Elsa Bellanger | 05.11.2018
Crédit Photo : PHANIE Zoom Cardiologie et pathologies vasculaires
Les défibrillateurs automatiques externes (DAE), implantés dans l’espace public, ont de réels bénéfices tant en termes de santé publique et de coût, selon deux études présentées lors du Symposium des sciences de la réanimation de l’American Heart Association. Un congrès au cours duquel les freins persistants à la pratique du massage cardiaque ont également été mis au jour.
Un bénéfice en termes de survie
Une première recherche, menée au Japon (1), s’attache à quantifier les bénéfices médicaux des défibrillateurs installés dans l’espace public. Sur les 1 743 patients étudiés qui ont eu des arrêts cardiaques hors hôpital, 336 (19,3 %) ont été pris en charge avant l’arrivée des secours avec un DAE. Près de 30 % de ces patients ont survécu au-delà d’un mois avec un état neurologique favorable, contre 9,7 % pour les patients qui n’avaient pas bénéficié d’une intervention avant les secours.
Un autre bénéfice, économique celui-là, a été mesuré par une étude américaine (2). Selon les auteurs, même dans les lieux où les arrêts cardiaques sont moins fréquents, la présence de défibrillateurs est bénéfique. « Le coût des DAE publics, pour gagner une année de vie de qualité, était d’environ 50 000 dollars, un coût généralement considéré comme raisonnable », notent les auteurs.
L’accusation d’agression sexuelle : un frein au massage cardiaque des femmes
Reste que nous ne serions pas tous égaux face à la prise en charge d’un arrêt cardiaque par des passants. Une autre étude américaine, menée par l’École de médecine de l’Université du Colorado, explore les raisons d’une moindre prise en charge des femmes dans l’espace public. Ces dernières reçoivent en effet moins souvent l’aide nécessaire, et notamment le massage cardiaque qui pourrait leur sauver la vie.
Réalisée à partir de questionnaires ouverts soumis en ligne à 54 participants, l’enquête révèle les craintes des « aidants ». Celle d’un contact inapproprié, d’abord, est partagée aussi bien par les hommes que par les femmes. Vient ensuite la crainte d’une accusation d’agression sexuelle, suivie par la peur de causer des dommages physiques.
D’autres raisons relèvent d’à prioris à l’égard des femmes. La poitrine serait, dans l’imaginaire commun, un obstacle à la réalisation d’un massage cardiaque. Il existerait par ailleurs une mauvaise reconnaissance des symptômes chez une femme liée à l’idée que les femmes ne font pas d’arrêt cardiaque ou qu’elles ont tendance à dramatiser, voire à simuler la gravité du mal qui les touche. Face à ces peurs bien réelles, « il est important de réaliser que le massage cardiaque sauve des vies et devrait être systématique pour toute personne qui s’effondre quel que soit son genre, sa race ou son ethnicité », insiste le Dr Sarah M. Perman, l’un des auteurs de l’étude.
(1) Présentée par Takefumi Kishimori, Université de Kyoto.
(2) Présentée par Lars W. Andersen, Centre de recherche sur la médecine d’urgence, Aarhus, Danemark.
Source : Lequotidiendumedecin.fr