Surpoids dans l’enfance et diabète de type 2 :

le poids péripubertaire est l’élément-clé du risque ultérieur de diabète de type 2

Julie Sarfati Accueil OBÉSITÉ/PÉDIATRIE

Par le Dr Julie Sarfati (Paris) [Déclaration de liens d’intérêts]
Article commenté : Change in Overweight from Childhood to Early Adulthood and Risk of Type 2 Diabetes.
Bjerregaard LG, Jensen BW, Ängquist L et al. N Engl J Med. 2018 ; 378(14):1302-1312.

► Retrouvez l’abstract en ligne 

Les interventions sur le mode de vie retardent l’apparition d’un diabète de type 2 chez les personnes à risque. Dans le monde, 23% des enfants sont en surpoids ou obèses, et un poids augmenté dans l’enfance (sans être même classé surpoids) est associé à un surrisque de diabète de type 2 à l’âge adulte.
Cependant, est-ce que la perte de poids chez ces enfants en surpoids ou obèses permettrait de réduire le risque de diabète plus tard dans la vie ? L’objectif de l’étude était donc de déterminer si ce surrisque de diabète de type 2 persistait après rémission du surpoids avant l’âge adulte.

Il s’agit d’une étude longitudinale d’une cohorte de 62.565 hommes danois qui ont été mesurés et pesés à 7 et 13 ans ainsi qu’au début de l’âge adulte (jeune adulte : entre 17 et 26 ans). Les données sur la présence ou non d’un diabète après l’âge de 30 ans étaient extraites d’un registre national.

Parmi les 62.565 hommes, 10,7% ont eu un diagnostic de diabète de type 2 pendant un suivi de 1.969.165 personnes-années. La prévalence du surpoids augmentait au fil du temps de 5,4% à 7 ans à 8,2% chez les jeunes adultes. Comme attendu, un surpoids à tous les âges (7, 13 ans et jeune adulte) était associé positivement au risque de diabète de type 2.
Les hommes qui étaient en surpoids dans l’enfance et à l’âge jeune adulte étaient le plus à risque. Ceux qui étaient en surpoids à 7 ans mais en rémission de celui-ci à 13 ans et à l’âge jeune adulte, avaient un risque similaire que les hommes sans surpoids de développer un diabète de type 2.
En comparaison des hommes qui n’ont jamais été en surpoids, ceux qui étaient en surpoids à 13 ans mais qui ne l’étaient plus à l’âge jeune adulte, avaient, eux, un surrisque persistant de diabète de type 2 (HR 1.47). Celui-ci était bien moins important que celui des hommes toujours en surpoids jeunes adultes (HR 4.14).
Une augmentation du poids entre 7 ans et l’âge jeune adulte était donc associée à une augmentation du risque de diabète de type 2 même chez les hommes dont le poids était normal à 7 ans.

En conclusion, au cours de cette étude, il apparaît que le surpoids à 7 ans est associé à un surrisque de développer un diabète de type 2 à l’âge adulte seulement si ce surpoids persiste après la puberté. Un surpoids péripubertaire semble être un facteur important de développement du diabète de type 2.

Date de publication : 11 avril 2018

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Enfant en surpoids : il faut maigrir avant 13 ans !

https://www.jim.fr/e-docs/00/02/9C/54/carac_photo_1.jpg Publié le 09/04/2018

Près d’1 enfant sur 4 à travers le monde souffre de surpoids ou d’obésité. Cela n’est pas sans conséquence sur la santé à l’âge adulte. Les différents travaux menés sur le sujet ont montré que le risque de diabète de type 2 est particulièrement préoccupant. Un indice de masse corporelle élevé dans l’enfance, même très loin des valeurs considérées actuellement comme seuils d’obésité, est associé à un risque majoré de diabète de type 2 à l’âge adulte. La question se pose maintenant de savoir si ce risque persiste même en cas de perte de poids avant que l’enfant atteigne l’âge adulte.

Une étude danoise apporte des informations intéressantes. Cette étude longitudinale à grande échelle, menée sur plus de 62 mille danois (uniquement des hommes) dont le poids et la taille à l’âge de 7, 13 et entre 17 et 26 ans étaient connus, met en lien l’indice de masse corporelle à ces âges et le risque de diabète de type 2 à partir de 30 ans.

Risque de diabète de type 2 accru seulement chez ceux qui conservent leur surpoids

Les résultats incitent plutôt à l’optimisme, puisque les hommes qui ont souffert de surpoids dans l’enfance n’ont pas d’augmentation du risque de diabète de type 2 si une perte de poids se produit avant la puberté (Hazard Ratio [HR] 0,96 ; intervalle de confiance à 95 % [IC] 0, 75 à 1,21). Ceux qui ont perdu du poids plus tard, c’est-à-dire après 13 ans, mais avant 26 ans, ont un risque augmenté de diabète de type 2 (HR 1,47 ; IC 1,10 à 1,98), mais toutefois largement inférieur à celui des hommes qui ont conservé leur surpoids (HR 4,14 ; IC 3,57 à 4,79). Enfin les hommes qui ont été en surpoids à 13 ans et 26 ans ont un risque de diabète supérieur à ceux dont le surpoids est apparu seulement vers 26 ans, et équivalent à ceux qui ont été en surpoids à tous les âges.

Il apparaît dans ces données que le surpoids autour de la puberté et juste après constitue un facteur essentiel, impliqué dans le risque de diabète de type 2 à l’âge adulte, quel que soit l’indice de masse corporelle plus tôt dans l’enfance. En revanche, la réduction du poids avant cet âge et son maintien ensuite a un effet bénéfique. Notons enfin que le lien entre le surpoids dans l’enfance et le risque de diabète concerne plutôt les diabètes diagnostiqués avant 60 ans que ceux survenant entre 60 et 76 ans.

Dr Roseline Péluchon

RÉFÉRENCES

Bjerregaard L J et coll. : Change in Overweight from Childhood to Early Adulthood and Risk of Type 2 Diabetes. N Engl J Med., 2018; 378:1302-1312

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Un risque totalement réversible si le seuil de l’obésité n’est pas atteint

Faire maigrir les enfants trop gros avant la puberté gomme le surrisque de diabète à l’âge adulte

Dr Irène Drogou | 05.04.2018

Des chercheurs danois ont étudié l’impact d’un surpoids ou d’une obésité à l’âge de 7 et 13 ans sur le développement d’un diabète de type 2 à l’âge adulte dans une cohorte de 62 565 individus. Les résultats publiés dans « NEJM » soulignent les bénéfices d’une intervention précoce avant la puberté.

  • ENFANT OBESELe Quotidien du Médecin

Près d’un enfant sur quatre est en surpoids ou obèse à travers le monde
Crédit Photo : PHANIEZoom

Près d’un enfant sur quatre est en surpoids ou obèse à travers le monde. Dans quelle mesure est-il bénéfique de contraindre des enfants trop gros à maigrir ? Quel impact pour la santé future ? Existe-t-il des périodes charnières à cibler ? Beaucoup de questions restent ouvertes sur l’intérêt d’une intervention chez l’enfant.

Mieux vaut agir précocement avant la puberté et au mieux jusqu’à normalisation pondérale…