Actualités publiée le 27/07/2017 par Équipe de rédaction Santélog
Human Reproduction Update
Ce n’est pas la première étude à alerter sur la baisse de fertilité masculine, ici en Europe. Exposition aux perturbateurs, régime alimentaire déséquilibré, manque de sommeil, tabagisme, de nombreux facteurs environnementaux dont de mode de vie ont été mis en cause, avec des effets sur la structure, la concentration ou la motilité des spermatozoïdes. Ici, cette équipe internationale de scientifiques révèle, dans la revue Human Reproduction Update un nombre moyen de spermatozoïdes « occidentaux » divisé par 2 ces 40 dernières années.
Et, dans de nombreux cas, soulignent les chercheurs de l’Hebrew University Center of Excellence in Agriculture and Environmental Health, de la Ben-Gurion University of the Negev (Israël), de l’Icahn School of Medicine (US), de l’université de Copenhague, de la Federal University of Parana (Brésil) et de l’Université de Murcia (Espagne), les raisons de ce très faible taux de spermatozoïdes ne sont pas évidentes. Ce qui est certain en revanche est que cette moindre concentration explique la baisse de fertilité masculine : « Le nombre de spermatozoïdes chez les hommes occidentaux a diminué de moitié au cours des 40 dernières années ».
Les chercheurs ont recherché les études basées sur des mesures du nombre total de spermatozoïdes ou de la concentration de sperme chez les hommes exempts de troubles de la fertilité et en ont sélectionné 185. Ils ont analysé les données de ces études pour examiner les tendances au fil des dernières décennies. Les auteurs ont également pris en compte les différents facteurs de confusion possibles dont l’âge, le délai entre la précédente éjaculation au moment du don de sperme (délai d’abstinence), la méthode de collecte et d’analyse du sperme, le nombre d’échantillons fournis par chaque participant.
Cet examen majeur de la littérature publiée depuis 1973 et jusqu’à 2011, révèle même une baisse estimée de 50 à 60% du nombre de spermatozoïdes dans les pays développés : car si le nombre total de spermatozoïdes et la concentration de sperme diminuent progressivement dans les pays occidentaux, la tendance n’était pas aussi marquée -voire inexistante- dans d’autres régions du monde, comme l’Afrique, l’Asie et l’Amérique du Sud.
Précisément, lorsque les chercheurs combinent les résultats de base de toutes les études, hors facteurs de confusion possibles, l’analyse aboutit à une baisse de 0,75% par an de la concentration du sperme sur la période 1973-2011,
-à une baisse globale de 28,5% sur l’ensemble de la période.
-La concentration moyenne de spermatozoïdes est passée de 92,8 millions / ml à 66,4 millions / ml.
Après prise en compte des autres facteurs,
-la diminution de la concentration de sperme s’élève à -1,4% chez les hommes occidentaux, avec une baisse globale de 52,4%, passant de 99 millions / ml en 1973 à 47 millions / ml en 2011 ;
-chez ces hommes, la diminution du nombre total de spermatozoïdes est estimée à 1,6% par an et à 59,3% au total, passant de 337,5 millions en 1973 à 137,5 millions en 2011 ;
-le taux d’hommes occidentaux fertiles en fonction de la concentration de sperme est réduit de 0,8% par an.
C’est dont un déclin global considérable à la fois de la concentration du sperme et dans le nombre total de spermatozoïdes qui se poursuit dans les pays occidentaux, sans « nivellement » de la tendance, précisent les chercheurs, donc avec une baisse qui pourrait se poursuivre à l’avenir. Un appel donc à la communauté scientifique pour le lancement de nouvelles recherches permettant de mieux préciser les causes de ces tendances.
Source : Human Reproductive Update July 25 2017 DOI: 10.1093/humupd/dmx022 Temporal trends in sperm count: a systematic review and meta-regression analysis
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Fertilité: déclin alarmant du nombre de spermatozoïdes
Le déclin observé touche les hommes d’Europe, d’Amérique du Nord, d’Australie et de Nouvelle-Zélande.
