellent que les analgésiques pendant la grossesse peuvent affecter la fertilité future du bébé
Le paracétamol (acétaminophène) est largement utilisé et prescrit, comme traitement de première intention pour une multitude de maladies douloureuses aiguës et chroniques. C’est aussi le médicament utilisé en première intention pour la gestion de la douleur et de la fièvre pendant la grossesse. De récentes études ont alerté sur ses dangers en cas de surdose ou de prise prolongée. De plus, il est connu que l’exposition in utero à certains composés chimiques peut entraîner des effets sur le développement qui peuvent ne se manifester que bien plus tard dans la vie. Cette nouvelle étude révèle que ces médicaments peuvent affecter la fertilité des générations futures, en laissant leur signature épigénétique sur l’ADN.
Les scientifiques d’Edimbourg ont étudié les effets du paracétamol et de l’ibuprofène sur des échantillons de testicules et d’ovaires de fœtus humains. A l’issue de plusieurs approches expérimentales différentes, ils aboutissent à des effets similaires : les tissus humains exposés à l’un ou l’autre médicament pendant une semaine présentent un nombre réduit de cellules germinales ou précurseurs d’œufs ou de spermatozoïdes.
Ainsi, sur des prélèvements de tissus humains :
- les prélèvements d’ovaires exposés au paracétamol pendant une semaine présentent 40% de cellules productrices d’œufs en moins ;
- exposés à l’ibuprofène, ces mêmes prélèvements présentent un nombre de cellules réduit de moitié.
Les chercheurs rappellent que les filles nées avec un nombre réduit d’ovules peuvent connaître une ménopause précoce. Mais l’exposition à ces analgésiques in utero, pourrait également entraîner des effets chez les garçons à naître :
- le tissu testiculaire exposé à des analgésiques en laboratoire, présente 25% de cellules productrices de spermatozoïdes en moins, après une exposition d’une semaine au paracétamol ou à l’ibuprofène.
Chez l’animal : de précédentes études menées chez le rat ont montré que les analgésiques administrés pendant la grossesse induisent une réduction des cellules germinales chez la progéniture femelle. Ici, chez des souris porteuses de greffes de tissu testiculaire fœtal humain, un seul jour de traitement avec une dose de paracétamol équivalente à une dose « humaine », le nombre de cellules productrices de spermatozoïdes dans le tissu greffé chute de 17%. Après une semaine, c’est près d’un tiers de cellules en moins.
Quel mécanisme ? Les scientifiques constatent que l’exposition au paracétamol ou à l’ibuprofène déclenche dans la cellule des mécanismes qui modifient la structure de l’ADN, des marques épigénétiques. Ces marques peuvent être héritées, ce qui peut expliquer comment ces effets des analgésiques sur la fertilité peuvent être transmis aux générations suivantes. Et ces effets des analgésiques sur les cellules germinales sont probablement causés par leur action sur les molécules prostaglandines, qui exercent des rôles clés dans les ovaires et les testicules.
Bref, c’est un nouvel appel à la prudence sur l’utilisation de ces analgésiques durant la grossesse.
Source : Environmental Health Perspectives April 2018 DOI:10.1289/EHP2478 Reproductive Headache? Investigating Acetaminophen as a Potential Endocrine Disruptor
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