Actualités – publiée le 20/01/2020 par Équipe de rédaction Santélog
The Journal of Neuroscience
Les patients épileptiques signalent souvent des problèmes de mémoire, en particulier juste après les crises. Cette étude d’une équipe du Centre médical Cedars-Sinai (Los Angeles) confirme et décrypte pour la première fois, dans l’épilepsie, un lien entre l’hyperactivité cérébrale, les crises et la mémoire.
Les résultats présentés dans le Journal of Neuroscience, pourraient conduire à de meilleurs traitements pour prévenir ces troubles cognitifs chez les patients épileptiques.
L’épilepsie est un trouble neurologique caractérisé par une activité cérébrale anormale qui peut provoquer des crises, et qui touche environ 1% de la population.
Les pertes de mémoire sont liées à la sévérité et la temporalité des crises
L’expérience chez 11 patients épileptiques : l’étude est donc la première à étudier le mécanisme réel de la déficience cognitive transitoire dans l’épilepsie explique l’auteur principal, le Dr Ueli Rutishauser, professeur agrégé au Département de neurochirurgie.
Les chercheurs ont étudié l’activité électrique dans l’hippocampe, une zone du cerveau clé pour la mémoire, à partir d’électrodes implantées dans le cerveau de 11 patients épileptiques adultes. L’équipe a enregistré l’activité de cellules individuelles dans l’hippocampe lors d’une tâche de reconnaissance.
Les patients ont d’abord visionné 100 nouvelles images. Puis, plus tard, à nouveau 50 de ces images mélangées avec d’autres nouvelles images. Après chaque image, les chercheurs demandaient au patient s’il avait déjà vu l’image et s’il était sûr de sa réponse.
Perturbations électriques et perturbations cognitives : la recherche confirme en effet que des impulsions électriques anormales provenant de cellules cérébrales spécifiques chez ces patients sont associées à une sorte de perturbation temporaire de la mémoire appelée déficience cognitive transitoire : en décryptant le processus sous-jacent à cette relation entre crises et pertes de mémoire transitoires, fréquentes chez les patients épileptiques, ces travaux confirment qu’une partie des neurones est significativement modulée par les décharges épileptiformes avec des niveaux de modulation plus élevés dans le lobe médio-temporal et en particulier l’hippocampe.
- Sur le plan du comportement, l’étude montre que la survenue de décharges hippocampiques s’accompagne d’une interruption de la reconnaissance des images familières uniquement si elles se sont produites jusqu’à 2 secondes avant le début du stimulus (le visionnage de l’image) ;
- en revanche, les décharges n’impactent pas l’encodage des données ou à la reconnaissance de nouvelles images, ce qui indique une spécificité temporelle et de tâche des effets des crises ;
- le niveau de modulation des neurones individuels par une décharge « épileptique » est directement corrélé avec la qualité (auto-déclarée) du rappel de mémoire, plus la crise étant sévère et plus faible étant la confiance du patient en la précision de son souvenir.
L’étude révèle ainsi un mécanisme par lequel les crises perturbent les processus de rappel de mémoire : les impulsions électriques anormales dans le cerveau, appelées décharges épileptiformes interictales (DEI), modifient temporairement les tirs de cellules individuelles dans l’hippocampe. Ce changement dans l’activité des cellules perturbe la capacité des patients à se rappeler s’ils ont déjà vu une image.
Ainsi, au cours de la tâche, la sévérité de la perturbation de la mémoire est liée exactement au moment où une décharge s’est produite, la déficience la plus grave étant causée par des décharges intervenues dans les 2 secondes suivant la tentative du patient de se rappeler une image.
Source: The Journal of Neuroscience 21 November 2019 DOI: 10.1523/JNEUROSCI.1380-19.2019 Extent of single-neuron activity modulation by hippocampal interictal discharges predicts declarative memory disruption in humans
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