Actualités   –   publiée le 30/07/2018 par Équipe de rédaction Santélog

Molecular Psychiatry

Les chercheurs identifient une base génétique partagée entre l'agressivité, le trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité (TDAH), l'agressivité et enfin, la dépression majeure.

Cette étude doublement pangénomique, menée à l’Université de Barcelone, identifie 40 gènes liés au comportement agressif chez l’homme et la souris. Si les origines du comportement violent sont multifactorielles et répondent à l’interaction de plusieurs facteurs, biologiques, culturels, sociaux, ces travaux internationaux, présentés dans la revue revue Molecular Psychiatry, en identifiant 40 gènes impliqués dans l’agressivité, désignent de futures cibles pharmacologiques possibles pour lutter contre ces troubles du comportement social.

Les chercheurs de la Faculté de Biologie et de l’Institut de Biomédecine de l’Université de Barcelone et d’autres institut de recherche espagnols, en collaboration avec des experts de l’Université d’État de New York apportent un nouvel éclairage, plus complet sur la base génétique de l’agressivité et les différentes voies impliquées dans les comportements violents.

Les scientifiques rappellent que le comportement agressif est présent tout au long de l’évolution biologique. C’est en effet un outil de survie des différentes espèces. Mais jusqu’à ces travaux, l’impact des facteurs environnementaux combinés aux facteurs génétiques et leurs interactions possibles induisant ce type de comportement n’avaient jamais été étudiés. Ici, les chercheurs combinent les données de plusieurs études d’association pangénomique (GWAS) pour identifier les variantes génétiques de risque communes à la population générale, et, chez les modèles murins, les chercheurs identifient des gènes exprimés différemment chez des animaux agressifs et non agressifs.

Les humains et les souris partagent une base génétique commune concernant le comportement violent, notent d’abord les auteurs. Une quarantaine de gènes chez l’homme et la souris favorisent ainsi des comportements agressifs et participent aux processus biologiques liés à leur développement. « Si l’un de ces gènes centraux est modifié, cela peut affecter l’expression d’autres gènes et conduire au phénotype agressif. Par exemple,

  • le gène RBFOX1, identifié dans cette nouvelle étude et qui avait déjà été documenté par la même équipe régule l’expression de 15 des 40 gènes identifiés.
  • Un autre gène, MAOA, qui code une enzyme de la neurotransmission sérotoninergique, s’avère lié à des médicaments utilisés pour traiter plusieurs pathologies psychiatriques (ISRS).

Une base génétique commune entre agressivité et TDAH

Une autre conclusion de ces travaux est cette base génétique partagée entre l’agressivité chez les enfants et les adultes, et le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH), l’agressivité chez les adultes, et enfin, la dépression majeure. Curieusement, il n’y a pas de corrélation génétique avec d’autres troubles psychiatriques (dont la schizophrénie, le trouble bipolaire, l’autisme ou le syndrome de stress post-traumatique) qui ne semblent donc pas partager de facteurs génétiques de risque avec l’agressivité.

Mieux comprendre les mécanismes moléculaires sous-jacents à l’agressivité permet aussi d’envisager de nouvelles cibles thérapeutiques, précisément pour le traitement des troubles qui partagent certains de ces gènes de risque. Plus largement, les chercheurs, dans leur communiqué, gardent l’espoir de pouvoir un jour prévenir la violence dans le monde : « Dans ce scénario mondial, face à un problème qui touche toutes les couches de la société, la recherche scientifique doit jouer un rôle clé dans la connaissance des comportements antisociaux et dans l’amélioration de la prévention des épisodes de violence et d’agressivité dans notre société du XXIe siècle ».

Source: Molecular Psychiatry 01 June 2018 An integrated analysis of genes and functional pathways for aggression in human and rodent models

Plus sur l’Agressivité, sur Neuro Blog