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Description générée automatiquement Publié le 19/06/2021

L’épidémie de Covid-19 a eu un impact sur la santé mentale des adolescents. A partir de mars 2020 on a constaté chez eux une augmentation des symptômes dépressifs, de l’anxiété… ainsi que des comportements suicidaires. Une étude menée dans trois Services d’Urgences Pédiatriques [SUP] de Houston (Texas, USA), fournit des données chiffrées sur l’augmentation du risque de suicide chez les ados texans en période épidémique.

Les SUP constituent un lieu privilégié de dépistage du risque de suicide : selon une étude, 40 % des ados décédés par suicide seraient passés aux Urgences au cours de l’année précédant leur mort.

Les 3 SUP de Houston soumettent donc à tous les consultants de 11 à 21 ans, capables de répondre, un auto-questionnaire sur tablette pour évaluer leur risque de suicide, ce qui permet de comparer les 7 premiers mois de 2020, période où l’épidémie a débuté, aux mêmes mois de 2019.

L’auto-questionnaire est une version courte de la Columbia-Suicide Severity Rating Scale [C-SSRS]. Deux questions portent sur les pensées suicidaires le mois précédent ; en cas de réponse positive, des questions complémentaires précisent si un passage à l’acte est envisagé. Une question porte sur les tentatives de suicide ; en cas de réponse positive, une question précise si la tentative est récente (datant de moins de 3 mois). La conduite à tenir dépend des réponses.

Globalement, 68 % des consultants (12 827/18 247) ont répondu à l’auto-questionnaire. Ces sujets sont âgés de 14,5 ± 2,2 ans (89 % ont 11 à 17 ans), comprennent 59 % de filles et appartiennent à des ethnies variées (latino-américaine, caucasienne, noire, etc.). Seulement 3,5 % d’entre eux (n = 454) consultaient pour des comportements suicidaires.

Augmentation des taux de pensées suicidaires et de tentatives de suicides entre 2019 et 2020

Malgré un fléchissement des passages dans les SUP au début de l’épidémie, les taux de pensées et de tentatives de suicide ont augmenté en 2020.

Des pensées suicidaires ont été exprimées par 1 134 répondants de janvier à juillet 2019, et par 899 répondants de janvier à juillet 2020.

Par comparaison avec les mois correspondants de 2019, les taux de répondants avec des pensées suicidaires sont plus élevés en mars 2020 (21,1 % vs 14,3 % ; p < 0,001 ; Odds Ratio [OR] = 1,60) et en juillet 2020 (16,3 % vs 11,9 % ; p < 0,01 ; OR = 1,45).

Des tentatives de suicide récentes (< 3 mois) ont été rapportées par 268 répondants de janvier à juillet 2019, et par 286 répondants de janvier à juillet 2020.

Par comparaison avec les mois correspondants de 2019, les taux de répondants qui ont fait une tentative de suicide récente sont plus élevés en mars et en avril 2020, lors de la première vague de l’épidémie (7,3 %, vs 3,3 %,  p < 0,001, OR = 2,34 en mars ; 5,6 % vs 3,3 % , p = 0,02, OR = 1,75 en avril) et en juillet, à la reprise des mesures d’isolement, qui avaient été allégées en mai et juin (6,4 % vs 3,7 %, p = 0,01, OR = 1,77).

Aucun sexe, aucune ethnie ne paraissent plus exposés à des pensées ou à des tentatives de suicide en 2020. Ce sont les seuls facteurs de risque qui ont pu être analysés.

Au total, l’étude illustre le rôle que les SUP peuvent jouer dans le dépistage du risque de suicide chez les adolescents. Il est sans doute hasardeux de vouloir extrapoler ses résultats à d’autres contextes nationaux, mais elle suggère qu’en 2020 la variation des pensées et des tentatives de suicide des adolescents a suivi l’évolution de l’épidémie de Covid-19 et de ses niveaux de peur et d’isolement social (distanciation physique, suspension de la scolarisation).

Dr Jean-Marc Retbi

RÉFÉRENCE : Hill RM et coll. : Suicide ideation and attempts in a pediatric emergency department before and during Covid-19. Pediatrics 2021; 147(3) : 2020029280

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