Accueil Course au large tour du monde
Marie Tabarly, la fille d’Éric Tabarly, va partir à la voile autour du monde.
Elle participera à l’Ocean Globe Race en équipage en tant que capitaine du célèbre Pen Duick VI avec lequel son père avait pris le départ de la première Whitbread en 1973.
D’autres voiliers de légende comme l’Esprit d’Équipe participeront à ce tour du monde « à l’ancienne .» Nous avons interrogé Marie.
50 ans après sa participation à la Whitbread 73, le Pen Duick VI d’Éric Tabarly, skippé par sa fille Marie, participera à l’Ocean Globe Race. | LOÏC MADELINE
Nicolas FICHOT. Modifié le 02/07/2021 à 18h10
« Que Marie suive les traces de son père, c’est bien, mais pour l’instant je suis très angoissée.
C’est tout ce que j’ai à dire sur la participation de ma fille à cette course autour du monde » explique Jacqueline Tabarly, la veuve d’Éric, à Voiles et Voiliers.
C’est dit, n’en parlons plus et respectons le souhait d’une mère qui n’aime pas parler de tout cela et encore moins de cette participation de sa fille à l’Ocean Globe Race.
Marie Tabarly, dans les traces de son père Éric, va emmener Pen Duick VI autour du monde. | BERNARD GERGAUD
Pen Duick VI va avoir 50 ans cette année
Une participation que l’enfant unique du couple Tabarly a officialisée mardi 29 juin sur les pontons des Sables-d’Olonne en présence de l’organisateur de cette course, Don McIntyre.
« Pen Duick VI va avoir 50 ans cette année. J’avais un programme autour du monde avec mon projet Elemen’Terre qui a été annulé par le Covid.
La préparation de cette course était l’occasion de rebondir sur un nouveau projet. Et il est beau aussi, ce projet » explique-t-elle à Voiles et Voiliers.
On y va pour gagner, pas pour se balader !
Marie Tabarly à la présentation de la course aux Sables-d’Olonne. | CATHY MILLIEN
« Faire cette course est une expérience fabuleuse, dit-elle encore.
C’est d’autant plus fabuleux que Pen Duick VI va repartir faire le tour du monde en course, avec moi et mon équipage, et avec son âge vénérable. On y va pour gagner, pas pour se balader, croyez-moi ! ».
« Pen Duick VI ne pouvait pas passer à côté d’une course autour du monde comme celle-ci. Nous avons un équipage de 12 personnes, le bateau porte bien son âge et après un refit du gréement, il sera prêt à partir ! » ajoute-t-elle.
Cette course un peu rétro sur les traces de mon père, ça va être fabuleux
« Cette course un peu rétro sur les traces de mon père, ça va être fabuleux.
Avec les moyens techniques de l’époque.
Ça veut dire que, comme lui, on aura des positionnements GPS aléatoires et des fichiers météo assez légers.
Il y aura de l’inconnu, j’aime ça.
C’est voulu par le règlement de cette course et je trouve ça bien ».
Ils seront 12 à bord
« Et ce sera une course en équipage vraiment complet, dit encore Marie Tabarly.
Les autres courses autour du monde, maintenant, se disputent en équipages plus réduits, comme des binômes qui se regroupent ou se croisent. Là, nous serons 12.
Une grosse équipe, donc, avec une vie en groupe et un groupe qu’il faudra que je manage ».
Marie Tabarly n’a pas pour autant l’intention de marcher exactement sur les traces de son père en affaire de capitanat.
« Il avait la réputation, je sais, de laisser faire les autres tant que tout allait bien.
Moi, je n’ai ni son expérience en solitaire ni son bagage technique.
Et mon équipage sera peut-être différent de ceux qu’il réussissait à rassembler ».
Le tracé de ce futur tour du monde pour les 4 classes engagées et dont les villes escales seront bientôt dévoilées. | OCEAN FRONTIERS OGR / PIC SUPPLIERS
« Cela ne fait que deux ans que j’ai pris le capitanat du VI, j’apprends à manager, j’essaye des choses, j’évolue.
Je suis une cavalière, à la base. Cela m’a appris à nourrir une grande compréhension, une empathie, pour tous et tout : les gens, les animaux, les végétaux et les bateaux aussi. Surtout celui-là, celui de mon père ! ».
Le bateau, je l’ai appris avec mon père et ses amis, c’est aussi l’école de l’humilité.
Écouter les éléments, les comprendre pour mieux s’en servir
« J’ai beaucoup navigué, depuis toute petite, surtout des gros bateaux.
J’y ai appris que l’arrogance ne mène à rien, même sur des très gros voiliers.
Le bateau, je l’ai appris avec mon père et ses amis, c’est aussi l’école de l’humilité.
