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Des flottes de voiliers hydroliens pourraient sillonner les océans du globe afin de produire de l’électricité au large avant de l’apporter aux terres reculées, notamment aux îles.

Routés à distance, ces navires autonomes sans équipage rechercheraient ainsi le vent optimal pour les propulser et actionner leurs hydroliennes de forte puissance.

C’est en tout cas l’ambition de la start-up nantaise Farwind qui vient de tester un prototype à échelle réduite.

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Un catamaran de 80 mètres de long, propulsé par 4 rotors de 35 mètres de haut et équipé de 2 hydroliennes capables de délivrer 2,5 MW d’électricité : c’est le voilier hydrolien imaginé par Farwind. | FARWIND

Olivier CHAPUIS – Publié le 12/07/2021 à 11h45

Utiliser l’énergie du vent non perturbé au large pour propulser – via l’effet Magnus des rotors Flettner – des voiliers autonomes dotés d’hydroliennes de forte puissance aptes à produire de l’électricité décarbonée.

Stockée dans des parcs de batteries, cette électricité pourrait ensuite être livrée à terre, en particulier dans des îles reculées, au plus près des besoins et là où l’on peut limiter l’impact d’une petite centrale thermique au fioul tandis que les énergies renouvelables ne sont pas toujours suffisantes localement.

L’électricité produite en mer pourrait aussi être transformée en hydrogène voire en carburant de synthèse.

Telle est l’ambition de Farwind.

Issue de Centrale Nantes, cette jeune société a été créée en juillet 2020 par Arnaud Poitou, Félix Gorintin et Aurélien Babarit qui était depuis 2012 le responsable de l’équipe de recherche Énergies marines et Océan de la grande école d’ingénieurs nantaise.

Centrale Nantes est notamment responsable du site d’essais SEM-REV au large du Croisic dont nous parlons régulièrement dans les pages Actualités de Voiles et Voiliers.

Un prototype au 1/14

Cela fait cinq ans que ce concept de “voilier hydrolien” a commencé d’intéresser Aurélien Babarit au sein de Centrale Nantes.

Le premier prototype vient d’être testé avec succès sur le lac de Vioreau (Loire-Atlantique).

Mesurant 5,70 mètres de long, cette maquette issue d’un Hobie Cat est à l’échelle 1/14 du futur catamaran de 80 mètres.

Elle n’est gréée que d’un seul rotor Flettner contre quatre rotors de 35 mètres de haut et 5 mètres de diamètre à l’échelle 1.

L’idée est de s’affranchir des contraintes d’ancrage (éolien flottant), de fondations (éolien posé) ou d’immersion (hydroliennes), ainsi que des raccordements à terre, d’éviter les conflits d’usage, notamment avec les pêcheurs, et de se libérer autant que possible de la géopolitique en croisant dans les eaux internationales.

Enfin, la mobilité permet de déplacer rapidement la production vers les besoins et d’optimiser ainsi le rendement.

La start-up rêve d’une flotte de voiliers hydroliens sur les océans du globe.

Les essais ont été réalisés par 8 à 10 nœuds de vent réel sur eau plate mais l’extrapolation à l’échelle 1 confirmerait, selon les concepteurs du projet, la capacité de délivrer une puissance de 2,5 MW au total pour les deux hydroliennes d’un bateau de 80 mètres, soit une capacité annuelle de 10 GWh.

À cet effet, le parc de batteries embarquées serait d’une capacité de 15 à 40 MWh.

Une à plusieurs fois par jour (ce qui impliquerait du vent jusqu’à la côte ou une motorisation électrique pour rester cohérent avec la décarbonation, ndr), l’électricité serait débarquée soit par transfert de courant (ce qui nécessiterait des infrastructures, ndr) soit par échange de batteries (ce qui induirait des manutentions, ndr).

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Début juin 2021 sur le lac de Vioreau, commune de Joué-sur-Erdre, Farwind a testé son prototype de voilier hydrolien à échelle 1/14, dont les coques sont celles d’un Hobie Cat. | FARWIND

Dans le cas de production d’hydrogène pour le transport ou l’industrie, les batteries seraient remplacées par des électrolyseurs et la production quotidienne d’un navire serait de l’ordre de 800 kg par jour.

Le coût du premier catamaran de 80 mètres est estimé à 18 millions d’euros. Farwind espère le lancer en 2024.

La start-up rêve d’une flotte de voiliers hydroliens – autonomes mais routés pour rechercher le vent optimal – qui seraient déployés sur les océans du globe.

O.C.

P.S. Mon blog Route fond continue sur cette page Olivier Chapuis .

Celle-ci héberge non seulement les nouveaux articles mais aussi tous ceux publiés sur Route fond depuis le premier, mis en ligne le 1er décembre 2008.

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