Actualités – publiée le 6/10/2019 par Équipe de rédaction Santélog
Development
Cette équipe de biologistes de l’évolution, dirigée par le Dr Rui Diogo de l’Université Howard (États-Unis) révèle, dans la revue Development, que de nombreux muscles ataviques des membres, connus pour être présents chez de nombreux animaux mais généralement absents chez l’homme adulte et jusque-là difficilement identifiables. Ces muscles sont en réalité formés au début du développement humain puis perdus avant la naissance. Ces « vestiges » de l’évolution auraient définitivement disparu de nos ancêtres adultes il y a plus de 250 millions d’années…
Ainsi, tant dans la main que dans le pied, des 30 muscles formés à environ 7 semaines de grossesse, seuls les deux tiers seront toujours là après 13 semaines de grossesse. Cette diminution spectaculaire s’oppose au mythe selon lequel notre évolution et notre développement prénatal ont tendance à devenir plus complexes, avec une formation continuelle de structures anatomiques telles que les muscles. En réalité, au cours de notre développement, notre système musculaire aurait tendance à « se simplifier ».
Ensuite, ces découvertes nous apportent de nouvelles informations sur la façon dont nos bras et nos jambes ont évolué depuis nos ancêtres et sur ces muscles ataviques qu’on retrouve parfois sous forme de variations rares dans la population humaine ou sous forme d’anomalies congénitales.
Ces muscles témoins de notre évolution se développent et « se défont » avant la naissance
Un mythe ? Des scientifiques ont déjà documenté de telles structures « atavistiques » perdues dans l’évolution mais pouvant pouvant être présentes dans les embryons ou réapparaître chez l’adulte sous forme de variations ou d’anomalies. S’il en existe de multiples exemples chez les animaux, la présence de muscles ou d’os ataviques dans les embryons humains était difficilement reconnaissable. Mais le développement de nouvelles technologies en imagerie 3D de haute qualité d’embryons et de fœtus humains permet aujourd’hui une analyse détaillée du développement des muscles des bras et des jambes chez l’Homme.
Une réalité démontrée par l’imagerie 3D ! La résolution sans précédent offerte par les images 3D révèle la présence transitoire de plusieurs de ces muscles ataviques.
Le Dr Diogo commente ces découvertes : « Auparavant, nous comprenions mieux le développement précoce des poissons, des grenouilles, du poulet et des souris que celui de notre propre espèce, mais ces nouvelles techniques nous permettent de voir le développement humain avec infiniment plus de détails. Ce qui est fascinant, c’est que nous pouvons aujourd’hui observer différents muscles qui n’avaient jamais été décrits jusque-là au cours du développement prénatal ».
Certains de ces muscles ataviques sont observés même chez des fœtus âgés de 11,5 semaines, ce qui est particulièrement tardif pour les atavismes du développement. C’est le cas de ces muscles dorso-métacarpiens (voir visuel ci-contre) qui disparaissent normalement ou sont fusionnés avec d’autres muscles avant la naissance.
Ces muscles ataviques se retrouvent rarement chez l’adulte : dans quelques rares cas, on les « retrouve » néanmoins sous forme de variations anatomiques sans effet notable pour l’individu en bonne santé, ou sous forme de malformations congénitales. Ces anomalies peuvent être liées à un développement embryonnaire retardé ou arrêté, ou encore à un retard ou une diminution de l’apoptose musculaire.
Quoiqu’il en soit, ces muscles sont des témoins fascinants de notre évolution aujourd’hui décelables avec les dernières techniques d’imagerie.
Source: Development 1 October 2019 doi: 10.1242/dev.180349 Development of human limb muscles based on whole-mount immunostaining and the links between ontogeny and evolution (Visuel Rui Diogo, Natalia Siomava et Yorick Gitton)