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François Gabart est à la tête depuis quinze ans de MerConcept, son écurie de course au large.

Le vainqueur du Vendée Globe 2013 s’engage pour des compétitions et constructions plus respectueuses de l’environnement.

Dans son chantier, à Concarneau (Finistère) – où il envisage entre autres la construction d’un mini 6.50 très écolo – il répond aux questions de La mer notre avenir.

À Concarneau (Finistère), François Gabart dans les locaux de MerConcept. | THIERRY CREUX/OUEST-FRANCE

OUEST-FRANCE. Publié le 12/04/2021 à 15h56

François Gabart appartient à cette « génération océan » que Ouest-France raconte dans une série à partir d’aujourd’hui sur son site et mardi 13 avril dans son supplément La mer, notre avenir.

Pour François Gabart, les acteurs de la course au large doivent se mobiliser pour rendre ce sport plus respectueux de la mer.

Le skipper envisage la construction d’un mini 6.50 très écolo.

Entretien avec le champion de voile, vainqueur du Vendée Globe en 2013, qui est aussi le dirigeant de MerConcept.

Cette entreprise de construction de voiliers à Concarneau (Finistère) compte plus de 50 collaborateurs. Cet entretien est aussi à retrouver dans La mer, notre avenir, le supplément d’Ouest-France de mardi 13 avril. Avec un cahier spécial génération océan qui en lumière les jeunes qui se bougent pour les océans.

François, à l’image du collectif de marins de la plateforme « La vague », vous affichez votre désir de naviguer plus « proprement ». Comment concilier compétition et écologie ?

Déjà, en passant cet hiver à terre, je me suis vraiment rendu compte de l’énorme impact de la course au large sur le grand public, avec le Vendée Globe, en l’occurrence.

Raison de plus pour devenir exemplaire, car j’ai la conviction que nous avons un rôle très important à jouer dans la société.

Celui de faire rêver, essentiel, surtout en cette période un peu confinée.

Celui aussi d’amener un vent de liberté, dont la société a besoin.

Mais la course au large doit encore faire plus !

On peut agir à plusieurs niveaux. La construction du bateau, des voiles, où le carbone et les produits issus du pétrole sont omniprésents

François Gabart, ici dans son chantier naval à Concarneau, rêve de courses au large plus respectueuses de l’environnement. | THIERRY CREUX / OUEST-FRANCE

De quelle manière ?

Nous devons rechercher le plus petit impact environnemental possible.

On peut agir à plusieurs niveaux.

La construction du bateau, des voiles, où le carbone et les produits issus du pétrole sont omniprésents.

On peut aussi agir sur les déplacements du bateau et de l’équipe.

Et il y a encore, en complément, une piste intéressante avec la compensation carbone que l’on pourrait peu à peu étendre à tous les sponsors et toutes les équipes.

Nous devons enfin être exemplaires en réduisant au maximum notre impact sur la faune et la flore, en cherchant par exemple tous les moyens pour éviter des collisions avec des cétacés.

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Mais pour aller vite sur l’eau, il faut être léger et résistant. Pour le moment, rien ne vient concurrencer le carbone. Alors comment faire ? Imposer des normes ?

Interdire n’est pas la solution, selon moi. Il y a des classes où il sera possible d’évoluer sans brider la liberté, comme les multicoques Ultim par exemple. En suivant les premières pistes que j’ai évoquées, et lors de la construction, en réduisant au maximum le taux de chute de la matière première carbone, par exemple.

François Gabart et le futur trimaran Ultim en construction. | THIERRY CREUX / OUEST-FRANCE

Certes, mais une évolution lente ne sera pas perceptible du grand public. Ne faut-il pas des symboles pour marquer une rupture ?

Oui, certainement, au risque de voir la course au large, synonyme d’énergie propre avec le vent, et de liberté, apparaître en décalage avec les évolutions et les aspirations de la société.

Je pense que la rupture symbolique, dont vous parlez, est possible avec une classe comme celle des mini 6.50.

Depuis la première mini-transat en 1977, cette classe est historiquement porteuse d’innovations, de ruptures technologiques.

C’est dans son ADN. C’est pourquoi, au sein du chantier MerConcept, j’ai la volonté de construire un mini 6.50 très respectueux de l’environnement, à l’aide, entre autres, de matériaux composites biosourcés, sans se donner de limites, mais avec la volonté d’être en véritable rupture avec ce qui se fait actuellement.

