Publié le 22/06/2018
L’évaluation de la douleur chez les personnes âgées atteintes de démence est un exercice délicat mais néanmoins incontournable. Des outils d’appréciation de la douleur sont à la disposition des équipes soignantes afin de pallier le risque de sous-estimation du phénomène douloureux.
Les auteurs d’une récente étude norvégienne soulignent que les échelles d’évaluation de la douleur sont peu utilisées en pratique clinique et ont réalisé une étude de cohorte, randomisée, en simple aveugle au sein de 16 maisons de retraite norvégiennes accueillant des personnes âgées atteintes de démence.
Leur but était de déterminer si le recours aux échelles d’évaluation de la douleur et l’évaluation régulière de la douleur permettraient de diminuer les scores de douleur et, éventuellement, d’augmenter le recours aux antalgiques.
Les établissements se prêtant à l’étude n’utilisaient pas d’échelle d’évaluation de la douleur de façon routinière auprès des résidents et les infirmières impliquées dans cette expérience avaient toutes une expérience professionnelle de plus de 6 mois auprès des personnes âgées.
Les résidents inclus dans ce travail étaient tous atteints de démence, âgés de 65 ans et plus. Ils étaient incapables d’évaluer eux-mêmes leur douleur ou étaient non communicants.
La cohorte était composée à 69,9 % de femmes et l’âge moyen des résidents était de 83,6 ans.
Au total, 112 patients ont été randomisés en deux groupes : le groupe contrôle (n : 62) et le groupe expérimental (n : 50).
Des cotations répétées sur des échelles de douleur ne changent rien…
La prise en charge des patients du groupe contrôle ne différait pas des schémas habituels alors que dans le groupe expérimental, les infirmières procédaient à l’évaluation de la douleur des personnes âgées deux fois par semaine (mardi et jeudi) à l’aide de l’échelle d’hétéro-évaluation de la douleur Doloplus (0 à 30 ; > 5 : douleur).
Au final, les auteurs concluent qu’aucune différence significative n’a émergé entre les deux groupes et aucune corrélation n’a pu être mise à jour entre la répétition de l’évaluation de la douleur et les scores de douleur ainsi que le recours aux antalgiques.
Néanmoins, les auteurs rapportent un score moyen de douleur à 8 sur l’échelle Doloplus et soulignent la prescription encore insuffisante d’antalgiques chez les personnes atteintes de démence avec un manque de diversification des traitements antalgiques proposés (l’utilisation du paracétamol étant majoritaire au détriment des anti-inflammatoires et opioïdes).
Cette étude, bien que les résultats n’en soient pas significatifs d’un point de vue statistique, pose la question du dépistage de la douleur chez les plus fragiles de nos aînés et pointe les insuffisances qui perdurent aujourd’hui encore dans la prise en charge de ces patients vulnérables qui nécessitent une expertise certaine.
Maxime Sassalle
RÉFÉRENCE
Rostad HM et coll. The impact of a pain assessment intervention on pain score and analgesic use in older nursing home residents with severe dementia: A cluster randomised controlled trial. International Journal of Nursing Studies 84 (2018) 52-60.
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