Voiles et voiliers.com ACTUALITÉ À LA HUNE

212 équipages de 42 nationalités disputent jusqu’au dimanche 10 juin les finales des World Cup Series à Marseille, sur le futur plan d’eau olympique qui accueillera fin juillet 2024 les épreuves de voile. L’équipe de France, quasiment au grand complet, a l’intention de briller dans ces eaux. Voilesetvoiliers.com est sur place pour suivre ce test grandeur nature.

  • Publié le : 09/06/2018 – 10:00 par Didier Ravon

MarseilleLes trois leaders dans chaque série portent des débardeurs jaune, bleu et rouge.Photo @ D.Ravon

Le lieu niché près des plages du Prado à proximité de la corniche Kennedy est il faut bien le dire, magique. Il porte le joli nom de Roucas-Blanc, qui signifie rocher blanc. C’est ici que la marina olympique accueillera les épreuves de voile. Les logos des JO de Paris 2024 flottent au vent sur les plumes qui ornent le stade nautique. Il ne manque plus que les cinq anneaux olympiques pour se croire aux JO… Quant au panorama sur la rade Sud de Marseille, il est tout simplement sublime. En face se dressent les îles du Frioul, à gauche les calanques et à droite le Vieux-Port. Si l’équipe de France connaît bien le coin, le pôle France étant implanté ici depuis des années, les coureurs étrangers qui découvrent la marina sont aux anges, et celles et ceux qui ont connu Weymouth avant 2012 puis Rio avant 2016, avouent que Marseille est déjà autrement opérationnel, alors que les travaux n’ont pas débuté. En attendant que le vent daigne se lever et l’affalé de l’aperçu, l’élite du circuit olympique «tue le temps». Il y a celles et ceux qui briquent leurs coques, vérifient une tension de gréement, et d’autres préférant bouquiner ou écouter de la musique. La délégation japonaise au grand complet a même installé des petites tentes pour se relaxer à l’abri du soleil qui tape déjà fort. Les quelques badauds qui ont poussé jusqu’à entrer sur le site surveillé par de nombreux vigiles, découvrent que cette «ruche» est paradoxalement silencieuse, respectueuse et bien élevée. «C’est pas comme en foot !» lance une dame, surprise qu’en s’approchant d’un Laser, on lui dise bonjour en prenant soin d’ôter ses écouteurs.

MarseilleLes Laser Radial (femmes) au départ.Photo @ D.Ravon

Une ministre en visite

Toute la «fédé» est évidemment sur place, de Jacques Cathelineau, le DTN, à Guillaume Chiellino, directeur de l’équipe de France, les cadres techniques, entraîneurs, encadrement juridique et médical… Son président Nicolas Hénard, casquette vissée sur le crâne, a le sourire. Il avoue être heureux de retrouver ce plan d’eau qu’il affectionne, donne des interviews, a un petit mot pour chacun des coureurs, et clairement une petite pointe de nostalgie en voyant ces jeunes champions préparer leurs bateaux.

MarseilleSi ! La rade de Marseille est l’une des plus belles au monde !Photo @ Richard Langdon/Sailing Energy/World Sailing

Le double champion olympique de Tornado a accueilli en l’embrassant Laura Flessel, également ancienne double championne olympique d’épée, aujourd’hui ministre des Sports, et qui est venu visiter le site en présence d’élus marseillais, dont Frédérick Bousquet, ancien recordman du monde du 50 mètres nage libre et adjoint au maire en charge des Sports. Sous une pluie battante, l’ambiance était bon enfant. La «guêpe» a longtemps «fait causette» avec Jonathan Lobert, médaillé de bronze à Londres en Finn, champion d’Europe ici à Marseille l’an dernier.

MarseilleLes Italiens Ruggero Tita et Caterina Marianna Banti imbattables en Nacra 17.Photo @ Didier Ravon

Les nouveaux rois du Nacra !