On y travaille déjà chez MerConcept et on a envie d’embarquer beaucoup de jeunes coureurs dans la démarche. La présence d’au moins une dizaine de mini 6.50, lors d’une prochaine mini-transat, serait un signal très fort vis-à-vis du public et un encouragement à véritablement changer les choses dans la course au large.

MerConcept, l’entreprise de construction de voiliers que dirige François Gabart, compte plus de 50 collaborateurs. | THIERRY CREUX / OUEST-FRANCE

On vous sent enthousiaste à l’idée de vous lancer dans cette aventure…

Totalement. Nous sommes très nombreux dans le milieu de la course au large à partager ce souhait, les jeunes comme les plus expérimentés.

On ne peut pas réclamer, comme c’est mon cas, des changements radicaux pour notre société ‒ car nous n’avons plus le choix – et rester en marge de ce mouvement dès que l’on prend le départ d’une course.

François Gabart à la barre d’une entreprise à mission

Réputation

Depuis sa création en 2006 à Port-la-Forêt dans le Finistère, la société MerConcept a beaucoup évolué.

Marin, compétiteur, François Gabart a aussi démontré qu’il a l’âme d’un entrepreneur en montant, très jeune et très tôt dans sa carrière, sa propre écurie de course.

Les succès sont arrivés très vite, en Figaro notamment, avant de se lancer en Imoca dans l’optique de participer au Vendée Globe 2012-2013.

Première participation et première immense victoire à tout juste 30 ans.

À travers sa collaboration avec la Macif et le cabinet d’architecture VPLP, son entreprise MerConcept gagne une réputation.

Concarneau (Finistère). François Gabart dirige MerConcept, son chantier naval, où le nouveau trimaran Ultim M 101 prend forme. | THIERRY CREUX / OUEST-FRANCE

Engagement

L’histoire s’accélère jusqu’au projet d’Ultim au nom de code M. 101, dont la mise à l’eau est prévue cet été. François Gabart décide de s’agrandir et quitte Port-la-Forêt pour Concarneau, où il fait bâtir un très beau bâtiment de 3 000 m2.

L’année (2020) de son installation est aussi celle d’un tournant important : MerConcept devient une entreprise à mission. « Rêver, imaginer, innover, construire, optimiser, performer, c’est l’ADN de MerConcept, explique le skipper. 

Nous sommes fiers de nos résultats. Mais aujourd’hui, se battre pour gagner ne peut avoir de sens qu’à condition d’y associer des engagements forts sur le plan social, sociétal et environnemental. »

Révolution

MerConcept, c’est aujourd’hui plus de 50 collaborateurs, majoritairement concentrés sur la phase finale de l’assemblage et la construction de l’Ultim M. 101, une première pour l’entreprise. 

« Ce bateau est exclusivement pensé pour le vol au large, s’enthousiasme François Gabart. 

Nous sommes en train de vivre une révolution extraordinaire.

Tout est possible, on ne s’est donné aucune limite. » 

C’est ainsi que le cockpit est placé sous le pont, rien ne dépasse ! MerConcept gère aussi d’autres projets, comme celui de l’Imoca Apivia, deuxième du Vendée Globe avec Charlie Dalin, un programme Figaro, sans oublier un catamaran électrique à foils très futuriste.

Les dates clés de François Gabart

23 mars 1983. Naît à Saint-Michel-d’Entraygues (Charente).

1997. Sacré champion de France d’Optimist à Agde.

27 janvier 2013. Remporte aux Sables-d’Olonne la 7e édition du Vendée Globe et établit un nouveau record : 78 jours 2 h 16 min 40 s, pour ce tour du monde à la voile en solitaire, sans escale.

17 décembre 2017. Inscrit un nouveau record du tour du monde en solitaire en 42 jours 16 h 40 min 35 s, pulvérisant de plus de six jours le précédent record établi par Thomas Coville en 2016.

Juillet 2020. MerConcept, écurie de course au large créée par François Gabart en 2006, devient entreprise à mission. Le maxi-trimaran M101 y est en construction.

Le Vendée Globe récompense-t-il vraiment le meilleur skippeur ?

Débattez !

Cet article est à retrouver également dans le supplément La mer, notre avenir du mardi 13 avril 2021, dans Ouest-France (version papier et version numérique).

Le supplément La mer, notre avenir de mardi 13 avril. – A lire avec le journal papier ou numérique. | OUEST-France

François Gabart : « Une puissante vague en faveur des océans est enclenchée »

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