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C’est l’épilogue de l’incroyable challenge de Ken Fowler, un Anglais de 57 ans qui s’était donné pour mission de faire, sur un petit dériveur, le tour de toutes les îles que comptent l’Angleterre et le Pays de Galles… Soit 262 !
En bouclant une dernière navigation autour de l’île de Wight ce mercredi 7 juin, il a mis un terme à ce périple de 1 300 milles dont le but était de lever des fonds pour la lutte contre le cancer.
Avec succès puisque le marin a réussi à réunir plus de 80 000 €.
À la barre de son petit dériveur solitaire, Ken Fowler à fait le tour de toutes les îles d’Angleterre et du Pays de Galles, sans en oublier aucune. Un périple qui a duré 4 ans ! | KEN FOWLER COLLECTION
Christophe FAVREAU. Publié le 10/06/2023 à 16h00
Ken Fowler ne cachait pas son émotion, et sa fatigue, en rejoignant pour une dernière fois la berge d’une plage de l’île de Wight dont il a fait le tour ce mercredi.
Cette navigation de 13 heures d’affilée, commencée à 5 h 15 était la dernière d’un périple entrepris il y a 4 ans, en 2019, « pour récolter des fonds afin de lutter contre le cancer », explique l’ancien contrôleur aérien originaire de Modeford dans le Dorset.
Un périple placé sous le signe du minimalisme et de l’exhaustivité puisqu’il a consisté à consciencieusement faire le tour de l’intégralité des îles qui bordent les côtes de l’Angleterre et du Pays de Galles…
Et ce à la barre d’un minuscule voilier de 35 kg, un RS Aero, petit dériveur solitaire de 4 mètres de long seulement.
Du côté de Saint Helens, sur les îles Scilly, Ken Fowler s’est fait un peu peur en rencontrant un morse qui aurait pu couler son minuscule dériveur. | COLLECTION KEN FOWLER
Les problèmes majeurs ont été les courants, très présents tout au long des côtes.
Cache-cache avec les courants
« Pour faire le tour de toutes ces îles, j’ai parcouru une distance totale de 1 336 milles nautiques, ce qui représente pour donner une idée la distance qui sépare Land’s End, à la pointe la plus Ouest de l’Angleterre, aux Îles Canaries.
J’ai dû naviguer tout en travaillant – Ken Fowler est contrôleur aérien, NDR – ce qui m’a pris tout mon temps libre et mes vacances.
J’ai donc dû procéder par groupe d’îles. Les problèmes majeurs ont été les courants, très présents tout au long des côtes et les vents forts qui m’ont obligé à souvent prendre mes décisions de destination au dernier moment.
Il fallait trouver le meilleur compromis et choisir parmi les options qui se présentaient.
Parfois cela ne passait pas toujours et j’ai dû parfois m’y reprendre à plusieurs fois après avoir parcouru 500 kilomètres en voiture.
Parfois il fallait que j’attende la fin de la marée haute de fort coefficient pour que la terre que je voulais enrouler devienne à nouveau une île, ce qui ne se produisait que 5 fois par an…
À l’inverse j’ai dû attendre parfois les petits coefficients à cause de la force des courants qui pouvaient potentiellement monter à 8 nœuds par endroits », raconte le marin anglais.
La petite taille du dériveur solitaire de Ken Fowler lui a permis de passer dans les endroits les plus improbables, y compris sous les ponts de Portsea Island ! | COLLECTION KEN FOWLER
Je crois que j’ai beaucoup appris sur mon pays, des choses que je n’aurais jamais découvertes sans cette aventure.
Énorme préparation
Et comme si c’était encore trop simple, la crise sanitaire est venue encore retardée d’une année cette entreprise déjà improbable.
« Cela s’est avéré beaucoup plus long que je ne l’avais imaginé au départ mais je ne regrette rien.
Partir à l’aventure sur mon minuscule dériveur solitaire m’a permis de découvrir et d’approcher au plus près des lieux historiques incroyables.
Je crois que j’ai beaucoup appris sur mon pays, des choses que je n’aurais jamais découvertes sans cette aventure », explique Ken qui estime qu’à chaque heure de navigation correspondaient au moins trois ou quatre heures de préparation, surtout quand il fallait repérer les fonds à marée basse pour définir le futur trajet autour de l’île à marée haute.
Ken Fowler a pris beaucoup de plaisir à naviguer au milieu des rochers, entouré par la faune marine comme lors du tour de l’île de Wight, la dernière des 262 îles qu’il a enroulées ! | COLLECTION KEN FOWLER
Incroyable faune marine
Mais au-delà des hauts-fonds qui compliquent la navigation côtière, c’est la rencontre avec une faune marine foisonnante qui a marqué le marin anglais.
« Je suis également allé jusqu’aux Iles Scilly il y a un an et demi, à 35 milles des côtes…
Et j’y ai croisé un énorme morse de 800 kilos ! Il venait de couler plusieurs petits bateaux du fait de son poids.
J’ai eu peur qu’il s’intéresse au mien ! J’ai croisé également de nombreux dauphins, des centaines de phoques, d’innombrables poissons-lunes, des puffins, mes oiseaux préférés…
Je garde de tout cela un souvenir merveilleux » se souvient avec émotion Ken Fowler.
Petit voilier, grandes aventures ! À bord de son dériveur solitaire de 4 mètres de long, le marin anglais a pris beaucoup de plaisir à s’immerger au cœur de la nature. | COLLECTION KEN FOWLER
J’ai pris un immense plaisir à me retrouver seul à naviguer dans des endroits reculés.
Chaleur humaine
Cette contemplation de la nature sauvage s’est doublée de chaleureuses rencontres humaines qui ont marqué ce parcours aussi original qu’obstiné.
« Parmi les choses dont je me souviendrai à tout jamais, je retiens également la gentillesse des gens que j’ai croisés.
Beaucoup de gens qui m’étaient parfaitement étrangers m’ont aidé.
Inversement, j’ai pris un immense plaisir à me retrouver seul à naviguer dans des endroits reculés.
J’ai navigué parfois près de 10 heures sans voir un autre bateau.
C’est quelque chose de rare dans notre monde frénétique et bruyant.
C’était une expérience merveilleuse », se souvient encore Ken pour qui la satisfaction suprême de cette aventure reste la somme qu’il a réussi à lever pour la lutte contre le cancer, qui a notamment provoqué le décès de son père lorsqu’il avait 24 ans et touché ensuite de nombreux membres de sa famille.
Après 4 ans de navigation autour des Iles, Ken Fowler est prêt pour un repos bien mérité, qu’il compte bien passer à terre, auprès de sa femme qui l’a beaucoup soutenu pendant son aventure. | COLLECTION KEN FOWLER
Maintenant que c’est terminé, j’ai mal partout !
Fier du montant récolté
« Cela a été le moteur de mon aventure. Je n’aurai jamais eu l’idée d’aller faire le tour des îles d’Angleterre et du Pays de Galles si cela n’avait pas servi cette cause.
Faire ce que personne n’avait fait avant moi m’a donné de l’exposition et permis de récolter de l’argent au-delà de ce que j’espérais », commente celui qui vient de clore son aventure épuisé, après un long tour de l’île de Wight.
« Maintenant que c’est terminé, j’ai mal partout ! Mais je suis fier du montant que j’ai réussi à constituer.
C’est bien supérieur à la satisfaction que cette navigation autour des îles a pu m’apporter.
Et maintenant ? « Mon seul projet est de me reposer auprès de ma femme » assure Ken Fowler. Un repos bien mérité !