Publié le 10/09/2019
Les études qui se sont appliquées à évaluer, en fonction du genre, le risque de survenue d’une cardiopathie ischémique liée à un tabagisme sont parvenues à des résultats très variés. C’est ce qui a conduit Palmer et coll. à tenter de différencier plus particulièrement, en fonction du genre des patients, les effets du tabac sur le risque croissant d’infarctus du myocarde avec sus-décalage du segment ST (IDM ST+).
L’étude rétrospective écologique, a été menée sur tous les patients qui avaient été hospitalisés, entre 2009 et 2014, pour un IDM ST+ dans un centre cardio-thoracique tertiaire du Royaume Uni. Les données de ces patients ont été confrontées à celles de la population générale afin d’évaluer l’incidence de l’IDM ST+. Les rapports de risque (RR) standardisés en fonction de l’âge ont été comparés chez les fumeurs et les non-fumeurs qui ont été stratifiés selon le genre et selon 3 tranches d’âge (18 à 49, 50 à 64 et > 65 ans).
L’analyse a porté sur 3 343 patients soit plus de 5 639 328 personne-années.
Dans le groupe des fumeurs habituels, le pic de fréquence de l’IDM ST+ se situait entre 70 et 79 ans chez les femmes (235 pour 100 000 patient-années) et entre 50 et 59 ans chez les hommes (425 pour 100 000 patient-années).
Risque doublé chez les femmes par rapport aux hommes entre 50 et 64 ans
Le fait de fumer s’est trouvé associé à un risque d’IDM ST+ significativement plus élevé chez les femmes que chez les hommes (RR 6,62 ; intervalle de confiance [IC] 95 % : 5,98 à 7,31 vs 4,40; IC 95 % : 4,15 à 4,67).
Le risque le plus élevé a été noté chez les femmes âgées de 18 à 49 ans (RR 13,22 ; IC 95 % : 10,33 à 16,66 vs 8,60; IC 95 % : 7,70 à 9,59 chez les hommes du même âge).
La plus grande différence de risque a été objectivée dans le groupe des patients âgés de 50 à 64 ans pour lequel le risque des femmes était plus du double de celui des hommes (RR 9,66 ; IC 95 % : 8,30 à 11,18 vs 4,47 ; IC 95 % : 4,10 à 4,86).
En conclusion, cette étude a quantifié la différence d’effet du tabac dans les deux sexes quant à la survenue d’un IDM ST+ aigu ; ce dernier s’est avéré être significativement plus fréquemment en cause chez les femmes que chez les hommes. Ces résultats sont un encouragement supplémentaire à continuer sans relâche de prévenir toutes formes de tabagisme et d’inciter les fumeurs à cesser de fumer.
Dr Robert Haïat
RÉFÉRENCE: Palmer J et coll. : Differential Risk of ST-Segment Elevation Myocardial Infarction in Male and Female Smokers. J Am Coll Cardiol., 2019; 73: 3259–66.
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