Publié le 07/11/2018
Un poids de naissance élevé (PN ≥ 4 000 g) annonce souvent un surpoids ou une obésité dans l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte. En comparaison des enfants de PN normal, la prévalence de l’obésité est près du double ; elle s’associe avec un risque cardiovasculaire et de diabète accru. Parmi d’autres, les facteurs nutritionnels occupent naturellement une place importante. L’allaitement maternel exclusif joue un rôle majeur
Des chercheurs en santé publique de Cincinnati ont utilisé les données d’une étude longitudinale de 4 902 femmes (Infant Feeding Practices Study) conduite par les autorités de santé aux États-Unis. Les dyades mère/enfants étaient éligibles si les mères avaient plus de 18 ans et les nourrissons étaient des singletons, sans pathologie, nés après 35 semaines avec un poids de naissance ≥ 2,25 Kg.
Les mères ont rempli un questionnaire avant la naissance puis à la naissance, puis tous les mois jusqu’à 7 mois et toutes les 7 semaines jusqu’à un an. Les PN ont été classés en élevés ≥ 4 000 g et normaux de 2 500 g à < 4 000g et les enfants classés en gros pour l’âge gestationnel (poids > 90ème percentile), normaux et petits (< 10ème P). Les questionnaires recueillaient des données précises sur l’alimentation à chaque étape. Le pourcentage de lait maternel reçu et la consommation quotidienne de lait artificiel ont été calculés de la naissance à 6 mois (34 % d’allaitement maternel exclusif à 6 mois). Les poids à 7-12 mois ont été classés en élevés (Z-score > 1) et normaux (Z-score ≤ 1).
La proportion de lait maternel dans l’alimentation joue sur le poids à 7 mois
Au total, l’étude a porté sur 1 799 enfants pour l’analyse du pourcentage d’allaitement maternel (dont gros PN = 209) et 1265 (gros PN = 133) pour la consommation moyenne quotidienne d’une formule. Les nourrissons de PN élevé et de gros poids à 7-12 mois avaient fait l’objet d’une baisse rapide du pourcentage de lait maternel dans leur alimentation en comparaison de ceux de PN élevé mais de poids normal à 7-12 mois. Les enfants de PN normal et de gros poids à 7-12 mois recevaient un pourcentage plus bas de lait maternel et des apports de lait artificiel en valeur absolue plus élevés que ceux de poids normal. Ces associations ne variaient pas le long de l’évolution. Ces résultats étaient similaires quand les nourrissons étaient classés par percentiles de PN. Les facteurs de confusion, comme le poids maternel ne modifiaient pas statistiquement ces constatations.
Ainsi, il existe une forte association entre gros poids de naissance et obésité ultérieure mais cette constatation est modulée par l’alimentation. Un excès de poids à 7-12 mois des enfants de gros poids de naissance est associé à une proportion plus faible d’apports en lait maternel les 6 premiers mois.
Pr Jean-Jacques Baudon
RÉFÉRENCE : Goetz AR et coll. : Greater breastfeeding in early infancy is associated with slower weight gain among high birth weight infants. J Pediatr., 2018;201:27-33
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