Publié le 25/03/2021

La mammographie est actuellement considérée comme le meilleur outil de dépistage du cancer du sein.

Dans les pays à revenus faibles et moyens, elle peut toutefois poser des problèmes de coûts et d’accessibilité et donc ne pas constituer le moyen idéal pour le dépistage de masse.

Certains ont suggéré que l’examen clinique des seins pourrait être une alternative, pour ces pays.

Une étude cas-contrôle réalisée au Canada montrait récemment que l’auto-palpation peut être utile pour le dépistage, à condition que les conditions de sa réalisation soient soigneusement contrôlées.

Une équipe de Mumbai a voulu tester l’efficacité du dépistage par l’examen clinique pour diminuer le stade tumoral au moment du diagnostic et réduire la mortalité par cancer du sein, en comparaison avec l’absence de dépistage.

Un essai randomisé contrôlé a été réalisé sur 20 ans, qui a inclus plus de 150 000 participantes âgées de 35 à 64 ans, sans antécédent de cancer du sein.

Elles ont été randomisées en 2 groupes. Les unes (n = 75 360) bénéficiaient de 4 consultations (une tous les 2 ans) associant la palpation des seins et la délivrance d’informations sur le cancer, réalisées par une professionnelle de santé en soins primaires spécialement formée, puis 5 visites de simple surveillance tous les 2 ans.

Celles du groupe témoins (n = 76 178) bénéficiaient d’une information sur le cancer suivie de 8 visites de simple surveillance tous les 2 ans.

Stades plus précoces au moment du diagnostic mais pas d’effet sur la mortalité pour les moins de 50 ans

L’analyse des résultats montre que l’examen clinique des seins, réalisé par une professionnelle entraînée, réduit le délai de diagnostic de cancer d’environ 16 mois, et permet de dépister des cancers à des stades plus précoces, en comparaison avec l’absence de surveillance.

Il apparaît aussi une réduction de 15 % de la mortalité par cancer du sein sur toute la cohorte, allant jusqu’à près de 30 % pour les femmes de 50 ans ou plus.

En revanche, sur l’ensemble du sous-groupe des moins de 50 ans, malgré la réduction du stade au moment du dépistage, la mortalité n’est pas significativement réduite par l’examen clinique.

Selon les auteurs, cette absence d’effet sur la mortalité chez les moins de 50 ans est en adéquation avec des données retrouvées dans certains essais sur la mammographie, et suggère l’intervention de facteurs biologiques encore inconnus.

Toutefois, dans ce groupe d’âge notamment, la baisse de la mortalité semble très dépendante de la compliance, puisque les femmes qui se sont pliées aux 4 visites d’examen clinique bénéficient d’une réduction de la mortalité de 34 %.

La participation à seulement 3 visites réduit le bénéfice à 13 %. Pour les plus de 50 ans, la compliance influe moins sur le résultat (34 % pour 3 visites vs 36 % pour 4 visites).

Les auteurs reconnaissent toutefois que le succès d’une telle surveillance ne pourrait être affirmé au niveau d’une population qu’après plusieurs années d’application dans le cadre d’un programme de santé publique.

Dr Roseline Péluchon

RÉFÉRENCE: Mittra I. et coll. : Effect of screening by clinical breast examination on breast cancer incidence and mortality after 20 years: prospective, cluster randomised controlled trial in Mumbai. BMJ 2021;372:n256. doi.org/10.1136/bmj.n256

Copyright © http://www.jim.fr