https://www.jim.fr/e-docs/00/02/A4/A8/carac_photo_1.jpg Publié le 17/08/2018

L’espérance de vie dans les pays développés a connu une augmentation considérable au cours des 60 dernières années (+ 14 ans en France en moyenne), avec toutefois la persistance d’une inégalité homme/femme. De récents travaux indiquent que cette progression semble marquer le pas aux États-Unis. Une baisse de l’espérance de vie y a été relevée en décembre 2017, pour la deuxième année consécutive. Entre 2014 et 2016, l’espérance de vie aux États-Unis s’est réduite de 0,3 ans. Ce déclin est plus prononcé chez les hommes, avec 0,2 ans d’espérance de vie en moins pour chacune de ces années, alors que pour les femmes la réduction était de 0,2 ans entre 2014 et 2015 et pas de changement significatif pour 2015-2016.  Ces résultats placent les États-Unis comme pays à revenus élevés à la plus faible espérance de vie et cela ne manque pas de susciter des interrogations.

Diminution de l’espérance de vie dans 12 pays de l’OCDE

Pour en savoir un peu plus, une équipe états-unienne a réalisé une comparaison des données démographiques de 18 pays de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économiques), dont la France, en incluant des pays ayant atteint un développement économique élevé comparable au cours des dernières décennies et connu une transition elle aussi comparable dans l’espérance de vie.

Les résultats ne manquent pas d’intérêt, puisqu’il apparaît qu’au cours de la période 2014-2015, il s’est produit une réduction de l’espérance de vie significative dans la majorité des pays considérés (12 sur 18). C’est la première fois dans les années récentes qu’une telle tendance est constatée dans autant de pays simultanément, chez les hommes et les femmes. Cette réduction, de 0,2 ans en moyenne à la naissance pour les hommes et pour les femmes (-0,3 ans en France), est le double de ce qui a pu être constaté certaines années chez les femmes et supérieure de 70 % à ce qui a été noté chez les hommes. Notons au passage que l’espérance de vie pendant cette période a augmenté en Finlande, Norvège, Japon, Danemark, Canada et Portugal.

La mortalité des plus de 65 ans « tire » les statistiques à la baisse

La question se pose alors des raisons de cette réduction de l’espérance de vie. Selon les données de cette étude, et assez logiquement, dans la majorité des pays, c’est la mortalité des plus de 65 ans qui « tire » les statistiques à la baisse. Les causes de décès sont en revanche hétérogènes, mais globalement prédominent les décès liés aux pathologies respiratoires (grippe H3N2 cette année-là), cardiovasculaires, pathologies du système nerveux (particulièrement la maladie d’Alzheimer) et troubles mentaux. En revanche, aux États-Unis, le déclin est plus prononcé chez les moins de 65 ans et les décès par overdoses ou autres causes de décès « externes », joueraient un rôle important dans la réduction constatée de l’espérance de vie.

Restons optimistes

Pour finir sur une note optimiste, la plupart des pays qui avaient connu une baisse de l’espérance de vie à la naissance en 2014-2015 ont à nouveau inversé la tendance l’année suivante avec un gain faisant plus que compenser la perte de l’année précédente. Sauf aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, où une stagnation pour les femmes et une nouvelle baisse pour les hommes sont constatées cette année-là.
En France, l’espérance de vie à la naissance est de 85,50 ans pour les femmes (+ 0,82 ans entre 2010 et 2016), plaçant la France en 3ème position derrière le Japon et l’Espagne et de 79,50 ans pour les hommes (+ 1,47 ans entre 2010 et 2016), qui semblent petit à petit rattraper le retard accumulé par rapport aux femmes.

Dr Roseline Péluchon

RÉFÉRENCES

Ho JY et coll. : Recent trends in life expectancy across high income countries: retrospective observational study
BMJ 2018;362:k2562

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