Actualités – publiée le 27/07/2018 par Équipe de rédaction Santélog
Nature Communications
Ces scientifiques du Centre RIKEN découvrent un circuit dans le cerveau nécessaire à « désapprendre » la peur. Leurs travaux, publiés dans Nature Communications décryptent le rôle de la dopamine dans cette extinction ou déconditionnement de la peur. Des données qui suggèrent que cibler par médicaments le système dopaminergique pourrait être une thérapie efficace pour certains troubles psychiatriques dont les troubles anxieux, en combinaison avec des thérapies cognitivo-comportementales.
Il restera à poursuivre les études pré-cliniques pour identifier et tester des stratégies moléculaires capables de cibler spécifiquement des sous-groupes distincts de cellules dopaminergiques.
Le processus d’extinction de la peur : comme les animaux, les gens développent des réponses conditionnées, face à certains stimuli, et, normalement, ces réponses « de peur » s’atténuent avec le temps car le sujet parvient à dissocier le stimulus de l’expérience effrayante ou désagréable à laquelle il est associé. Lorsque ce processus d’extinction de la peur ne se produit pas normalement, il peut alors entraîner le développement de troubles anxieux tels que le syndrome de stress post-traumatique ou des phobies.
Comment le cerveau régule-t-il à la fois les situations normales et pathologiques ? l’équipe de RIKEN a effectué une série d’expériences sur des rats pour mieux comprendre ce « process » : les chercheurs observent que l’extinction de la peur suppose d’abord que l’animal sache d’abord discerner les contextes ou situations dans lesquelles l’événement effrayant ou négatif ne se produit pas. L’équipe a examiné les neurones dopaminergiques dans une partie du cerveau appelée aire tegmentale ventrale (VTA). Après avoir conditionné l’animal pour qu’il associe un son spécifique à une expérience négative, l’équipe a « lancé » le processus d’extinction. Lorsque le son est joué sans aucun choc associé, au bout de plusieurs fois, les rats cessent de se comporter comme s’ils avaient peur du son. Cependant, quand les neurones dopaminergiques de la VTA sont réduits au silence juste après le son, les rats ne peuvent plus apprendre à se débarrasser de la peur associée au son.
Priver l’aire tegmentale ventrale de dopamine empêche l’élimination du lien entre le stimulus et la peur, même après plusieurs expositions sans événement néfaste. Mais que fait exactement l’activité dopaminergique de la VTA ? Par optogénétique, l’équipe identifie 2 voies moléculaires. En bloquant chaque voie séparément, les chercheurs constatent qu’ils affectent l’extinction de la peur, mais de manière opposée : bloquer la voie de la récompense empêche la peur, bloquer l’autre voie augmente la peur.
2 voies dopaminergiques peuvent donc réguler l’extinction de la peur de différentes façons et l’équipe travaille sur le moyen pharmacologique de cibler ces neurones : «Le ciblage pharmacologique du système dopaminergique sera probablement une thérapie efficace pour les troubles psychiatriques tels que les troubles anxieux, en combinaison avec des thérapies comportementales », concluent les chercheurs.
Source: Nature Communications 27 June 2018 doi: 10.1038/s41467-018-04784-7 A dopaminergic switch for fear to safety transitions
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