https://www.jim.fr/e-docs/00/02/B7/38/carac_photo_1.jpg Publié le 07/06/2019

Les fractures du squelette des enfants maltraités sont connues depuis longtemps. Les lésions métaphysaires sont considérées comme hautement spécifiques ; les aspects en coin ou en anses de sceau, selon la projection radiologique, sont les plus communs. Ces lésions, correspondant à une fracture à travers la zone de croissance, sont dues à des mouvements de torsion ou de traction exercés sur les jambes des nourrissons. Les circonstances de ces fractures et leur survenue concomitante aux traumatismes crâniens n’ont pas fait l’objet d’études étendues.

L’équipe de médecine légale de l’hôpital d’enfants de Bicêtre (Paris) a revu les cas de lésions métaphysaires classiques observés parmi plus de 500 cas de maltraitances sur l’ensemble de la France. Les auteurs en tant qu’experts ont eu accès à l’ensemble des dossiers médicaux et judiciaires. Au total, 67 observations de 33 cours judiciaires ont été retenues. Toutes comportaient des radios de l’ensemble du squelette et un scanner ou une IRM du crâne. Toutes les victimes étaient des nourrissons (âge médian 3,4 mois, 0,4-16,1) ; 8 étaient nés prématurément ; il n’existait pas de prédominance de sexe. Tous avaient d’autres signes de maltraitance : antécédents (24, 36 %), hématome sous-dural (24, 36 %), autres lésions (38, 57 %) : contusions d’autres localisations (30), brûlures (4), morsure (1), lésions hyménéales (1), épiglottiques (1), hépatiques (1), pulmonaires (1), fractures diaphysaires (32, 48 %), fractures d’âges différents (49, 73 %).

Des gestes violents au cours des soins sont souvent en cause

Des lésions métaphysaires (LM) multiples ont été constatées chez 44 nourrissons (66 %), de façon prédominante au niveau des genoux et chevilles (64 %). Seules les LM de l’épaule étaient significativement associées à un hématome sous-dural (P = 0,03). Des fractures d’âges différents étaient plus fréquentes dans le groupe sans hématome sous-dural que dans le groupe avec HSD [36/43 84 % vs 13/24 (50 %), P= 0,01]. Dans 27 cas, la maltraitance a été avouée par l’auteur qui avait infligé des mouvements violents indirects (torsion, traction, compression, mouvements forcés). Les circonstances les plus fréquentes étaient les changements de couche (44 %) rapportés uniquement par les hommes, puis l’habillage/déshabillage (30 %). Les maltraitances étaient habituelles dans 67 % des cas. En tout, 10 enfants sont décédés (15 %).

Cette série médico-légale montre que les lésions métaphysaires sont provoquées par des gestes violents souvent pendant les soins aux nourrissons. La fréquence avec laquelle ces circonstances sont retrouvées en cas de lésions métaphysaires appelle à une plus grande vigilance.

Pr Jean-Jacques Baudon

RÉFÉRENCE : Adamsbaum C et coll. : Classic metaphyseal lesions among victims of abuse. J Pediatr., 2019;209:154-159

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