Publié le 17/07/2019
L’allergie aux protéines de lait de vache serait en augmentation et concerne actuellement entre 0,3 % et 3,5 % des enfants. En attendant l’acquisition de la tolérance, le régime d’éviction a un impact non négligeable sur la qualité de vie de l’enfant et celle de toute sa famille. Il peut avoir aussi des répercussions sur la santé du jeune patient.
La β-lactoglobuline (BLG) est la protéine la plus souvent impliquée dans les allergies aux protéines du lait de vache. Elle compte pour environ 50 % des protéines du lactosérum et 10 % de celles du lait total. Il s’agit d’une protéine hautement structurée qui résiste à l’hydrolyse acide et à celle des protéases. Après la digestion, elle garde sa structure protéique et peut provoquer des réactions allergiques. Environ 60 % des allergies aux protéines de lait IgE médiées sont causées par la BLG, qui se trouve ainsi être l’allergène contenu dans le lait le plus important.
Des vaches très spéciales
Aujourd’hui, l’obtention de vaches capables de produire du lait sans BLG ne figure plus dans le domaine de la science-fiction. En effet, plusieurs équipes y sont déjà parvenues. C’est le cas d’auteurs chinois qui viennent de publier les résultats de ses travaux. Pour rassurer les autorités sanitaires, vigilantes sur les manipulations génétiques concernant les produits alimentaires, à aucun moment de la procédure un gène étranger n’a été introduit dans les cellules de l’animal. Il s’agit d’une technique par invalidation (knockout) du gène codant pour la BLG, obtenue au moyen de micro-ARN : le gène est en quelque sorte désactivé.
Plusieurs étapes techniques plus tard, l’équipe est ensuite parvenue à cloner une vache dont le lait ne contient pas de BLG. Testé sur des souris, il déclenche moins de réactions allergiques que le lait-témoin et possède le même pouvoir nutritionnel. In vitro, il est digéré facilement, en 2 minutes, par la pepsine, alors que le lait « témoin » n’est pas encore complètement digéré après 60 minutes. Il a enfin été testé sur le sérum de personnes allergiques et il apparaît que les liaisons des IgE sont significativement réduites dans 5 sérums sur 6, la BLG n’étant pas l’allergène principal du 6e patient.
Les auteurs précisent enfin que ce lait sans BLG est riche en albumine de sérum bovin et en lactoferrine, ce qui suggère qu’il pourrait aussi avoir une activité antimicrobienne supérieure au lait « normal ».
Enfin, ils considèrent que la méthode utilisée pour obtenir ce lait sans BLG pourra être reprise pour modifier d’autres éléments entrant dans la composition du lait, le rendre plus adapté à la consommation humaine, voire même améliorer ses qualités nutritionnelles. Un vaste programme, sans aucun doute…
Dr Roseline Péluchon
RÉFÉRENCE : Sun Z. et coll. Production of hypoallergenic milk from DNA-free beta-lactoglobulin (BLG) gene knockout cow using zinc-finger nucleases mRNA. Sci Rep 2018 ; 8 : 15430.
Copyright © http://www.jim.fr