Depuis le 1er décembre dernier, les médecins de famille et les infirmières réalisent en grande partie les examens généraux chez les enfants en bonne santé afin de libérer les pédiatres qui en ont déjà plein les bras avec les cas plus complexes.
Par Mathieu Ste-Marie
17/12/2021
L’abrogation du code pour la facturation des examens généraux en pédiatrie découle d’une décision prise par l’Institut de la pertinence des actes médicaux (IPAM) en mai dernier.
Il estime que les pédiatres doivent concentrer leur pratique sur les cas chroniques, complexes ou urgents.
L’abolition de cet acte pour les spécialistes, qui permettra des économies estimées à 5,2M$ annuellement, devait être effective en 1er juillet, mais elle a finalement été reportée au 1er décembre.
L’IPAM et le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) avaient ainsi voulu assurer une bonne mise en place des nouvelles mesures.
Même si les codes de facturation pour l’examen général ont été abrogés, des pédiatres continuent à voir des enfants en bonne santé, affirme le président de l’Association des pédiatres du Québec, le Dr Marc Lebel.
«Les actes ne sont pas tarifés pour la première visite, mais il y a d’autres choses qui peuvent être facturées qui sont clairement moins payés.
Nous ne voulons pas laisser tomber nos enfants et nous avons à cœur qu’ils soient pris en charge », mentionne le médecin spécialiste.
Or, plusieurs enfants se retrouvent sans médecin de famille, principalement à Montréal ainsi que dans les couronnes nord et sud.
À l’heure actuelle, la première ligne n’a pas la capacité de prendre en charge tous les enfants en bonne santé, observe le Dr Lebel.
C’est pourquoi le MSSS doit mettre en place une trajectoire de soins pour assurer la prise en charge de ces enfants orphelins.
Mais rien n’a été fait pour le moment. « Le ministère doit prioriser la prise en charge des enfants normaux, c’est l’avenir du Québec! »
7 enfants sur 10 pris en charge
Heureusement, de nombreux enfants suivis par un pédiatre ont également un médecin de famille, souligne le porte-parole de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ), Jean-Pierre Dion.
« Les médecins de famille voient déjà la vaste majorité des enfants en rendez-vous et sans rendez-vous.
Idem présentement dans les cliniques pédiatriques COVID-19 », a-t-il récemment écrit à ProfessionSanté.ca.
En effet, 75% des enfants de 6 à 17 ans, 69% des patients de moins d’un an et 76% des 2 à 5 ans étaient pris en charge par un omnipraticien en 2020.
Des taux en forte augmentation depuis les cinq dernières années.
Un travail d’équipe
D’autre part, les médecins peuvent aussi compter sur l’aide d’autres professionnels de la santé pour prendre en charge ces jeunes patients, poursuit le nouveau président de la FMOQ, le Dr Marc-André Amyot.
« L’examen médical pédiatrique pour un bébé normal n’est pas obligé d’être fait un médecin de famille.
Il peut être fait par une infirmière ou une infirmière praticienne spécialisée.
Le poids de la demande en première ligne ne peut plus reposer sur les seules épaules du médecin de famille, puisqu’il en manque actuellement.
Nous devons avoir la contribution des autres professionnels ».
À noter que ni la FMOQ ni l’Association des infirmières praticiennes spécialisées du Québec n’ont été consultées avant la décision de l’IPAM, qui a pourtant un impact important sur leurs membres.