Écouter les éléments, les comprendre pour mieux s’en servir ».
Quand on insiste sur d’éventuelles analogies entre le monde du cheval, qui fut longtemps le sien, à haut niveau, et celui du bateau, Marie Tabarly admet juste que « c’est vrai qu’un cheval, ça se mène avec les fesses, comme on barre un bateau.
C’est vrai aussi qu’un cheval, comme un bateau un peu, il faut l’observer, le toucher, l’écouter, le comprendre bien pour bien aller avec lui ensuite ».
Elle a un autre sens marin et il est riche aussi
Marie Tabarly, alors, future membre des ténors de la course au large ?
« Pourquoi pas, lance Louis Duc qui l’a choisi comme co-skipper pour la prochaine Transat Jacques Vabre sur son nouvel Imoca Lantana Paysage – Votre épargne autour du monde.
C’est la fille d’Éric mais elle a autre chose en elle, elle est improbable mais moi je vous dis : pourquoi pas ! ».
« C’est sûr qu’elle n’a pas le parcours classique – le Mini, le Figaro, le Class40 et on monte encore – mais son expérience de navigation sur des gros voiliers depuis toute petite, c’est surtout cela dont j’avais besoin pour courir en double.
Elle a un autre sens marin et il est riche aussi.
Si ce n’était que la fille d’Éric, elle n’intéresserait que vos journaux spécialisés ».
Lionel Reignier ( 2e en partant de la droite) et une partie de son équipage de l’Esprit d’Équipe. | OCEAN FRONTIERS OGR / PIC SUPPLIERS
« C’est vraiment une merveilleuse nouvelle que Marie Tabarly nous rejoigne pour faire cette course, et encore plus sur le bateau de son père, ce Pen Duick VI de la première Whitbread que nous allons célébrer 50 ans plus tard en essayant d’en conserver l’esprit » explique de son côté à Voiles et Voiliers Don McIntyre, déjà créateur de la Golden Globe Race remportée par Jean-Luc Van den Heede il y a deux ans.
« Sur cette première Whitbread, Éric Tabarly avait démâté deux fois, hélas.
Ce qui lui avait enlevé toute chance de victoire finale.
Et il y avait eu cette polémique sur sa quille en uranium appauvri.
Je trouve ça vraiment merveilleux que l’on essaye d’oublier tous ces malheurs grâce à sa fille qui courra sur le même bateau ».
« Donc je l’avoue sans problème : je suis très fier que des équipages de légende nous rejoignent dans cette aventure et très très fier aussi que la fille de ce marin de légende qu’était Éric Tabarly vienne avec eux.
C’est fantastique pour la course et c’est une femme fantastique, de ce que je connais d’elle maintenant ».
D’autres légendes de la Whitbread
Parmi les autres équipages inscrits sur cette course, Lionel Régnier, préparateur du Matmut, le Rustler 36 avec lequel Jean-Luc Van Den Heede remporta il y a deux ans la Golden Globe Race sera aussi de la partie à bord de L’Esprit d’Équipe, vainqueur de la Whitbread 85-86.
En plus de l’Esprit d’Équipe et de Pen Duick VI, plusieurs gloires de la Whitbread prendront part de la première édition de l’OGR en 2023, notamment le Farr 60 Maiden de Tracy Edwards, le Swan 65 Translated 9 de Marco Trombetti, ex-ADC Accutrac, le Swan 651 norvégien Second Wind, ex-Fazer Finland, et en guest-star Evrika, l’ancien Swan 65 de Nick Wrights, membre des Pink Floyd.
Dominique Dubois, propriétaire du chantier Multiplast, fera lui aussi le tour du monde à bord de son Swan 651 Futuro avec un équipage composé de sa famille et de ses amis.
On verra encore sur cette course le Swan 59 de Jean Le Cam que le héros du Vendée Globe met à disposition de l’équipe Mad Atao-Yes We Cam mené par François Abiven.
Jean Le Cam fera « peut-être une étape à bord, si j’ai le temps j’aimerais bien ».
Arnaud Lizop, équipier de Tabarly sur Pen Duick VI en 1973, courra à bord de son S & S 55 Nakamal contre deux autres Swan 55, le britannique Ariana et le Galiana de Tapio Lehtinen, ex-participant au Vendée Globe.
Marie Tabarly (à gauche) et plusieurs légendes de la course au large internationale sont venus assister à la présentation de ce tour du monde vintage aux Sables-d’Olonne. | B. GERGAUD
Les trois étapes de cette course qui quittera « un port européen » en septembre 2023 se trouveront en Afrique du Sud, en Australie ou en Nouvelle-Zélande et en Amérique du Sud, mais les négociations sont en cours entre des villles candidates et Don McIntyre.
Retour au point de départ en avril 2024.