Actualités – publiée le 14/12/2018 par Équipe de rédaction Santélog
Social Science & Medicine
Une jeune mère sur 7 fait l’expérience de la dépression postnatale cependant, rares sont celles qui auront accès à un traitement adapté. Cette étude de de l’Université du Kent identifie un facteur « de risque » non négligeable : le sexe du bébé ! Si l’on en croit ses conclusions, présentées dans la revue Les femmes qui donnent naissance à des garçons sont beaucoup plus susceptibles d’avoir une dépression postnatale. Si le sexe masculin du fœtus et les complications de naissance ont déjà été documentés comme associés à une inflammation accrue et au risque de dépression post-partum, les raisons sous-jacentes n’étaient pas claires. L’étude, présentée dans la revue Social Science & Medicine révèle ainsi que le risque augmente de 79% lorsque la mère met au monde un garçon (vs une fille).
Baby blues ou dépression post-natale vont toucher près d’une mère sur 5. Et si le baby blues est une forme légère de dépression qui survient après l’accouchement, s’il dure de quelques heures à quelques jours, la dépression du post-partum est, quant à elle beaucoup plus sévère et prolongée. Caractérisée par un ou plusieurs épisodes dépressifs majeurs, au sens des symptômes de la dépression (DSM) elle survient dans les 4 à 6 semaines, voire dans l’année qui suit l’accouchement. Les symptômes les plus fréquents sont des difficultés à s’endormir, l’hyperactivité, l’irritabilité, l’anxiété, la fatigue et les difficultés de concentration. Enfin la dépression post-partum sévère peut impacter négativement la relation mère-enfant.
Les chercheurs montrent ici, sur un groupe d’étude de 296 participantes, que les femmes qui donnent naissance à un garçon encourent entre 71 et 79% de risque supplémentaires de souffrir de dépression post-natale. De plus les femmes qui font face à des complications de naissance ont un risque accru de 174% de développer la dépression.
Quelle explication ? Des recherches récentes indiquent que la dépression est liée à une inflammation prolongée. Les facteurs déclenchant l’inflammation pourraient donc mettre en évidence de nouveaux facteurs de risque de dépression. Au nombre de ces facteurs de risque d’inflammation, figurent le sexe masculin du fœtus et les complications à la naissance. Ainsi, donner naissance à des enfants de sexe masculin augmenterait les risques de dépression postnatale. CQFD ?
Reconnaître que les facteurs de risque sont liés à la présence d’un nouveau-né de sexe masculin n’est pas simple. Mais c’est un facteur -certes peu spécifique- qui peut inciter les professionnels de la santé de la femme à chercher à identifier et à soutenir les femmes plus susceptibles de développer la condition.
Autre conclusion a priori surprenante : les femmes présentant des symptômes de dépression, d’anxiété et de stress avant la naissance sont toujours plus exposées au risque de survenue de dépression post-partum mais les complications de naissance ont peu d’impact sur le risque. En pratique, ces mères bénéficient d’un soutien généralement plus important après la naissance en raison de leurs problèmes de santé mentale préexistants. Cette découverte suggère aussi que les interventions visant à soutenir les jeunes mères peuvent permettre d’empêcher le développement de la dépression.
La dépression post-partum est donc évitable avec un soutien adapté. Par ailleurs, sur un plan plus physiologique, de nombreux facteurs de risque connus pour les symptômes dépressifs sont associés à l’activation des voies inflammatoires, c’est aussi l’opportunité d’identifier de nouveaux facteurs de risque en fonction de leurs effets inflammatoires.
Source: Social Science & Medicine 19 October 2018 DOI 10.1016/j.socscimed.2018.10.008 Male infants and birth complications are associated with increased incidence of postnatal depression
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