Actualités – publiée le 9/01/2019 par Équipe de rédaction Santélog
IET Computer Vision
Cette équipe de l’Université d’État de Géorgie montre qu’il est possible de détecter, de manière très précoce la forme d’épilepsie la plus répandue chez les enfants grâce à une technique « d’apprentissage en profondeur », un outil basé sur l’intelligence artificielle.
L’épilepsie partielle infantile bénigne à pointes centro-temporales (EIBPR) est l’une des formes d’épilepsie les plus fréquentes représentant 15 à 25% des syndromes d’épilepsie pédiatriques. L’EIBPR touche principalement les enfants âgés de 4 à 13 ans. La plupart de ces jeunes patients voient leur épilepsie se « résorber » par elle-même à l’adolescence, cependant, durant l’enfance, la maladie peut entraîner un dysfonctionnement verbal, un déficit de l’attention et une altération du langage. C’est en fait le cas chez 18 à 25% des patients.
De précédentes études ont montré que le traitement médicamenteux pouvait améliorer les compétences linguistiques et normaliser ces pointes centro-temporales aux tests d’électroencéphalographe (EEG). D’autres études ont montré que l’imagerie par résonance magnétique (IRM) et l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) sont prometteuses pour différencier les patients avec EIBPR des patients en bonne santé, mais ces techniques d’imagerie reposent principalement sur les connaissances et les capacités de diagnostic du médecin. De plus leur précision n’est pas satisfaisante. Peu d’études se sont concentrées sur le développement de méthodes d’apprentissage automatique capables de détecter l’EIBPR.
Ces travaux décrivent une nouvelle méthode de détection « intelligente » basée sur la combinaison de 3 types différents de données d’imagerie cérébrale, soit au total, 51 caractéristiques cérébrales associées à la maladie obtenues via IRM et IRMf. Les chercheurs analysent ces données d’imagerie via 3 méthodes d’apprentissage automatique différentes puis combinent les données obtenues pour déterminer si un patient est atteint d’EIBPR. Ils suggèrent que cette combinaison de données provenant de plusieurs perspectives et techniques d’imagerie améliore considérablement le diagnostic de cette forme d’épilepsie courante chez les enfants.
La preuve est ici apportée via l’application de la technologie sur les données provenant de l’hôpital West China (Chengdu – Chine) de 40 jeunes patients déjà diagnostiqués avec EIBRP et 40 témoins appariés. L’algorithme confirme sa capacité à détecter cette forme d’épilepsie bénigne avec pics centro-temporaux.
Bien évidemment, cette possibilité de détection précoce permet un traitement précoce et donc une meilleure santé et une meilleure qualité de vie pour ces enfants.
Source: IET Computer Vision Nov, 2018 Multi-view Learning for Benign Epilepsy with CentroTemporal Spikes
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Épilepsie focale de l’enfance, il y a des arguments pour une chirurgie précoce
Publié le 08/01/2019
Les épilepsies focales idiopathiques débutent volontiers précocement dès l’enfance. L’épilepsie temporale en est l’illustration la plus représentative et quand elle résiste à la pharmacothérapie, l’indication chirurgicale peut être envisagée, non sans précaution ni bilan préopératoire soigneux. Dès lors que le foyer épileptogène est localisé avec précision, une chirurgie stéréotaxique offre la chance de venir à bout de ces formes pharmacorésistantes qui mettent en jeu la qualité de vie et exposent potentiellement à un handicap psychologique et socioprofessionnel plus ou moins sévère. Quel est le meilleur moment pour intervenir ? Faut-il opérer avant l’âge adulte ?
Les interventions réalisées pendant l’adolescence permettent-elles d’améliorer le pronostic et d’éviter certaines complications postopératoires notamment les plus sévères? Quels sont les facteurs de risque associés à ces dernières ? C’est à ces questions que répond une étude de cohorte prospective dans lequel ont été inclus 1 282 patients atteints d’une épilepsie focale datant de l’enfance et traitée, dans tous les cas, par chirurgie stéréotaxique, du fait de sa résistance à la pharmacothérapie. Deux groupes ont été constitués selon l’âge auquel l’intervention a été pratiquée : (1) < 16 ans (n = 452) ; (2) ≥16 ans (n = 830). Les complications postopératoires sévères ou majeures suivantes ont été systématiquement prises en compte : ré-intervention, déficit neurologique permanent ou encore décès. Leur fréquence a été évaluée dans les deux groupes précédemment définis et les facteurs de risque associés ont été déterminés.
Complications sévères un peu plus fréquentes pour les interventions à l’âge adulte
Au cours d’un suivi d’une durée médiane de 98 mois, dans leur majorité (74,5 %), les patients étaient indemnes de toute crise d’épilepsie invalidante (classe I de la classification d’Engel). Dans le groupe 1, c’est-à-dire en cas d’intervention pratiquée dans l’enfance ou l’adolescence, la proportion correspondante a été de 78 %, versus 73 % dans le groupe 2. Une complication postopératoire sévère ou majeure est survenue chez cent patients (7,8 %), dont 6,4 % dans le groupe 1 et 8,6 % dans le groupe 2. Les hémorragies intracérébrales ont été plus fréquentes à l’âge adulte. Une analyse multivariée a permis de mettre en évidence plusieurs facteurs de risque indépendants: âge avancé, intervention à cheval sur plusieurs lobes, résections portant sur les régions rolandiques/périrolandiques ou encore insulo-operculaires.
Cette étude de cohorte prospective confirme les bons résultats de la chirurgie stéréotaxique dans l’épilepsie focale dont le début remonte à l’enfance. Ses complications postopératoires restent peu fréquentes, quel que soit l’âge au moment de l’intervention mais il semble néanmoins que les plus sévères d’entre elles surviennent un peu plus souvent à l’âge adulte. Faut-il pour autant préconiser la chirurgie le plus tôt possible dès lors que l’épilepsie focale notamment temporale devient trop symptomatique ou a fortiori pharmacorésistante ? La question mérite d’être posée, mais les résultats de cette étude plaident en faveur d’une évaluation préopératoire précoce, sans pour autant permettre de formuler des recommandations fermes et définitives.
Dr Philippe Tellier
RÉFÉRENCE : D’Orio P et coll. : Surgery in patients with childhood-onset epilepsy: analysis of complications and predictive risk factors for a severely complicated course. J Neurol Neurosurg Psychiatry, 2019; 90(1): 84-89.
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Épilepsie focale de cause inconnue : quels sont les facteurs prédictifs d’une rémission prolongée (5 ans) ?