Publié le 03-06-2017 BMC Public Health
De nombreuses femmes se mettent à l’exercice physique pour perdre du poids, et si le poids ne suit pas, elles ressentent cet effort comme un échec et cessent de faire de l’exercice. Quelques mois plus tard, ces femmes vont recommencer pour aboutir à nouveau à l’échec. C’est le début d’un cycle vicieux de démotivation à court terme puis à long terme, expliquent ces chercheurs de l’Université du Michigan. Leur étude analyse dans la revue BMC Public Health ce que devrait être une expérience de l’exercice réussie et comment les attentes et les croyances sur l’exercice peuvent favoriser sa pratique au point de l’intégrer dans une routine au quotidien.
Faire de l’exercice n’est pas une « punition » : mieux comprendre ce qui décourage ou motive les femmes à pratiquer pourrait faire la différence et permettre d’intégrer avec succès l’activité physique dans la routine quotidienne. S’amuser apparaît ici comme la principale incitation à poursuivre chez les femmes, concluent ces chercheurs qui ont mené 8 groupes de discussion de femmes de toutes ethnies, âgées de 22 à 49 ans, considérées comme « très actives », « peu actives » ou sédentaires. Alors que les conditions du succès et du « bonheur » semblent valoir quel que soit le niveau d’activité, les femmes les plus sédentaires restent caractérisées par un écart entre leurs croyances et les effets réels de l’exercice.
Actives ou sédentaires, les femmes partagent les mêmes facteurs de bien-être et de bonheur : les auteurs révèlent les principaux ingrédients de ce bien-être : la connexion avec les autres, le sentiment de détente, et l’absence de stress durant les temps de loisirs. Avoir des objectifs aussi, et quelle que soit l’activité, professionnelle, sportive ou dans ses loisirs.
Les femmes inactives se heurtent à des freins spécifiques : leurs croyances et leurs attentes en matière d’exercice sont tels qu’elles ne peuvent se sentir « heureuses » pendant la pratique de l’exercice.
-Première croyance erronée : l’exercice doit être intense pour être efficace, ce qui est contradictoire avec la notion et l’aspiration de détente pendant les loisirs.
-Ces femmes sont trop impatientes d’en voir les effets sur leur santé ou sur la perte de poids, alors qu’en même temps et comme les autres femmes, elles recherchent une absence de pression pendant leur temps libre.
-Chez ces femmes aussi, le sentiment de succès dépend de la réalisation des objectifs, mais leurs attentes sont telles que les objectifs ne peuvent être atteints.
Bref, l’exercice doit être adapté, progressif, les objectifs à portée, ses effets non surfaits.
Croyances et réalités, des conflits à surmonter : les femmes trop sédentaires ont des espoirs disproportionnés par rapport à la réalité des effets progressifs de l’exercice, expliquent les auteurs. En quelque sorte, elles mettent la barre trop haut, avec une pratique trop directement intense, l’espoir de résultats flagrants sur la santé à trop court terme, et des objectifs difficilement tenables. A ces croyances erronées sur les effets de l’exercice s’ajoutent les expériences négatives passées. Autant de freins à une pratique adaptée qui permet une vie physiquement active sur le long terme.
Un message trop « ambitieux » ne fonctionne que pour une petite minorité de la population. Il ne parvient pas à augmenter l’activité physique à l’échelle de la population. Bref, pour ces femmes peu actives « de nature », les auteurs remettent même en cause le libellé de la recommandation traditionnelle qui consiste à pratiquer l’exercice pendant au moins 30 minutes chaque jour, et de manière intensive pour perdre du poids. Ils préfèrent mettre en avant les nouvelles données qui accordent déjà de grands bénéfices à une activité d’intensité plus faible sur des durées plus courtes. Un message d’encouragement à la pratique trop fréquente ou intense de l’exercice entre en conflit avec les expériences et les objectifs de la plupart des femmes…Seule une minorité de femmes parmi les plus actives s’en accommodent : elles savent ne pas culpabiliser et estimer que ce n’est pas « la fin du monde » lorsqu’elles ont un contretemps et doivent sauter une séance d’exercice. Elles font de l’exercice plus d’une « priorité moyenne », exempte de toute pression, ont des sentiments plus positifs et plus indulgents sur la pratique et les effets de l’exercice.
Des implications pour mieux intégrer l’exercice dans la routine du quotidien : il s’agit d’expliquer à ces femmes que l’exercice revigore au lieu d’épuiser, et que tout mouvement est meilleur que rien du tout. L’exercice doit avant tout être un plaisir qui procure du bien-être et non une obligation ou une punition qui entraine une pression.
Source: BMC Public Health 18 May 2017 DOI: 10.1186/s12889-017-4361-1 Rethinking physical activity communication: using focus groups to understand women’s goals, values, and beliefs to improve public health
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