Publié le 23/09/2019
Des causes multiples sont impliquées dans l’obésité des enfants, notamment le régime, l’activité physique insuffisante, les perturbations du microbiote. Cependant, on connaît mal les facteurs conduisant à une prise de poids excessive chez les nourrissons ; l’obésité parentale, les pratiques alimentaires, la génétique et l’épigénétique sont incriminées. D’autre part, depuis les années 70, le temps de sommeil des moins de deux ans est en diminution alors que la prévalence de l’obésité augmente. Quelques études ont montré une connexion inverse entre les deux phénomènes.
Une recherche prospective finlandaise a évalué l’association entre la durée du sommeil des enfants de 3 à 24 mois et le surpoids. La cohorte étudiée de 1 679 nouveau-nés en 2011-2017 a été suivie de façon longitudinale et la durée du sommeil basée sur les observations des parents a été notée à 3, 8, 18 et 24 mois avec un taux de suivi respectivement de 97 %, 89 %, 76 % et 62 % à 24 mois.
Cette durée pour un sous-groupe de participants (n = 350) a été contrôlée à 8 mois par un actigraphe (appareil fixé sur la cuisse permettant de mesurer l’activité pendant le sommeil) qui a montré une bonne corrélation avec la durée du sommeil rapportée par les parents. Les données de croissance ont été tirées des mesures effectuées au cours des examens de santé. Les facteurs de confusion, poids de naissance, sexe, IMC maternel, niveau d’éducation, tabac pendant la grossesse, allaitement maternel à 3 mois ont été pris en compte.
Association avec les durées de sommeil à 3 mois et à 8 mois
Les seuils de durée de sommeil les plus courts basés sur le quartile inférieur de la population étaient de 13 heures à 3 mois, 12,5 h à 8 mois, 11,8 h à 18 mois, 11,4 à 2 ans. Des associations entre durées de sommeil et paramètres de poids n’ont été mises en évidence qu’à 3 mois. A cet âge, les durées de sommeil les plus courtes étaient associées aux rapports poids/taille les plus bas (P ≤ 0,026) et aux IMC les plus faibles (P ≤ 0,038).
Cependant, les sommeils les plus courts à l’âge de 3 mois étaient associés aux z-scores poids/taille les plus élevés à 24 mois (Odds ratio ajusté aOR 1,56 ; intervalle de confiance à 95 % IC 1,02-2,38) et à une prédisposition à un gain de poids excessif entre 3 et 24 mois (aOR 2,61 IC 1,75-3,91).
Aucune association significative n’a été trouvée entre durée du sommeil à 8, 18 et 24 mois et le poids contemporain et ultérieur. Les temps de sommeil nocturnes courts mesurés par actigraphe à 8 mois étaient associés à des rapports poids/taille plus élevés à 24 mois (aOR 1,51 IC 1,02-2,23).
Ainsi, les durées de sommeil les plus courts à l’âge de 3 mois et les sommeils nocturnes les plus brefs à 8 mois sont associés à un risque d’excès de prise pondérale à l’âge de 24 mois.
Pr Jean-Jacques Baudon
RÉFÉRENCE : Tuohino T et coll. : Short sleep duration and later overweight in infants. J Pediatr 2019;212:13-19
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