PHILIPPE MERCURE La Presse Publié le 27 juillet 2017
En 1973, un spermatozoïde qui parvenait à féconder un ovule avait battu 338 millions de compétiteurs pendant sa course. En 2011, ils n’étaient plus que 138 millions sur la ligne de départ. Une étude d’une ampleur inédite vient de montrer que le nombre de spermatozoïdes produits par les hommes des pays industrialisés a chuté de 60 % en 40 ans. Et pour l’instant, personne ne connaît la cause du déclin.
Un «urgent signal d’alarme»
«Il s’agit d’un urgent signal d’alarme. La fertilité de notre espèce est peut-être la chose la plus importante pour nous.» Au bout du fil, le Dr Hagai Levine n’est pas d’humeur à rire. Ce médecin de l’Université hébraïque de Jérusalem est l’auteur principal d’une étude publiée cette semaine dans la revue Human Reproduction Update. Entre 1973 et 2011, elle montre un déclin de 52 % de la concentration de spermatozoïdes dans le sperme des hommes occidentaux, et de 59 % du nombre total de spermatozoïdes produits. Rien n’indique que la chute est terminée. Entre 1996 et 2011, le déclin n’a montré aucun signe de ralentissement.
Une vaste étude
Le déclin des spermatozoïdes fait jaser depuis les années 90, mais il est scientifiquement controversé. C’est qu’il est difficile de comparer des données recueillies avec des techniques d’il y a plusieurs décennies avec celles d’aujourd’hui. Les études précédentes portaient souvent sur un petit nombre d’hommes, dont plusieurs avaient des problèmes de fertilité, faussant ainsi les comparaisons. Pour tenter de trancher le débat, le docteur Levine et son équipe ont compilé les données provenant de 185 études différentes et regroupant 42 935 hommes. Bien qu’elle ne soit pas parfaite, cette méta-analyse est la plus importante réalisée à ce jour.
Seuls les hommes occidentaux sont touchés
Le déclin observé touche les hommes d’Europe, d’Amérique du Nord, d’Australie et de Nouvelle-Zélande. Il n’a pas été observé chez ceux d’Amérique du Sud, d’Asie et d’Afrique. Les données concernant ces derniers étaient peu nombreuses, ce qui rend les conclusions plus difficiles. «Statistiquement, on peut dire que le déclin dans les pays occidentaux est significativement plus fort. Mais on ne peut dire avec certitude s’il existe ou non un déclin dans les autres pays», dit le Dr Levine.
Le «canari dans la mine»
Comme une faible production de spermatozoïdes est associée à un risque accru de mortalité et de contraction de plusieurs maladies, les chercheurs croient que le déclin détecté pourrait être un signe que quelque chose cloche avec la santé des hommes en général. «C’est peut-être le canari dans la mine qui nous avertit de quelque chose de plus gros», dit le Dr Levine.
Un mystère scientifique
Les causes de cette baisse des spermatozoïdes sont encore inconnues. Les perturbateurs endocriniens provenant de certains médicaments, nettoyants et pesticides sont au banc des accusés. Le stress, l’obésité et le tabac aussi. Le cas du tabac semble contre-intuitif: dans les pays industrialisés, on fume moins aujourd’hui que dans les années 70. Sauf que des études suggèrent que la qualité du sperme d’un homme dépend davantage de la consommation de tabac de sa mère pendant sa grossesse que de la sienne. Il y aurait donc un décalage de plusieurs années entre ce qui affecte la qualité du sperme et sa détection. Dans tous les cas, le docteur Hagai Levine lance un appel à la recherche. «Il faut trouver scientifiquement ce qui se passe», dit-il.
Infertilité
L’Organisation mondiale de la santé considère comme «normale» une concentration de spermatozoïdes allant jusqu’à 15 millions par millilitre. Avec une moyenne de 47 millions de spermatozoïdes par millilitre en 2011, on pourrait penser que les hommes occidentaux n’ont pas encore à s’inquiéter. Le docteur Hagai ne voit cependant pas les choses de cette façon. «Quand votre moyenne baisse, c’est toute la courbe de distribution qui baisse, rappelle-t-il. Cela veut dire que la proportion d’hommes qui se retrouvent dans la catégorie d’infertilité ou de sous-fertilité augmente de façon très importante.» Selon lui, outre leur nombre, il est aussi possible que la qualité des spermatozoïdes soit affectée. «Quand une population décline, c’est souvent parce que les individus ne vont pas bien», compare-t-il.