Publié le 05/01/2021

A côté des nombreuses questions pratiques et techniques que pose la vaccination contre la Covid-19, une réflexion éthique semble nécessaire concernant la vaccination des enfants.

Au fil de la pandémie, il est apparu que les enfants présentaient le plus souvent des formes pauci-symptomatiques de la Covid-19. Des cas de syndrome inflammatoire multisystémique « pseudo-Kawasaki », ont bien été décrits, mais sont restés rares.

De nombreux travaux montrent désormais que l’incidence de la maladie est aussi plus faible chez l’enfant.

Les données chinoises indiquent que seulement 1 % des cas dénombrés en Chine concerne la population pédiatrique, et en Islande aucun test PCR n’est revenu positif chez les enfants de moins de 10 ans.

En Suisse et aux Etats-Unis, des études de séroprévalence montrent que celle-ci est inférieure de 50 % chez les 5-11 ans comparativement aux adolescents.

Le rôle des enfants dans la transmission du virus est, quant à lui, encore controversé. Le virus est retrouvé dans les prélèvements naso-pharyngés des enfants, à tout âge et à des concentrations égales voire supérieures à celle des adultes.

Toutefois, de nombreuses données indiquent que, lors d’une transmission familiale, celle-ci est le fait des adultes et non des enfants.

Prouver l’innocuité du vaccin chez l’enfant et l’impact bénéfique sur la transmission

L’incidence et la gravité de la Covid-19 étant faibles chez l’enfant, la vaccination n’aurait donc pas comme objectif de les protéger, mais plutôt celui de protéger la communauté et surtout les plus âgés et les personnes à risque.

Dès lors, et pour respecter la balance bénéfice/risque, il est indispensable que chaque candidat-vaccin prouve son innocuité quand il est administré à l’enfant, ce qui, pour le moment, n’est pas le cas.

D’autre part, la vaccination pédiatrique devra prouver qu’elle atteint son objectif, celui d’interrompre ou de réduire la transmission du virus.

Or, pour le moment, les essais se concentrent sur la preuve de l’induction de l’immunité et de la protection individuelle contre la maladie, mais aucune étude n’a prouvé l’effet de la vaccination sur la transmission du virus.

En suivi post-commercialisation, l’apport de la preuve que les sujets vaccinés ne sont plus transmetteurs risque de prendre un certain temps.

Rappelons toutefois que pendant que le monde entier attend les vaccins contre le SARS-CoV-2, les investigations montrent que les vaccinations de routine ont été grandement affectées par le confinement.

Avant de disposer d’un vaccin sûr et efficace contre la Covid-19, assurons-nous que les calendriers vaccinaux soient respectés, pour protéger les enfants et éviter la survenue d’épidémies de maladies évitables, comme la rougeole par exemple.

Dr Roseline Péluchon

RÉFÉRENCES: Eberhardt CS et coll. : Is there a role for childhood vaccination against COVID-19? Pediatr Allergy Immunol., 2020;00:1–8. doi.org/10.1111/pai.13401

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