Publié le 21/02/2020

Dans la mesure où la dépression constitue une cause majeure d’invalidité, en particulier chez les personnes âgées où son évolution est souvent défavorable, une équipe du Royaume-Uni a mené une étude comparant l’évolution de la prévalence des dépressions et de l’usage des antidépresseurs en gériatrie durant une vingtaine d’années, entre la fin du XXème siècle et la première décennie du XXIème.

Les auteurs ont rapproché des données de 1990 à 1993 (relatives à 7 635 sujets âgés de 65 ans ou plus) à des données recueillies entre 2008 et 2011 (concernant 7 762 sujets de la même tranche d’âge). L’évaluation des troubles dépressifs a été réalisée au moyen de l’outil Geriatric Mental State Examination[1] (avec l’assistance d’un algorithme informatique approprié, Automated Geriatric Examination for Computer-Assisted Taxonomy algorithm).

Dans la seconde cohorte (années 2008–2011), les auteurs constatent que la prise d’un traitement antidépresseur concerne 10,7 % [intervalle de confiance à 95 % [IC95] de 10,0 % à 11,5 %] des sujets, soit « plus du double » que pour la cohorte comparable, vingt ans plus tôt (OR [odds Ratio] = 2,79 [IC95 de 1,96 à 3,97] ; p < 0,0001).

Et parmi les résidents des maisons de retraite médicalisées, bien que la prévalence globale des dépressions demeure inchangée durant cette période, on observe une augmentation encore plus importante des prescriptions d’antidépresseurs passant de 7,4 % [IC95 de 3,8 % à 13,8 %] vers 1990 à 29,2 % [IC95 de 22,6 % à 36,7 %) vers 2010, soit environ une multiplication par quatre de ces prescriptions malgré une stabilité de la fréquence des diagnostics de dépression.

Confirmant donc l’intérêt croissant pour les traitements pharmacologiques des dépressions, cette évolution contrastée peut être appréciée par son aspect positif puisque moins de dépressions restent ainsi non traitées.

Elle peut aussi être analysée par son versant négatif avec un risque accru d’effets indésirables dans cette population vulnérable et une place plus réduite accordée apparemment aux ressources non médicamenteuses, comme les psychothérapies.

[1] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/12211122

Dr Alain Cohen

RÉFÉRENCE : Arthur A et coll. : Changing prevalence and treatment of depression among older people over two decades. Brit Journal Psychiatry 2020 (216) : 49–54.

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