Revue de presse Mediscoop du 06-05-2021
Par Mme Aude Rambaud (Saint-Germain-en-Laye) [Déclaration de liens d’intérêts] –
Date de publication : 6 mai 2021
En France en 2011, les enfants nés extrêmement prématurément ainsi que ceux nés très et modérément prématurément sont à haut risque de troubles neurodéveloppementaux sévères ou modérés.
Inclure les troubles du comportement, troubles de la coordination, aide scolaire ou encore la préoccupation des parents relative au développement de leur enfant reflète mieux cette réalité par rapport à la prise en compte uniquement des troubles neurodéveloppementaux sévères.
Les résultats de ce travail EPIPAGE-2 sont parus dans le BMJ.
Les enfants nés prématurément rencontrent des difficultés dans différents domaines avec des conséquences sur l’éducation et le comportement.
Pour les enfants présentant des déficiences neurodéveloppementales sévères à l’âge préscolaire incluant la paralysie cérébrale et des déficits sensoriels ou cognitifs, la littérature fournit des données mais pour ceux présentant peu ou pas de troubles neurodéveloppementaux, peu de données sont disponibles.
L’étude EPIPAGE-2 publiée dans le BMJ apporte plus d’informations, déclinant les aspects du développement à prendre en compte pour les atteintes légères.
Elle décrit le développement neurologique à 5 ans chez 4441 enfants nés prématurément à 24-26, 27-31 et 32-34 semaines. Parmi eux, 70% ont été finalement évalués.
Les taux de déficiences neurodéveloppementales sévères à modérées (paralysie cérébrale sévère, cécité, surdité, faible quotient intellectuel) étaient de 28% (23,4% – 32,2%), 19% (16,8% -20,7%) et 12% (9,2% – 14,0%) respectivement.
Les incapacités légères (paralysie cérébrale légère GMFCS-1, déficience visuelle ou une perte auditive, quotient intellectuel légèrement inférieur à la moyenne, troubles de la coordination, problèmes de comportement, aide scolaire (assistance en classe ou école spécialisée), interventions de développement et préoccupations des parents concernant le développement de l’enfant) étaient respectivement de 38,5% (33,7% – 43,4%), 36% (33,4% – 38,1%) et 34% (30,2% – 37,4%).
Une aide à l’école a été utilisée par 27% (22,9% – 31,7%), 14% (12,1% – 15,9%) et 7% (4,4% – 9,0%) des enfants respectivement concernés.
Les atteintes touchent donc une proportion importante de prématurés quel que soit leur âge gestationnel.
Environ la moitié des enfants nés entre 24 et 26 semaines (52%) ont d’ailleurs bénéficié d’une intervention relative à des problèmes de développement contre 26% pour ceux nés entre 32 et 34 semaines.
A noter que les taux de troubles du développement neurologique étaient plus élevés dans les familles à faible statut socio-économique.
Référence : Véronique Pierrat et al. – Neurodevelopmental outcomes at age 5 among children born preterm: EPIPAGE-2 cohort study – BMJ 2021;373:n741
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Né prématuré, cinq ans après…
Publié le 04/05/2021
La cohorte EPIPAGE-2 a été constituée en France en mars 2011 pour étudier l’évolution des enfants nés avant le terme de 35 semaines, et établir des comparaisons au fil du temps.
Les progrès réalisés en soins intensifs (corticoïdes en fin de grossesse, surfactant, assistance respiratoire non invasive, arrêt de la corticothérapie systématique chez le nouveau-né pour traiter la dysplasie broncho-pulmonaire) ont amélioré la survie des prématurés, particulièrement des très grands prématurés.
Un premier point d’étape avait montré des améliorations dans la survie, le pronostic néonatal et la présence de troubles neurosensoriels à 2 ans entre une première cohorte EPIPAGE constituée en 1997 et EPIPAGE-2.
Le British Medical Journal publie les résultats d’un nouveau bilan, réalisé chez les enfants de 5 ans et demi. Les enfants nés à terme constituent la référence.
L’analyse porte sur 3 083 enfants.
Les données recueillies montrent que la naissance prématurée demeure à l’origine de difficultés pour les familles.
Les troubles du développement neurologique diminuent toutefois quand le terme s’allonge.
Les troubles graves ou modérés sont présents chez 28 % des enfants nés entre 24 et 26 semaines, 19 % entre 27 et 31 semaines et 12 % entre 32 et 34 semaines.
Les troubles légers sont présents chez 38,5 %, 36 % et 34 % des enfants, respectivement selon le terme.
Notons que les troubles du neuro-développement sont plus fréquents dans les milieux socio-économiquement défavorisés.
Inégalités de handicap et de prise en charge du handicap
Cela fait que les parents sont fréquemment inquiets, et d’autant plus que la prématurité est grande.
Les principales craintes concernent les troubles du comportement.
Un parent sur 4 dont l’enfant n’a pas de handicap est même sujet à ces préoccupations.
Une aide scolaire (soutien scolaire ou classe spécifique) est délivrée à 27 %, 14 % et 7 % des enfants respectivement selon le terme.
Une prise en charge complexe (suivi par un psychologue ou un psychiatre, orthoptiste, orthophoniste, ergothérapeute, kinésithérapeute) est mise en place pour 1 enfant sur 2 présentant un déficit peu sévère et 1 enfant sur 3 sans handicap.
Mais étrangement, 30 à 40 % des enfants présentant un déficit grave ou modéré ne bénéficient pas de ce type de prise en charge, particulièrement les enfants ayant un déficit cognitif seul ou un problème médical complexe.
Pour les auteurs, ces données soulignent les inégalités de santé persistantes face au handicap.
Ils indiquent aussi que les demandes faites auprès des Maisons Départementales des Personnes Handicapées sont finalement faibles par rapport à la fréquence des handicaps, et suggèrent qu’une attention particulière soit accordée au risque plus élevé de troubles neurocognitifs pour les enfants de milieux sociaux défavorisés.
Dr Roseline Péluchon
RÉFÉRENCES: Pierrat V et coll.: Neurodevelopmental outcomes at age 5 among children born preterm: EPIPAGE-2 cohort study. BMJ 2021;372:n741. doi.org/10.1136/bmj.n741
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EPIPAGE 2 actualise le pronostic à court terme des grands prématurés nés en France