PERTUBATEURLe Quotidien du MédecinHélia Hakimi-Prévot  04.09.2018

Crédit Photo : S. ToubonZoom

Six résidus de pesticides sur 10 quantifiés dans l’alimentation européenne sont suspectés d’être des perturbateurs endocriniens, selon une enquête de Générations Futures. Pour l’association, le gouvernement doit prévenir d’urgence l’exposition aux pesticides perturbateurs endocriniens par voie alimentaire.

Fruits et légumes, céréales, produits animaliers… Pour les non-utilisateurs de pesticides, l’alimentation est l’une des voies d’exposition les plus importantes aux perturbateurs endocriniens, ces substances qui interagissent avec le système hormonal. « Or, le nouveau projet de Stratégie Nationale sur les Perturbateurs Endocriniens (SNPE 2) – en cours d’élaboration au sein du gouvernement – et la future loi Agriculture et Alimentation ignorent la question de la présence de résidus de pesticides PE dans l’alimentation des Français », déplore François Veillerette, porte-parole de Générations Futures. C’est dans ce contexte que l’association spécialisée dans la question des pesticides et autres polluants chimiques publie son rapport, EXPPERT 10, dédié à la question de l’exposition aux PE par voie alimentaire.

Plus de 40 000 échantillons alimentaires contaminés

Cette enquête se fonde sur le dernier rapport annuel de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), publié en juillet 2018. Ce dernier fournit des informations détaillées sur les résidus des pesticides cherchés et quantifiés (ou non) dans les aliments, au sein des programmes de contrôle des États membres de l’Union européenne.

« 881 molécules ont été recherchées. Les divers programmes de contrôle ont ainsi quantifié 109 843 résidus de pesticides dans plus de 40 000 échantillons alimentaires. Sur les 881 molécules recherchées, 350 ont été quantifiées au moins une fois », indique François Veillerette.

Pas de dose minimale sûre

Mais ces 350 molécules sont-elles des perturbateurs endocriniens ? Pour le savoir, Générations Futures a croisé cette liste avec les données de la base TEDX. Celle-ci recense les substances pour lesquelles au moins une étude scientifique publiée a montré un effet sur le système endocrinien. Résultat : « 157 des 350 substances trouvées dans l’alimentation sont suspectées d’être des perturbateurs endocriniens « , note le rapport.

« Sur les 109 843 résidus de pesticides quantifiés au total dans les échantillons alimentaires, nous avons ainsi calculé que 69 433 étaient des résidus de pesticides perturbateurs endocriniens suspectés. Ainsi, dans l’alimentation européenne, plus de 6 résidus de pesticides sur 10 sont suspectés d’être des perturbateurs endocriniens pour lesquels on ne peut prétendre qu’une dose sûre, sans effet, existe. Et donc, pour lesquels la notion de Limite Maximale en Résidus (prise en compte par l’EFSA) n’a pas de sens », précise François Veillerette. Face à ces résultats, Générations Futures demande notamment à ce que le gouvernement prenne des mesures urgentes pour faire disparaître, à terme, les pesticides perturbeurs endocriniens de l’agriculture et de l’alimentation de la population.

Source : Lequotidiendumedecin.fr