ACTUALITÉ À LA HUNE
Les finales des World Cup Series à Marseille sur le plan d’eau qui accueillera fin juillet 2024 les épreuves olympiques de voile ont démontré le savoir-faire des organisateurs, et confirmé la mainmise des planchistes français, avec en prime la victoire des bleus au trophée des nations devant 33 pays.
Publié le : 11/06/2018 – par Didier Ravon
De gauche à droite, Thomas Goyard, Pierre Le Coq et Louis Giard.Photo @ T. Moya/Sailing Energy/WS
Ils se nomment Le Coq, Goyard et Giard ! Ces trois-là semblent naviguer sur une autre planète. En RS:X, les «babouins» – surnom donné dans les années 70 aux planchistes, car pendus à leur wishbone (en teck à l’époque) – ont écrasé la concurrence à Marseille, remportant les trois médailles, avec des manches menées outrageusement… et des écarts dignes de compétitions en minimes ! Quel dommage : en voile olympique, contrairement à l’athlétisme ou la natation, il n’y a qu’un représentant par nation. Mais il faudra d’abord que la série se qualifie à Aarhus au Danemark fin juillet-début août. Mais sur ce que l’on a vu en rade Sud de Marseille, ça semble une formalité.
La sortie du stade nautique du Roucas-Blanc avec vue sur les îles.Photo @ D. Ravon
La France, première nation
D’habitude, ce sont les «bleuets» (les jeunes espoirs de moins de 20 ans) qui lors des grands championnats trustent le titre envié du «Nation Trophy», plateau en argent réservé au pays cumulant le meilleur résultat final. Dans l’élite olympique (les séniors), les Britanniques et les Australiens se partagent le gâteau depuis des années… mais pas cette fois. Grâce au «carton» des planchistes, mais aussi aux quatrièmes et sixièmes places de Machetti-Dantes et Péponnet-Mion en 470, ou encore à la cinquième de Lobert en Finn, l’équipe de France remporte le trophée à Marseille. Marie Barrué en Laser Radial ou Lucie Belbeoch en RS:X ont respectivement profité de la contre-performance de Mathilde de Kerangat, n°1 français en Laser, et des absences de Charline Picon (championne olympique) et Hélène Noesmoen (vainqueur à Miami) en RS:X, pour montrer les dents avec brio. Ces deux jeunes filles ont du talent. En Laser homme, Jean-Baptiste Bernaz a traîné une gastro-entérite pendant tout le championnat, mais a limité les dégâts, en finissant quand même neuvième. Sûr qu’il vaut bien mieux que ça ! En 470 femmes, Camille Lecointre et Aloïse Retornaz, ont grillé leur joker dès le début et n’ont pu disputer la Medal Race, annulée, mais elles donnent l’impression d’une grande sérénité : elles vont très vite après seulement quelques mois de navigation ensemble. Elles ont néanmoins des raisons de se méfier des jeunes Jennifer Poret-Camille Hautefaye et Marina Lefort-Lara Granier, très brillantes également, et qui progressent à vitesse grand V.
Décor de rêve à Marseille à quelques milles des calanques.Photo @ D. Ravon
Le retour des oubliés
Outre les Italiens et Allemands, à côté de la plaque depuis plusieurs olympiades, mais de retour au premier plan (victoires en Nacra 17 et Laser), les Australiens Belcher et Ryan continuent de trôner sur le 470. Une fois encore, après un départ «poussif» le sextuple champion du monde et double médaillé olympique (or à Londres, argent à Rio) a mis tout le monde d’accord. Ce Belcher est un mutant ! On pourrait presque dire la même chose chez les filles avec la Britannique Hannah Mills, championne du monde et médaillée d’or olympique à Rio, qui avec une nouvelle équipière, l’emporte une fois encore.
Les Australiens Belcher et Ryan, comme d’habitude vainqueurs en 470.Photo @ R. Langdon/Sailing Energy/WS
N’empêche, le formidable 470 dessiné par André Cornu en 1962, et série olympique depuis 1976 à Kingston (Canada) est dans le collimateur de la fédération internationale, qui pourrait s’en séparer pour les JO de 2024. On n’ose pas y croire, tant ce bateau reste moderne, même s’il ne vole pas ! Le dernier mot est pour Nicolas Hénard, président de la FFVoile, et qui comme ancien double champion olympique de Tornado en 1988 et 1992, n’a pas manqué une miette de ce «lever de rideau» : «Le bilan de l’événement est très positif. Il y a toujours des choses à corriger, à améliorer mais les chefs des délégations et les athlètes ont passé un très bon moment, ils n’ont ressenti aucun défaut, et nous ont remerciés pour cette belle organisation. C’est de très bon augure pour la suite, à six ans des jeux Olympiques. Ce niveau de prestation et de livraison d’événement est très important.»
La délégation française à Marseille.Photo @ L. Cottin/FFVoile
Les résultats des Français :
RS :X (homme-Windsurf). 1er : Pierre Le Coq ; 2e : Thomas Goyard ; 3e : Louis Giard.
RS :X (femme-Windsurf). 7e : Lucie Belbeoch.
470 (hommes-dériveur double). 4es : Hippolyte Machetti et Sidoine Dantes ; 6es : Kevin Péponnet et Jérémie Mion.
470 (femmes-dériveur double). 9es : Camille Lecointre et Aloïse Retornaz ; 10es : Jennifer Poret et Camille Hautefaye.
Laser (homme-dériveur solitaire). 9e : Jean-Baptiste Bernaz.
Laser Radial (femme-dériveur solitaire). 8e : Marie Barrué ; 16e : Pernelle Michon ; 17e : Louise Cervera ; 18e : Mathilde de Kerangat.
Finn (homme-dériveur solitaire). 5e : Jonathan Lobert.
Nacra 17 (mixte-catamaran à foils). 13es : Moana Vaireaux et Amélie Riou.
VIDEO. Interview des Pierre Le Coq, Thomas Goyard et Louis Giard lors de la finale.
D.R.