https://www.jim.fr/e-docs/00/02/AA/CA/carac_photo_1.jpg Publié le 20/11/2018

Washington, le mardi 20 novembre 2018 – Aux États-Unis, de plus en plus d’enfants conçus grâce à un don de gamètes anonyme révèlent avoir réussi à retrouver l’identité de leur géniteur grâce aux sites de généalogie génétique, de plus en plus populaires outre-Atlantique.

En France, la révision prochaine des lois de bioéthique a relancé le débat sur l’anonymat des donneurs de gamètes, principe inscrit dans la loi depuis 1994. Mais aux États-Unis, la levée de l’anonymat n’aura sans doute pas besoin d’un débat parlementaire, le principe étant grandement mis à mal par l’essor de la généalogie génétique. Ces dernières années en effet, de nombreux Américains ont fait tester leur ADN pour s’inscrire sur des sites de généalogie génétique et connaitre leurs origines. Les quatre principaux sites de généalogie génétique (Ancestry, 23andMe, FamillyTreeDNA, MyHeritage) regroupent plusieurs millions de personnes.

Résultat : la quasi-intégralité de la population américaine aurait désormais au minimum un cousin au troisième degré dont l’ADN serait fiché sur un de ces sites et pourrait donc être retrouvée. Munie de quelques informations basiques, une personne conçue grâce à un don de gamètes peut donc identifier son géniteur. C’est ce qu’a réussi à faire Ryan Kramer en 2005, à l’époque où naissaient les premiers sites de généalogie génétique. Grâce à un de ces portails, il a pu retrouver deux cousins. A l’aide de leur nom de famille et de la date de naissance du donneur, seule information divulguée par la banque de sperme, il a pu repérer son père génétique sur les registres d’état civil. Il est désormais en contact régulier avec lui.

Dangereux pour le nombre de dons ?

Depuis, Ryan Kramer a continué ses recherches et a découvert qu’il avait seize demi-frères et sœurs, les États-Unis ne limitant pas le nombre d’enfants par donneur. Si Kramer est sans doute l’une des premières personnes à avoir identifié son père génétique grâce à un site de généalogie génétique, le phénomène a depuis pris de l’ampleur. Le site Donor Sibling Registry, qui met en relations enfants et donneurs, compte ainsi 60 000 membres. Si ces « retrouvailles » sont peut-être souhaitées par certains enfants, on peut craindre que cette disparition de facto de l’anonymat ne fasse baisser le nombre de dons, comme cela est arrivé au Royaume-Uni lorsque ce principe a été abandonné en 2005.

En France, les sites de généalogie génétique sont interdits, mais rien n’empêche un Français de s’inscrire sur un site américain et de faire tester son ADN. Et en théorie, il suffirait de quelques centaines de milliers d’inscrits pour que des enfants issus de don de gamètes puissent découvrir leurs parents biologiques.

Quentin Haroche

Copyright © http://www.jim.fr

60% des Américains identifiables grâce à la généalogie génétique

Quand la généalogie génétique aide la police mais soulève des questions éthiques