Actualités  –  publiée le 29/04/2021 par Équipe de rédaction Santélog

PNAS

Les analgésiques naturels du corps peuvent être améliorés (Visuel Fotolia 158943797)

En pleine crise des opioïdes, et dans un contexte de prévalence croissante avec le vieillissement des populations, des douleurs chroniques, cette équipe de pharmacologues de la Michigan Medicine travaille à des alternatives aux analgésiques de synthèse.

Ses travaux, publiés dans les Actes de l’Académie des Sciences américaine, affirment : « les analgésiques naturels du corps peuvent être exploités et améliorés ».

Fentanyl, oxycodone, morphine, ces substances sont efficaces à soulager la douleur, mais avec des effets secondaires considérables, notamment la dépendance et dans certains cas le décès.

Cette étude in vitro et in vivo chez la souris, menée par les chercheurs John Traynor et Andrew Alt et leur équipe de l’Université du Michigan, soutenue par le National Institute on Drug Abuse (NIAID), exploite la capacité intrinsèque du corps à bloquer et à gérer la douleur.

Nous libérons aussi des opioïdes endogènes

Les opioïdes – de l’opium dérivé du pavot à l’héroïne – agissent sur des récepteurs naturellement présents dans le cerveau et ailleurs dans le corps.

L’un de ces récepteurs, le récepteur mu-opioïde, se lie à des analgésiques naturels endogènes appelés endorphines et enképhalines.

Les médicaments agissant sur le récepteur mu-opioïde peuvent entraîner une dépendance ainsi que des effets secondaires indésirables tels que la somnolence, des problèmes respiratoires, la constipation et les nausées.

Nos enképhalines : cependant, lorsque nous souffrons, nous libérons aussi des opioïdes endogènes, mais moins puissants et moins durables.

Ici, l’équipe démontre qu’un récepteur (modulateur allostérique positif) connu sous le nom de BMS-986122 peut être une cible intéressante pour augmenter la capacité des enképhalines à activer le récepteur mu-opioïde.

Contrairement aux médicaments opioïdes, les modulateurs allostériques positifs ne fonctionnent qu’en présence d’endorphines ou d’enképhalines, ce qui signifie qu’ils n’interviennent qu’en cas de besoin pour soulager la douleur. Cependant, la libération naturelle d’enképhalines est locale et métabolisée rapidement, ce qui explique une moindre efficacité en regard des analgésiques comme la morphine, qui inondent le corps et le cerveau durablement soit pendant plusieurs heures.

  • Cependant, en augmentant les niveaux du modulateur BMS-986122, des niveaux bien moindres d’enképhalines sont nécessaires pour obtenir la réponse analgésique.
  • De plus, ce modulateur induit des effets secondaires beaucoup plus légers que les médicaments analgésiques.

C’est donc une première clé d’activation des opioïdes endogènes qui vient d’être trouvée et des essais supplémentaires vont être menés pour valider son efficacité dans le soulagement de la douleur chronique.

« Si ces nouvelles molécules ne pourront peut-être pas résoudre la crise des opioïdes, elles pourront au moins la ralentir », concluent les chercheurs, avec optimisme.

Source: Proceedings of the National Academy of Science (PNAS) April 20, 2021 DOI: 10.1073/pnas.2000017118 Positive allosteric modulation of the mu-opioid receptor produces analgesia with reduced side effects