Accueil Course au large tour du monde en solitaire
La majorité des quatorze skippers en course sur la Global Solo Challenge est aux prises avec les mers du sud, dans l’océan Indien.
Si chacun a sa stratégie pour faire face aux quarantièmes rugissants, tous espèrent rattraper le leader français Philippe Delamare, qui a déjà atteint le Pacifique.
Derrière le Français Philippe Delamare, l’Américaine Cole Brauer navigue en deuxième position sur son Class40 probablement glacial ! | COLEBRAUEROCEANRACING
Voiles et Voiliers. Modifié le 22/12/2023 à 12h08
Global Solo Challenge. La majorité de la flotte en lutte dans les mers du sud (ouest-france.fr)
Depuis qu’Andrea Mura (Vento di Sardegna) a passé le cap de Bonne-Espérance ce mercredi après-midi, il ne reste que deux concurrents de la Global Solo Challenge qui naviguent encore dans l’océan Atlantique : l’Italien Alessandro Tosetti (Aspra) et l’Australien Kevin Le Poidevin (Roaring Forty).
À bord de son Open 40, Kevin Le Poidevin a récemment dépassé la latitude de Recife.
Il est le dernier concurrent à être parti à l’assaut de la Global Solo Challenge le 23 novembre, précédé par Andrea Mura, parti le 18 novembre et Alessandro Tosetti, le 29 octobre.
Monter en haut du mât dans une mer croisée
Après le regrettable abandon du Gallois Dafydd Hughues le 12 décembre, le Français Philippe Delamare, à bord de son Actual 46 Mowgli, a pris la tête de la flotte.
Il a maintenant atteint le Pacifique, son océan préféré.
Pour éviter les zones de calme et surfer sur les dépressions, il pénètre parfois dans la Buffer Zone (dont le franchissement est permis par le règlement pour un maximum de 72 heures).
À son entrée dans le Pacifique, Philippe Delamare a dû faire face à deux dépressions majeures.
La deuxième était, selon ses mots, « dantesque », fruit du croisement entre la forte dépression venant du nord (avec des rafales de 50 nœuds) et les vagues classiques du Pacifique, venant du sud-ouest.
Dans cette mer croisée, Philippe Delamare a subi des dommages, notamment la rupture de ses lazy jacks.
Il est monté plusieurs fois au mât et se dirige maintenant, plus serein, vers le cap Horn.
Ricardo Tosetto, sur son bateau Obportus, est le premier Italien de la flotte, en 4e position derrière les Américains Cole Brauer et Ronnie Simpson. | GSC-PEP PORTAS
Prudence
À bord de bord de Solarwind, le Belge Édouard de Keyser, en 10e position, a décidé lui aussi de traverser la Buffer Zone et de rester plus au sud à 43°, pour se maintenir dans des vents d’environ 15-20 nœuds.
Devant Édouard de Keyser, le Français François Gouin, en sixième position, est également descendu au sud, jusqu’à 46°, avant d’empanner dans la nuit de mardi pour mettre le cap vers l’est. À bord de son Class40 Kawan 3 – Unicancer, il ajuste son cap avec l’aide de Dominique, son routeur.
Si nécessaire, il préfère allonger la route et s’assurer de préserver le bateau et le skipper, en naviguant dans des zones où le vent et la mer sont moins forts.
Une sage stratégie pour Édouard de Keyser, qui navigue avec le plus petit bateau de la flotte.
Après Dafydd Hugues, il était le deuxième concurrent à prendre le départ de la Global Solo Challenge, le 17 septembre dernier.
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Pour moi, la meilleure façon de faire face aux dépressions est de les éviter totalement.
François Gouin est suivi de près par son compatriote Louis Robein, en septième position avec son bateau Le souffle de la mer III (un X37).
Jusqu’à maintenant, dans les mers du sud, cet ancien figariste a connu des rafales atteignant au maximum 38 nœuds.
Louis Robein s’efforce « d’anticiper les manœuvres et, dès que le vent dépasse 22 nœuds, de prendre un deuxième ris.
Quand le vent atteint 25 nœuds, mon bateau, qui n’est pas conçu pour planer, est freiné par les vagues et n’accélère plus.
C’est pourquoi je n’ai pas besoin de chasser les dépressions ; au contraire, je me prépare adéquatement quand je ne peux pas les éviter. »
Dans ces mers australes, Louis Robein s’accroche partout lors de ses déplacements à bord.
Même si garder l’équilibre est un défi de chaque instant, il assure que naviguer dans l’océan indien est une expérience extraordinaire.
François Gouin, 6e, devrait arriver le 20 mars à La Corogne, selon les estimations. | FRANCOISGOUIN
Un « enfer glacial »
L’Américaine Cole Brauer, seconde de la flotte sur son Class40 First Light, signe une très belle performance et se dirige actuellement vers le cap Leeuwin.
Dans les mers du sud, elle estime qu’il faut parfois se détourner de la route la plus rapide pour se dévier de quelques degrés vers le nord, à la recherche de conditions de navigation plus modérées. Un équilibre très fin !
L’Italien Andrea Mura, à bord de son Open 50 Vento di Sardegna, n’a, lui non plus, pas hésité à mettre le cap vers le nord-est en direction du Cap, après avoir été englué plusieurs jours dans une dépression qu’il a qualifiée d’« enfer glacial ».
Pendant les dépressions, Andrea Mura, qui a le bateau le plus rapide de la flotte, réduit sa grand-voile et prend quatre ris et une trinquette.
Un roof transparent couvrant l’intégralité du cockpit lui permet de manœuvrer en sécurité et en restant au sec.
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Sur Vento di Sardegna, Andrea Mura a passé mercredi le premier des trois grands caps : le cap de Bonne-Espérance. | ANDREAMURA
« Je navigue de manière délibérément conservatrice »
Le Bulgare Pavlin Nadvorni, en 5e position sur son Farr 45 Espresso Martini, vieux de 26 ans, a une stratégie simple dans les mers du sud : “Pour moi, la meilleure façon de faire face aux dépressions est de les éviter totalement.”
Alors qu’il privilégie normalement les mers difficiles et les tempêtes, il tente maintenant de rester au nord des dépressions.
Il profite ainsi de vents du nord-ouest soufflant entre 15 et 20 nœuds et fait le choix de la patience.
“Je navigue de manière délibérément conservatrice et défensive, car ma priorité est de terminer cette traversée extraordinaire sans subir de dommages importants, aussi bien pour le bateau que pour moi-même, explique-t-il.
Ma stratégie immédiate pour gérer les dépressions repose sur une planification méticuleuse, pour essayer d’éviter ces situations quand c’est possible, et sur la patience d’attendre, même si cela signifie naviguer avec peu de vent pendant une demi-journée après le passage des dépressions.”
(Source service presse / Marguerita Pelaschier)