Revue de presse Mediscoop du 17-09-2019
Par le Dr Sophie Florence (Paris)[Déclaration de liens d’intérêts]
Deux nouveaux antibiotiques puissants et actifs contre différentes bactéries responsables d’infections humaines, tant à Gram positif que négatif, ont été créés à partir d’une nouvelle toxine bactérienne récemment identifiée. Des chercheurs de l’Inserm et de l’université de Rennes 1 viennent de publier dans la revue scientifique Plos Biology les résultats d’une étude expérimentale. La prochaine étape consiste à démarrer les essais cliniques de phase I chez l’humain.
Les antibiotiques sont une avancée médicale sans précédent, mais la fréquence croissante de résistance chez la plupart des agents pathogènes humains les rend moins efficaces avec des risques majeurs en terme de santé publique. Les nouveaux antibiotiques mis sur le marché sont peu nombreux et se résument à des dérivés de classes existantes, les « me-too drugs ».
Les auteurs ont exploité la récente identification d’une toxine bactérienne pour la transformer en antibiotiques actifs contre les agents pathogènes bactériens gram-positifs et négatifs-multirésistants (MDR).
Ils ont généré une nouvelle famille de « peptidomimétiques » – les heptapseudopeptides cycliques – inspirés d’un peptide bactérien naturel. Sur les 20 créés, 2 étaient efficaces contre le Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM) chez les modèles murins atteints de sepsis bénins et graves.
Ces nouveaux composés sont sans danger à leurs doses actives et au-dessus, sans néphrotoxicité. L’efficacité a également été démontrée contre Pseudomonas aeruginosa et SARM dans un modèle d’infection cutanée de souris.
Fait important, ces composés n’ont pas entraîné de résistance après des passages en série pendant 2 semaines et une exposition de 4 ou 6 jours chez la souris. L’activité des heptapseudopeptides a été expliquée par la capacité d’acides aminés non naturels à renforcer l’association dynamique avec les bicouches lipidiques bactériennes et à induire une perméabilité membranaire, entraînant la mort de la bactérie.
Les auteurs concluent que ces nouvelles molécules représentent des candidats prometteurs au développement de nouveaux antibiotiques, pouvant apporter des traitements alternatifs à la résistance aux antimicrobiens. L’étape suivante consiste à démarrer les essais cliniques de phase I.
Référence : Nicolas I, Bordeau V, Bondon A, Baudy-Floc’h M, Felden B. – Novel antibiotics effective against gram-positive and -negative multi-resistant bacteria with limited resistance. – PLoS Biol. 2019 Jul 9;17(7):e3000337.
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Date de publication : 17 septembre 2019