Publié le 17/05/2021
Paris, le lundi 17 mai 2021 – Même si contrairement à ce que suppose la formule schématique mille fois répétée affirmant que François Mitterrand et Robert Badinter ont « dépénalisé l’homosexualité » en 1981, cette dernière était en réalité « dépénalisée » en France depuis 1791 et la Constituante, les quarante dernières années ont néanmoins radicalement transformé le rapport de nos sociétés vis-à-vis de l’homosexualité.
La suppression sous l’influence du Garde des Sceaux de 1981 de deux amendements, le premier abolissant la différence concernant la majorité sexuelle (en cas de rapports hétéro ou homosexuels) et le second annulant l’aggravation de l’outrage à la pudeur en cas d’acte homosexuel ont symboliquement constitué le point de départ de cette nouvelle ère.
Loin des médias, la part obscure des rapports intimes
Si dans les médias l’homosexualité ne semble désormais plus un tabou, dans l’intimité, aujourd’hui encore, comme le constatent quotidiennement les associations de défense des personnes homosexuelles, les discriminations demeurent encore nombreuses.
Ainsi, 35 % des personnes dites LGBT ont déjà été victimes d’au moins une attaque verbale ou physique liée à leur orientation sexuelle.
Elles s’inscrivent notamment dans le champ familial comme le relève un rapport de SOS Homophobie.
Ce dernier signale ainsi combien le confinement qui a parfois empêché certains jeunes homosexuels d’échapper à des proches très hostiles a cristallisé les haines et favorisé insultes et rejets.
Le stress minoritaire
Les brimades, les coups, les discriminations liés à l’orientation sexuelle ont des impacts profonds sur la santé psychologique, comme le mettent à nouveau en évidence plusieurs études publiées aujourd’hui par Santé Publique France, en cette journée mondiale de lutte contre l’homophobie.
On sait que d’une manière générale, la prévalence des épisodes dépressifs caractérisés est deux fois plus importante chez les bisexuels et homosexuels (femmes et hommes) que chez les hétérosexuels et celle des tentatives de suicide trois fois plus élevée.
Santé Publique France insiste : « les analyses de médiation montrent que l’altération de la santé mentale est due, pour une part importante, aux violences physiques et/ou verbales auxquelles les personnes sont exposées.
Les données sur la population trans vont dans le même sens : plus de la moitié (56 %) des personnes interrogées en 2014 déclarait avoir fait une dépression suite à des actes transphobes et 18 % une tentative de suicide.
Même si le lien entre les violences et une santé mentale dégradée est établi, il n’est pas nécessaire de subir des violences physiques ou verbales pour qu’une détresse psychologique apparaisse.
L’obligation pour les personnes LGBT de dissimuler leur identité pour éviter d’être stigmatisées, et donc d’adopter des personnalités publique et privée distinctes, suffit à engendrer des troubles de la santé mentale.
Ce phénomène d’adaptation permanent a été conceptualisé sous le terme de « stress minoritaire » par Meyer et al en 2003 ».
Les données épidémiologiques signalent également une propension plus importante à la consommation de substances psychoactives.
Un tabou en médecine générale
Ces craintes de dévoiler ses affinités sexuelles, associées régulièrement aux discriminations qui leurs sont directement liées, conduisent régulièrement à des réflexes d’évitement.
C’est ainsi, qu’une personne sur quatre déclarait avoir renoncé à voir un médecin au cours des 12 derniers mois par peur d’être « stigmatisée » du fait de sa « transsexualité ».
Plus globalement, la question de l’orientation sexuelle demeure un tabou en consultation de médecine générale (tout au moins pour les patients): ainsi 49 % des lesbiennes et 40 % des homosexuels masculins n’ont jamais parlé de leur orientation sexuelle à leur médecin.
« Cette absence de communication ne permet pas de prendre en compte les besoins spécifiques des personnes LGBT en termes de dépistage et de vaccination par exemple » déplore Santé Publique France.
Accepter tous les types de couples
Ces différentes données justifient pleinement que la campagne lancée aujourd’hui contre « l’intolérance » associent le ministère de la Santé et celui chargé de la Diversité et de l’Égalité des chances.
Répondant au slogan « Face à l’intolérance, à nous de faire la différence », cette opération de communication repose sur un film qui met en scène la façon dont la société et l’entourage ont pu et peuvent évoluer pour accepter tous les types de couples.
Parallèlement, sur la toile, une série de podcasts intitulée « Et alors » propose une série de témoignages « qui montrent comment le cheminement du cercle familial proche vers l’acceptation d’une personne LGBT peut être plus ou moins rapide ou plus ou moins compliqué ».
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Nécessaire aux yeux de la plupart des associations, cette campagne ne saurait cependant faire oublier à ces dernières qu’à un an de la fin du quinquennat, la promesse d’un accès aux couples de femmes à la procréation médicale assistée, considérée comme une reconnaissance ultime de l’homoparentalité et de l’absence de différence entre les types de couple, n’a toujours pas été tenue.
Aurélie Haroche
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Fier de défier la violence
Publié le 17/05/2021
La journée mondiale de lutte contre l’homophobie est un rappel de la perpétuation partout dans le monde des violences quotidiennes qui touchent les homosexuels loin de la fausse réalité des médias, du cinéma et des réseaux sociaux.
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