«C’est la première fois que nous venons à Marseille» explique Caterina Marianna Banti dans un anglais teinté d’italien. «Le plan d’eau est superbe. C’est un régal de régater ici !». Ce que l’équipière de Ruggero Tita pourrait préciser, c’est que l’équipage transalpin domine la série des Nacra 17 à foils avec une aisance déconcertante depuis le début de saison. Vainqueurs à Palma puis Hyères avant même de courir la Medal Race, ils poursuivent leur sans faute et ont remporté hier vendredi les quatre manches du jour, disputées sous un temps de rêve – grand soleil et vent de Sud-Ouest entre 7 et 14 nœuds.

MarseilleLa voile olympique est aussi l’école de la patience…Photo @ Didier Ravon

Avant la Medal Race qui ne devrait être qu’une formalité ce samedi, ils sont évidemment en tête devant les Anglais champions du monde en titre. Leur suprématie n’est pas sans rappeler celle de Billy Besson et Marie Riou, quadruples champions du monde, et dont le retour est prévu et très attendue à la fin de cet été. En force à Marseille, l’équipe d’Italie semble revenir au plus haut niveau après deux olympiades de disette.

MarseilleSur le parking des Finn et 470 en attendant le vent.Photo @ D.Ravon

Un Le Coq impérial !

Pierre Le Coq est également dans une forme éblouissante. Après sa médaille de bronze à Rio en RS :X, il a achevé sa thèse de chirurgien-dentiste avant de reprendre la haute compétition. Toujours aussi perfectionniste, il a décidé de s’entourer ponctuellement de Thierry Péponnet, champion olympique de 470 il y trente ans – son neveu Kevin régate ici aussi en 470 avec Jérémie Mion – pour affiner quelques points, notamment en stratégie-tactique. Et ça marche ! Lui n’y va pas par quatre chemins. Son objectif est tout simplement de conquérir l’or à Tokyo dans deux ans. Vainqueur à Hyères lors de la dernière épreuve des World Cup Series fin avril, Le Coq est en train de remettre ça, avec «accroché» à ses basques ses même camarades de l’équipe de France Thomas Goyard et Louis Giard. Même si il faut attendre la Medal Race ce samedi et qui est retransmise en direct sur le site de World Sailing, Polonais et Israéliens qui découvrent Marseille et se voyaient en favoris, sont un peu dépités par la mainmise des Bleus sur la planche à voile olympique.

MarseillePierre Le Coq impressionnant lors des qualifications.Photo @ Didier Ravon

Une première réussie

Mis à part jeudi, où une dépression orageuse a déversé des milliers de litres d’eau sur la cité phocéenne sans apporter un pet d’air, les coureurs ont été vernis. Pas de mistral certes, mais du thermique classique de saison aux alentours du 230, avec sa tendance gauche, ses appels à droite et un milieu de plan d’eau oscillant et souvent complexe à décrypter. Que ce soit sur les quatre ronds de régate répartis en rade Sud ou la rapidité à quitter le port sans les classiques embouteillages lors des mises à l’eau, les organisateurs sous la houlette de Didier Flamme, Régis Bérenguier, plus une armée de techniciens de World Sailing aidés par près de 200 bénévoles, cette première finale des World Cup Series est sans le moindre doute un succès.

MarseilleLes RS :X – ici les filles – régatent à proximité de la marina du Roucas-Blanc.Photo @ Didier Ravon

En coulisses, pourtant tout ne semble pas aussi limpide. La ville de Gênes veut son étape de Coupe du monde l’an prochain à la place de celle de Hyères, et a semble t-il mis un gros chèque sur la table. Les coureurs du monde entier et qui adorent la rade de Hyères, ne semblent pas emballés par le choix da la cité italienne. Quant à l’avenir de certaines séries pour 2024 il semble mal engagé… Enfin, après un printemps agité où quelques élus de la FFVoile ont retoqué le budget 2018 (qui du coup a été gelé) et tenté de faire annuler l’épreuve à Marseille, la nouvelle assemblée générale fixée au 16 janvier s’annonce primordiale pour Nicolas Hénard et son équipe de «ceintures noires» comme il se plaît à les nommer.

Pour suivre les Medal race samedi 9 juin à 11 heures et dimanche 10 juin à 12 heures :www.worldsailing.org