Par Pippa Wysong

Des canettes de boissons gazeuses sans sucre Profession Santé logo 08/04/2022

Les personnes diabétiques tirent presque autant de bénéfices de la substitution des boissons sucrées par des boissons peu sucrées ou non caloriques, que par l’eau.

Il s’agit d’une bonne nouvelle pour les personnes diabétiques et celles qui souhaitent perdre du poids, mais qui veulent consommer une plus grande variété de boissons.

Une étude systématique et des méta-analyses réalisées par des chercheurs canadiens ont montré que les personnes qui consomment des boissons peu sucrées ou non caloriques (BPSNC) en remplacement des boissons sucrées (BS) avaient tendance à réduire leur poids corporel, leur IMC, leur pourcentage de graisse corporelle et leur taux de lipides intra-hépatocellulaires.

Mais, de façon générale, il est préférable de favoriser l’eau dans tous les cas, selon une étude récemment publiée dans JAMA Open Network par des chercheurs canadiens.

« Pour les consommateurs habituels de boissons sucrées qui souffrent de surpoids ou d’obésité, qui sont à risque de diabète de type 2 ou qui en sont atteints, et qui ne peuvent ou ne veulent pas passer à l’eau, les boissons peu sucrées ou non caloriques peuvent constituer une alternative viable », a indiqué le Dr John Sievenpiper, coauteur de l’étude, et professeur associé de sciences de la nutrition et de médecine à l’Université de Toronto.

L’étude a été réalisée parce que les recommandations concernant les boissons peu sucrées ou non caloriques chez les patients atteints ou à risque de diabète et d’obésité sont mitigées, tout comme les informations sur la question de savoir si ces boissons aident ou aggravent les pathologies qu’elles sont censées prévenir.

Les résultats seront également utilisés pour mettre à jour les recommandations de l’Association européenne pour l’étude du diabète.

« Ni les directives diététiques américaines ni le Guide alimentaire canadien n’encouragent la consommation de boissons peu sucrées ou non caloriques.

Ils recommandent plutôt de remplacer les boissons sucrées par de l’eau.

L’American Heart Association soutient cependant une indication étroite concernant les BPSNC […], alors que les associations de personnes diabétiques au Royaume-Uni, aux États-Unis et au Canada sont en faveur de la consommation des BPSNC dans la mesure où ces boissons sont utilisées pour remplacer les calories provenant des sucres et des boissons sucrées », ont écrit les auteurs.

Le Guide alimentaire canadien recommande de boire de l’eau plutôt que des BPSNC.

Un total de 17 essais contrôlés randomisés avec 24 comparaisons d’essais ont été inclus.

Trois substitutions spécifiées au préalable ont été envisagées: utiliser les BPSNC pour remplacer les BS (substitution intentionnelle avec déplacement calorique), de l’eau pour remplacer les BS (substitution de la norme de soins avec déplacement calorique), et des BPSNC à la place de l’eau (substitution de référence sans déplacement calorique).

Les essais contrôlés randomisés, d’une durée d’au moins deux semaines, portant sur l’association entre les BPSNC, les BS et/ou l’eau et les facteurs de risque cardio-métabolique ont été inclus.

Les essais portant sur des interventions multimodales ou n’utilisant pas de groupes de comparaison ont été exclus, tout comme ceux utilisant des boissons fortifiées ou à forte densité nutritionnelle (telles que le lait et le jus).

Les essais ont porté sur un total de 1733 adultes, dont l’âge moyen était de 33,1 ans, soit 1341 femmes (77,4%) et 392 hommes (22,6%) souffrant de surpoids ou d’obésité et présentant un risque de diabète ou en étant atteints.

La plupart des sujets étaient en surpoids ou obèses avec un IMC médian de 31.

Neuf essais n’ont intégré que des participants en surpoids ou obèses, et un essai a inclus des participants atteints de diabète de type 2.

Dans l’ensemble, les BPSNC ont remplacé les BS dans 12 essais (601 personnes), l’eau a remplacé les BS dans trois essais (429 personnes) et les BPSNC ont remplacé l’eau dans neuf essais (974 personnes).

La substitution des BS par des BPSNC a été associée à une réduction du poids corporel, soit une perte moyenne de 1,06 kg.

Il y a eu une baisse moyenne de 0,32 de l’IMC, une baisse moyenne de 6% de la graisse corporelle et une différence moyenne standardisée de 0,42 pour la diminution des lipides intra-hépatocellulaires.

Selon les chercheurs, le fait de remplacer l’eau par les BS n’a été associé à aucun résultat.

De même, aucune association n’a été trouvée entre le remplacement de l’eau par les BPSNC et les résultats, à l’exception de l’hémoglobine glyquée A1c (différence moyenne de 0,21%) et de la baisse de la pression artérielle systolique (moyenne de 2,63 mmHg).

Ni les BPSNC ni l’eau, lorsqu’elles sont utilisées en remplacement des BS, n’ont été associées à des améliorations significatives du contrôle glycémique, de la pression artérielle, de l’acide urique ou d’autres aspects des profils lipidiques ou des marqueurs de la stéatose hépatique non alcoolique.

« Mais les directions de l’association ont favorisé les BPSNC ou l’eau dans presque tous les cas », d’après l’étude.

Dans l’ensemble, les résultats sont cohérents avec le mécanisme associant les BPSNC à la perte de poids, car elles constituent un facteur de réduction de l’apport énergétique net.

Les chercheurs ont noté que « le degré de certitude des données probantes était modéré (substitution des BPSNC aux BS) et faible (substitutions de l’eau aux BS et des BPSNC à l’eau) pour le poids corporel, et était généralement modéré pour l’ensemble des autres résultats de toutes les substitutions ».

Selon les Lignes directrices de pratique clinique 2018 de Diabète Canada, les données probantes montrent «un bénéfice de perte de poids lorsque des édulcorants non nutritifs sont utilisés pour déplacer les calories excédentaires provenant des sucres ajoutés (en particulier des BS) chez les enfants et les adultes en surpoids sans diabète, un bénéfice qui s’est révélé similaire à celui observé avec d’autres interventions destinées à déplacer les calories excédentaires provenant des sucres ajoutés, comme boire de l’eau.»

Le Dr Sievenpiper est l’auteur principal de la section sur la thérapie nutritionnelle de ces lignes directrices.

Joanne Lewis, porte-parole de Diabète Canada, explique que pour aider à réduire l’apport en sucre venant des boissons, il est recommandé de limiter la consommation de sucres libres à moins de 10% de l’apport calorique (énergétique) total quotidien.

Cela représente une consommation d’environ 50g (12 cuillères à café) de sucres libres par jour sur la base d’un régime de 2000 calories.

Les lignes directrices indiquent également que la plupart des édulcorants artificiels ou non nutritifs, qui entrent dans la composition des boissons peu sucrées ou non caloriques, « se sont révélés sécuritaires lorsqu’ils sont utilisés par des personnes diabétiques.

Cependant, les données sur les édulcorants plus récents, tels que le néotame et la thaumatine, sont limitées chez les personnes diabétiques ».

Elles conseillent également d’éviter les boissons sucrées et de boire de l’eau à la place, ainsi que de manger des aliments complets et de réduire les sucres libres pour une bonne santé générale.

« Les personnes qui ont du mal à remplacer les boissons sucrées par de l’eau peuvent y ajouter du citron ou de la lime ou essayer l’eau gazeuse », a déclaré Mme Lewis.

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