Actualités – publiée le 24/09/2019 par Équipe de rédaction Santélog
Trends in Cognitive Sciences
Le cerveau « en prend un coup » lorsque les artères vieillissent, écrivent ces chercheurs de l’Université d’’Umeå (Suède) qui expliquent pourquoi la mémoire se détériore avec l’âge. Avec le vieillissement, les battements du cœur entraînent une augmentation de la charge cérébrale, endommageant les plus petits vaisseaux sanguins du cerveau. Ces travaux, présentés dans la revue Trends in Cognitive Sciences, contribuent à expliquer, en particulier, le lien déjà documenté entre démence et troubles cérébrovasculaires.
La plupart d’entre nous allons connaître une détérioration de la mémoire avec l’âge, même en cas de vieillissement normal. Si cette relation entre le vieillissement du cerveau et du corps est bien connue, le mécanisme sous-jacent l’est moins. L’étude identifie une cascade d’événements qui peut contribuer à expliquer la relation entre le vieillissement du cerveau et celui des vaisseaux, explique son auteur principal, le Dr Lars Nyberg, professeur à l’Université d’Umeå.
Des battements du cœur aux plus petits vaisseaux du cerveau
Son équipe a ainsi développé un modèle explicatif qui débute par les battements du cœur, « passe » par les plus grandes artères du corps pour arriver jusqu’aux vaisseaux cérébraux les plus fins. Ce modèle permet d’expliquer pourquoi, avec le vieillissement des vaisseaux certains processus cognitifs sont plus spécifiquement touchés.
Les artères se rigidifient : au fur et à mesure que le corps humain vieillit, les grandes artères, telles que l’aorte, se rigidifient et perdent une grande partie de leur capacité à absorber l’augmentation de la pression générée par l’éjection par le cœur du sang dans les artères. La pression est alors reportée sur des vaisseaux sanguins plus petits, dont ceux présents dans le cerveau.
Les plus petits vaisseaux sanguins sont alors soumis à un stress accru : les capillaires sont sous le coup de cette pression trop forte qui endommage les cellules situées à l’intérieur et autour des parois des capillaires (cellules endothéliales). Des cellules qui jouent un rôle important dans la régulation du flux sanguin capillaire.
L’afflux sanguin est insuffisant pour les fonctions cognitives de haut niveau : si les plus petits vaisseaux sanguins sont endommagés, cela nuit à la capacité d’augmenter l’apport sanguin au cerveau nécessaire lors des processus cognitifs les plus exigeants. Selon le modèle des chercheurs, l’hippocampe se révèle alors une zone particulièrement vulnérable. Or sa structure est cruciale pour la mémoire épisodique, c’est-à-dire la capacité de se souvenir d’événements passés. La vulnérabilité de l’hippocampe s’explique par la proximité de grands vaisseaux et donc par une exposition de plein fouet à cette charge sanguine accrue. Chez une personne âgée, ces augmentations de pression peuvent être si puissantes qu’elles affectent les tissus cérébraux et endommagent l’irrigation des zones impliquées dans les processus de la mémoire.
Ce décryptage permet de mieux expliquer les résultats de précédentes études suggérant cette relation entre flux cérébral sanguin et déclin cognitif. C’est, selon les chercheurs, un point de départ prometteur pour trouver des solutions pour ralentir ce processus de déclin.
Source: Trends in Cognitive Sciences July 11, 2019 DOI: 10.1016/j.tics.2019.06.004 At the Heart of Cognitive Functioning in Aging
Plus sur les Troubles cérébrovasculaires et le déclin cognitif sur Neuro Blog