Publié le 05/08/2018
Les États-Unis se distinguent des pays industrialisés et favorisés à plus d’un égard et la liste des différences est longue. L’espérance de vie en fait partie et il apparaît qu’elle est plus brève que dans les pays à revenus comparables, pour des motifs multiples. Le système de santé est l’un des plus performants du monde, même si l’accès aux soins est moins égalitaire que dans d’autres pays occidentaux, mais ce n’est pas cette caractéristique qui saurait expliquer la moindre longévité et la mortalité prématurée, observées aux États-Unis.
Deux études: Nurses’ Health Study et Health Professionals Follow-up Study
Non, c’est probablement dans l’hygiène de vie et les facteurs associés que réside l’explication, comme le suggère l’analyse des données de deux études de cohorte prospectives combinées, en l’occurrence la Nurses’ Health Study (1980-2014; n=78 865) et la Health Professionals Follow-up Study (1986-2014, n=44 354). Cinq facteurs témoignant d’une bonne hygiène de vie ont été définis : (1) absence de tabagisme ; (2) indice de masse corporelle entre 18,5 et 24,9 kg/m2 ; (3) activité physique modérée ou vigoureuse d’une durée ≥30 min/jour ; (4) consommation modérée ou faible d’alcool ; (5) alimentation de haute qualité définie par des critères quantitatifs.
Ces facteurs ont permis de calculer un score de 0 à 5, pour chaque participant, et les risques relatifs de décès, en fait les hazard ratios (HRs) correspondant ont été estimés sur la période 2013-2014 à partir des bases de données WONDER constituées auprès des Centers for Disease Control and Prevention qui quadrillent le territoire des États-Unis. La méthode des tables de survie a été appliquée pour estimer l’espérance de vie en fonction des scores d’hygiène de vie.
Au cours du suivi de 34 années, ont été dénombrés 42 167 décès toutes causes confondues. Une analyse multivariée avec ajustements a permis d’évaluer le HR ajusté de mortalité globale chez l’adulte à 0,26 (intervalle de confiance à 95 % [IC] : 0,22-0,31) en présence des 5 facteurs de longévité précédemment définis (versus aucun de ces facteurs). Les valeurs correspondant à la mortalité par cancer et par maladie cardiovasculaire ont été respectivement estimées à 0,35 (IC : 0,27-0,45) et 0,18 (IC : 0,12-0,26).
Le risque attribuable dans la population n’adhérant pas aux cinq facteurs de longévité a été estimé à 60,7 % (IC : 53,6-66,7) pour la mortalité globale versus, respectivement 51,7 % (IC : 37,1-62,9) et 71,7 % (IC : 58,1-81,0) pour la mortalité par cancer et par maladie cardiovasculaire. Chez ceux et celles qui étaient adeptes de cette hygiène de vie délétère (aucun facteur de longévité), l’espérance de vie a été sérieusement amputée : ainsi, chez les femmes, à l’âge de 50 ans, cette dernière était de 29 ans (IC : 28,3-29,8) et de 25,5 ans chez les hommes (IC : 24,7-26,2).
En revanche, chez les participants ayant adopté une hygiène de vie optimale, les cinq facteurs de longévité étant présents, l’espérance de vie à 50 ans a été estimée à 43,1 années (IC : 41,3-44,9) chez les femmes versus 37,6 (IC : 35,8-39,4) chez les hommes. Entre zéro et cinq facteurs, la différence d’espérance de vie a été en moyenne de 14 ans (IC : 11,8-16,2) dans le sexe féminin et de 12,2 ans (IC : 10,1-14,2) dans le sexe masculin.
Cette étude, qui combine les données de deux grandes cohortes suivies pendant 34 années, confirme une hypothèse présente à l’esprit de tous, mais en en lui donnant une dimension quantitative : l’adoption d’une bonne hygiène de vie devrait réduire de manière plus que substantielle la mortalité prématurée aux États-Unis, en prolongeant donc l’espérance de vie.
Dr Catherine Watkins
RÉFÉRENCE
Li Y et coll. : Impact of healthy lifestyle factors on life expectancies in the US population. Circulation 2018 Publication avancée en ligne le 30 avril. doi: 10.1161/CIRCULATIONAHA.117.032047.
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