Pascal MARIE | 19.04.2019
Phanie Zoom
Toujours des incertitudes sur l’innocuité du dioxyde de titane
Le gouvernement a annoncé officiellement l’interdiction du dioxyde de titane (E171) dans les produits alimentaires à partir du 1er janvier 2020. L’additif sera en revanche toujours autorisé dans les médicaments ou les dentifrices.
Le 15 avril, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) rendait son avis au sujet du dioxyde de titane (E171), déclarant ne pas disposer « d’éléments nouveaux permettant de lever les incertitudes sur l’innocuité de l’additif E171 ». L’agence recommandait, dans le même temps, de « limiter l’exposition des travailleurs, des consommateurs et de l’environnement » à l’additif controversé. Deux jours plus tard, le ministère de l’Économie et celui de la Transition écologique ont annoncé l’interdiction du dioxyde de titane dans tous les produits alimentaires à partir du 1er janvier 2020. Bercy, qui attendait l’avis de l’ANSES pour se prononcer définitivement, n’a donc pas souhaité prendre de risques, compte tenu des « inquiétudes sérieuses sur le caractère cancérigène » du dioxyde de titane.
S’il est supprimé de l’alimentation, l’additif sera toujours présent dans les médicaments et les dentifrices. Une distinction justifiée ainsi par une source gouvernementale : « Vous êtes dans des doses (pour les médicaments) qui n’ont rien à voir avec les produits alimentaires, en plus vous pouvez manger des M&M’s toute la journée, mais ce n’est pas le cas pour du Doliprane, par exemple. » Les ministères évoquent aussi le risque que l’on pourrait faire courir aux patients si l’on interdisait du jour au lendemain des médicaments contenant l’additif E171.
C’est la première fois en Europe qu’un gouvernement prend une telle mesure contre le dioxyde de titane, ce colorant et opacifiant alimentaire avant tout utilisé pour des raisons esthétiques. Le ministère de la Transition écologique veut désormais inspirer les autres pays. « On va mener un combat au niveau européen et on va notifier notre interdiction à la Commission européenne, en la motivant fortement » a ainsi déclaré le cabinet de la ministre, Brune Poirson, dans « Le Parisien ». Au cours des derniers mois, de nombreux industriels (Malabar, Carambar, William Saurin) et des acteurs de la grande distribution (Carrefour, Leclerc, Super U, Picard) avaient déjà banni le dioxyde de titane de leurs produits ou de leurs rayons.
Source : Lequotidiendupharmacien.fr
================================================================ NUTRITION – Par Marielle Ammouche le 18-04-2019
Interdiction de l’additif E171 en janvier 2020
Le dioxyde de titane (TiO2), cet additif que l’on retrouve dans de nombreuses denrées alimentaires sous l’appellation de E171, sera finalement interdit au 1er janvier 2020.
Cette décision intervient deux jours après la publication des travaux de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), qui concluaient à une absence de données suffisantes pour lever le doute sur son innocuité. C’est donc le principe de précaution qui a primé. D’autant que cet additif n’a aucune valeur nutritionnelle puisqu’il sert principalement de colorant dans les confiseries, desserts et crèmes glacés, biscuits, tablettes de chocolat…. « Un arrêté suspendant la mise sur le marché des denrées alimentaires contenant l’additif E171 à partir du 1er janvier 2020 a été signé et sera publié dans les meilleurs délais », précise un communiqué du ministère de la Transition écologique et solidaire.
Le ministère ajoute que, selon l’avis de l’Anses, « l’évaluation des risques liés à l’emploi de cet additif souffre toujours d’un manque de données que les metteurs sur le marché et fabricants de cet additif auraient dû fournir, ce qui ne permet pas de répondre aux recommandations formulées par les agences d’évaluations et de lever les incertitudes résiduelles pour garantir la sécurité de l’utilisation de cet additif ».
L’Anses avait été saisie, en février 2019, par les ministres chargés de l’Economie, de la Santé, de l’Agriculture et de l’Environnement, afin d’analyser les dernières connaissances sur le sujet. Les 25 études les plus récentes parues sur l’E171 ont donc été analysées. Il en est ressorti la mise en évidence de « nouveaux signaux » tels que la modification de mécanismes biologiques cellulaires chez la souris ou des anomalies du développement chez des invertébrés. Par ailleurs, des effets génotoxiques in vitro via le stress oxydant ont été identifiés pour différentes formes de TiO2 nano-particulaire, dont le E171.
En revanche, « aucune de ces nouvelles études ne permet de confirmer ou d’infirmer le potentiel effet promoteur de la cancérogénèse du E171 rapporté dans l’étude Nanogut », affirme l’Anses. Cette étude rendue publique en 2016 (Bettini et al. Sci Rep. 2017, 7:40373) mettait en évidence des effets cancérogènes potentiels chez le rat, que l’Anses avait déjà jugé nécessaire d’approfondir. Enfin, concernant les risques sur la reproduction, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) avait souligné, en 2016, que les données concernant la toxicité pour la reproduction étaient insuffisantes pour fixer la dose journalière admissible (DJA) et la quantité maximale dans les aliments sans risque pour la santé des consommateurs.
Les analyses récentes n’ayant pas permis de faire avancer les connaissances sur ces différents points, l’Anses a préconisé le développement de nouvelles recherches pour bénéficier de données toxicologiques complémentaires, et a renouvelé ses recommandations générales sur les nanomatériaux visant notamment « à limiter l’exposition des travailleurs, des consommateurs et de l’environnement, en favorisant des alternatives sûres et équivalentes en termes d’efficacité ».
Sources : Anses, 15 avril 2019. Avec AFP.
L’additif alimentaire E 171, potentiellement cancérogène, sous étroite surveillance