Publié le 27/05/2020
Au-delà de son rôle déterminant dans la physiologie osseuse et l’homéostasie phosphocalcique, la vitamine D est douée de nombreux effets biologiques qui sollicitent d’autres organes ou structures anatomiques que le squelette. Il est vrai que ses récepteurs ont une tendance à l’ubiquité au sein de l’organisme.
Ses effets sur la masse et les performances du tissu musculaire ont été pressentis de longue date et d’ailleurs, dans la Grèce Antique, Hérodote préconisait les bains de soleil pour raffermir les muscles « mous et faibles », tandis que les Olympiens de l’époque avaient pour directive de se coucher en s’exposant aux rayons solaires pour améliorer leur performance sportive.
L’affaire n’est donc pas nouvelle, mais il a fallu attendre les progrès de la médecine et de la biologie pour transformer ces conseils empiriques en recommandations fondées sur des bases plus solides. Les études sur les bienfaits musculaires de la vitamine D n’ont pas toutes abouti à des résultats concordants et il reste de la place pour des études complémentaires. S’il est vrai que des associations positives entre la force de préhension et les taux de vitamine D ont été établies, on constate qu’elles proviennent, pour la plupart, des pays occidentaux.
Une étude japonaise
Rares sont en effet les études consacrées aux populations du Sud-Est asiatique et, à cet égard, il convient de rapporter une étude transversale japonaise. Elle a inclus 492 sujets d’âge ≥ 40 ans (âge moyen 75,4±9,0 ans), vivant dans la communauté urbaine de Yuzawa.
Les taux sériques de 25-hydroxyvitamine D [25(OH)D] ont été dosés et la force de préhension évaluée parallèlement avec le hand grip test. Diverses covariables ont été prises en compte : albuminémie, indice de masse corporelle et niveau d’activité physique.
L’association entre les taux sériques de 25(OH)D et une faible force de préhension (< 26 kg chez l’homme et < 18 kg chez la femme) a été évaluée par une analyse de covariance couplée à une régression logistique multiple.
Les concentrations sériques moyennes de 25(OH) D étaient de 30,9 ± 9,1 ng/ml. Trois groupes ont été constitués en fonction des valeurs de ce paramètre (en ng/ml) : (1) < 20 (7,3 %) ; (2) 20–29 (37,8 %) ; (3) ≥ 30 : 54,9 %. La force de préhension dans le groupe 1 s’est avérée significativement plus faible que dans le groupe 3 (p ajusté ≤ 0,001). La prévalence d’une force de préhension jugée faible s’est avérée plus de quatre fois plus élevée dans le groupe 1 (versus groupe 3), avec un odds ratio à 4,12.
Ne pas oublier la supplémentation
Un déficit avéré en vitamine D (25(OH)D< 20 ng/ml) était donc associé à une diminution significative de la force de préhension dans cette cohorte de sujets âgés originaires du Japon. La correction de ce déficit vitaminique qui témoigne par ailleurs d’une certaine vulnérabilité est chaudement recommandée, car la vitamine D n’a pas que des effets musculaires.
Dans les périodes de confinement, le déficit ne peut que s’aggraver : cette étude vient rappeler qu’il ne faut pas oublier la supplémentation en vitamine D chez le sujet âgé.
Dr Philippe Tellier
RÉFÉRENCE: Kitsu T et coll. : Low serum 25-hydroxyvitamin D is associated with low grip strength in an older Japanese population. J Bone Mineral Metabolism., 2020 ; 38 : 198–204.
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