Potentiellement, le sport peut devenir une "addiction sans substance".https://img2.science-et-vie.com/var/scienceetvie/storage/images/6/7/67975/preheader-logo-2018.png © bozdoz/Flickr/CC-BY-2.0 Par Adeline ColonatLe 28 mars 2018

L’activité physique est effectivement considérée comme une source potentielle d’addiction. En cause : le plaisir qu’elle procure, notamment en raison des endorphines. Voici comment rester vigilants!

Cela commence par un dîner que l’on annule pour aller à la gym. Puis par une réunion à laquelle on arrive en retard pour finir sa troisième séance de footing hebdomadaire. Peu à peu, sans crier gare, le sport empiète sur le reste : famille, amis, travail passent au second plan.

Courir le matin ou soulever de la fonte le soir n’est plus un plaisir, c’est un besoin. Un besoin viscéral auquel on succombe au moins une fois par jour. Et puis, on se blesse. On est alors bien obligé de lever le pied. Au bout de 24 à 36 heures d’inactivité, on se sent nerveux, anxieux, frustré. La nuit, on dort mal. Le jour, on peine à se concentrer. Bref, on est en manque !

Un manque bien réel puisque les scientifiques n’hésitent plus à classer le sport parmi les sources d’addictions potentielles. Une addiction « sans substance », comme celle dont souffrent les accros aux jeux d’argent.

L’abus de sport comporte des risques

De fait, l’exercice physique a des effets si bénéfiques sur la santé mentale et physique que la dépendance au sport fut longtemps qualifiée « d’addiction positive », par opposition à l’addiction à la drogue ou à l’alcool. Pourtant, comme toutes les bonnes choses, il ne faut pas en abuser. Outre l’épuisement et le risque accru de blessure, c’est l’isolement voire la dépression qui guettent les accros.

Il n’existe pas de statistiques officielles, mais un rapport de l’Inserm publié en 2008 estimait que 4 % de la population générale sportive serait concernée. Une étude menée en France en 2015 sur 230 personnes appartenant à des associations sportives avance le chiffre de 18 %.

Les raisons biologiques de cette dépendance sont encore floues. La plupart des études pointent du doigt les endorphines, ces opiacés naturels que le corps fabrique en réponse à un exercice musculaire intense, et qui seraient à l’origine de cet état euphorique appelé l’ivresse du coureur. Comme, au fil des entraînements, le corps s’y habitue, le sportif doit augmenter sa « dose » pour ressentir les mêmes effets. Autrement dit, courir plus vite et plus longtemps.

Une « échelle de dépendance »

Mais les endorphines n’expliquent pas tout. D’autres facteurs interviennent probablement, en particulier des facteurs psychologiques. C’est surtout aux effets bénéfiques du sport que l’on deviendrait accro : en plus d’améliorer la silhouette, il permet de s’isoler d’un quotidien anxiogène, de remplir un vide affectif, de se prouver qu’on est capable de se dépasser…

Reste une question : comment faire la différence entre une passion et une réelle dépendance ? A quel stade devient-on accro ? Difficile à dire. Les psychologues ont mis en place une « échelle de dépendance à l’exercice physique », un questionnaire permettant d’établir un premier diagnostic.

Exemples : la personne fait-elle du sport au moins une fois par jour ? L’intensité et la durée des séances sont-elles croissantes au fil de l’année ? Ressent-elle des symptômes de sevrage en cas d’immobilisation forcée, mais ceux-ci disparaissent-ils avec la reprise de l’activité ? Continue-t-elle à faire du sport malgré une blessure, au risque de l’aggraver ?

Éviter de s’entraîner seul

A noter que le risque de dépendance est plus élevé avec les sports individuels dits endorphinogènes, comme l’endurance (marathon, triathlon, cyclismenatation…) ou la musculation. Quelques règles simples permettent de ne pas tomber dans le piège : pratiquer dans un club plutôt que seul, écouter les signaux de fatigue qu’envoie son corps, essayer la relaxation et, surtout, veiller à garder un équilibre entre sa discipline et les autres activités.

D’après Science & Vie QR n°24 « Le sport et la santé » – Feuilleter / Acheter

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