Publié le 19/03/2021
Des études réalisées récemment au Royaume-Uni ont montré que l’immunité persistait au moins 5 à 6 mois après une infection par le SARS-CoV-2.
Le degré de l’immunité protectrice après la Covid-19 est toutefois encore mal précisée.
Le sujet est pourtant déterminant quand il s’agit d’envisager l’évolution de la pandémie dans les mois à venir.
Pour en savoir plus, une équipe danoise a exploité les tests PCR réalisés au cours de la 1ère et de la 2ème vagues épidémiques.
Environ 10,6 millions de tests ont été réalisés au Danemark en 2020, concernant 4 millions d’individus (69 % de la population) et offrant une base de données conséquente.
Les auteurs ont analysé les données de plus de 530 000 personnes testées au cours de la première vague, parmi lesquelles 11 727 (2,20 %) avaient des résultats positifs pour une infection au SARS-CoV-2 (2,20 %).
Taux de protection naturelle : 80,5 %…
Parmi ces dernières, 72 ont à nouveau eu ensuite des tests positifs, soit 0,65 %.
Ce taux est à comparer à celui de l’autre groupe, soit 16 817 personnes testées négatives lors de la 1ère – 2ème vague et positives ensuite, soit 3,27 % (risque relatif RR ajusté 0,195 ; intervalle de confiance à 95 % IC 0,155 à 0,246).
Les auteurs évaluent donc à 80,5 % le taux de protection conférée par la première infection.
Ce taux de protection diminue toutefois avec l’âge et est trouvé inférieur à 50 % après 65 ans.
En revanche le genre ne modifie pas le degré de protection (78,4 % pour les hommes vs 79,1 % pour les femmes).
Il n’apparaît pas non plus de modification de la protection avec le temps (79,3 % pendant le suivi de 3-6 mois vs 77,7 % au-delà de 7 mois).
Il faut bien admettre que ce taux de protection est plus bas et inquiétant que ce qui était annoncé jusqu’à présent. L’étude la plus vaste venait du Qatar et donnait un risque de réinfection de 0,2 %.
Mais elle avait été réalisée sur une cohorte de personnes symptomatiques, alors que la cohorte danoise était issue d’une initiative nationale offrant le test aussi bien à des personnes symptomatiques que non symptomatiques.
Pour expliquer la différence, les auteurs avancent l’hypothèse d’une protection moins bonne après une infection asymptomatique.
Un argument pour vacciner ceux qui ont été vaccinés
Notons aussi que selon ces données, l’immunité conférée par l’infection semble inférieure à celle annoncée généralement pour les vaccins.
Comme le souligne l’éditorialiste du Lancet, si, comme semblent l’indiquer les données, la réponse après une dose de vaccin est augmentée chez les patients auparavant infectés par le SARS-CoV-2, cela indique que l’immunisation de la population par la vaccination est une option plus pertinente que de miser sur une immunisation « naturelle ».
Et cela confirme aussi la nécessité de vacciner les personnes ayant déjà été infectées, notamment celles de plus de 65 ans.
Dr Roseline Péluchon
RÉFÉRENCES: Holm-Hansen C et coll. : Assessment of protection against reinfection with SARS-CoV-2 among 4 million PCR-tested individuals in Denmark in 2020: a population- level observational study. Lancet 2021 ; publication avancée en ligne le 17 mars. doi.org/10.1016/S0140-6736(21)00575-4
Boyton RJ et coll. : Risk of SARS-CoV-2 reinfection after natural infection. Lancet 2021 ; publication avancée en ligne le 17 mars. 10.1016/S0140-6736(21)00662-0
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