https://www.jim.fr/e-docs/00/02/A2/87/carac_photo_1.jpg Publié le 10/07/2018

Les effets d’une carence sévère en iode au cours de la grossesse sur les fonctions intellectuelles de l’enfant sont bien connus. Mais qu’en est-il des « subcarences », qui ne sont pas rares ? C’est ce qui a été recherché au sein de la cohorte Southampton Women Survey, au Royaume Uni.

L’OMS décrit 3 niveaux de déficiences selon l’iode urinaire, léger (50 à 99 µg/l) , modéré (20 à 49 µg/l), sévère (moins de 20 µg/l), pour une normalité entre 100 et 199 µg/l. Au sein d’un pays, l’OMS considère la situation « adéquate » pour une médiane en iode urinaire comprise entre 100 et 299 µg/l, et moins de 20 % des échantillons avec un taux < 50 µg/l.

Dans cette étude, des femmes jeunes ont été suivies avant et après la conception, ainsi que leurs enfants. L’iodurie a été évaluée en période pré-conceptionnelle. L’intelligence a été mesurée chez les enfants à l’âge de 6-7 ans par l’échelle de QI de Wechsler, et les fonctions exécutives (raisonnement, apprentissage) par les tests CANTAB. Les analyses ont été réalisées après ajustement sur l’intelligence maternelle, le niveau d’éducation et la durée de l’allaitement, sur 654 couples mère-enfant.

Les grossesses sont survenues dans une médiane de 3,3 ans après la mesure de l’iodurie, délai assez long, mais selon les auteurs, la consommation alimentaire des femmes est stable dans le temps.

Un risque non négligeable 

Les carences avec iode urinaire < 50 µg/l touchaient 17,8 % des femmes ; l’iodurie médiane était à 108,4 µg/g, et rapporté à la créatinine, le ratio I/Cr était à 114 µg/g. Ce ratio était aussi positivement corrélé au QI de l’enfant. Une baisse de 7,5 points de QI était observée pour un ratio I/Cr < 50 µg/g (soit 8,9 % des mères ici), comparé à I/Cr ≥ 150 µg/g. En revanche les fonctions exécutives n’étaient pas altérées. Ces données, corroborées par d’autres études récentes, suggèrent qu’un déficit en iode modéré, courant, pourrait altérer le développement neurologique des enfants.

Pourtant, selon les critères de l’OMS, avec une médiane à 108,4 µg/l et 17,8 % des prélèvements à moins de 50 µg/l, le statut de cette population vis-à-vis de l’iode est correct. Ceci n’incite pas à des mesures de santé publique correctives, en dépit d’un risque potentiel non négligeable sur le QI. Notons qu’en France, plusieurs enquêtes rapportent des déficiences légères à modérées en iode.

Ces données dans leur ensemble appellent à la réflexion des pouvoirs publics sur l’optimisation du statut des populations en iode et à la vigilance des praticiens sur le statut des femmes et futures femmes enceintes.

Dr Viviane de La Guéronnière

RÉFÉRENCE

Robinson SM et coll. : Preconception Maternal Iodine Status Is Positively Associated with IQ but Not with Measures of Executive Function in Childhood. J Nutr., 2018; 148: 959-966.

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