https://www.jim.fr/e-docs/00/02/A7/F3/carac_photo_1.jpg Publié le 08/10/2018

Beaucoup de femmes, en âge de procréer, interrogent leur praticien sur l’opportunité de continuer à courir pendant la grossesse. Les guidelines pour les femmes enceintes recommandent 30 minutes d’exercice quotidien modéré, sur la base de données probantes de la littérature. Selon ces dernières également, l’exercice physique peut réduire la prise de poids gestationnelle permettant ainsi de limiter le risque d’éclampsie, de diabète gestationnel et d’hypertension, et de faciliter la perte de poids en post-partum. Il pourrait également être bénéfique pour le fœtus car la prise de poids chez la femme enceinte est fortement associée à la macrosomie fœtale. La crainte persiste toutefois qu’un exercice excessif pendant la grossesse soit à l’origine d’un faible poids à la naissance (avec un risque accru d’obésité centrale et de morbidité cardiovasculaire futures), d’anomalies congénitales fœtales (par diminution du flux sanguin vers l’utérus), d’un accouchement prématuré et de perturbations du rythme cardiaque maternel et fœtal. Qu’en est-il pour la course à pied, activité physique sollicitant fortement le périnée et générant potentiellement des chocs lors de l’impact du pied au sol ?

Une étude de cohorte rétrospective internationale menée sur 1 293 femmes pratiquant la course à pied et portant sur le mode de vie pendant la grossesse, a recherché un impact éventuel de la course sur l’âge gestationnel et le poids à la naissance du bébé, en tant qu’indicateurs de la croissance et de la fonction placentaire respectivement.

Ces 1 293 participantes avaient été recrutées par Parkrun, organisateur de courses hebdomadaires impliquant 1,25 million de coureurs dans 450 parcs du monde entier. Les femmes ont été distinguées selon qu’elles avaient continué ou non à courir pendant la grossesse. Celles qui avaient poursuivi la course ont été également classées en fonction du kilométrage hebdomadaire moyen parcouru et au cours de(s) quel(s) trimestres de la grossesse.

Pas d’impact sur l’âge gestationnel et le poids à la naissance

A l’analyse des résultats, il n’apparaît pas de différence significative pour l’âge gestationnel à l’accouchement : 279,0 vs 279,6 jours (différence moyenne 0,6 jour, intervalle de confiance à 95 % [IC] −1,3 à 2,4 jours ; P = 0,55) ou pour le percentile du poids à la naissance : 46,9 % vs 44,9 % (différence moyenne 2,0 %, IC 1,3 % à −5,3 %, p = 0,22) chez les femmes qui ont cessé de courir et chez celles qui ont continué, respectivement. Le taux d’accouchement par voie basse assistée a par contre augmenté chez les femmes qui avaient continué à courir au cours de leur grossesse : 195/714 (27 %) vs 128/579 (22 %) (Odds Ratio 1,32 ; IC 1,02 à 1,71 ; P = 0,03).

Continuer à courir de manière récréative pendant la grossesse ne semble donc pas avoir d’incidence sur l’âge gestationnel ou le percentile du poids à la naissance, indépendamment de la distance hebdomadaire moyenne parcourue ou du stade de la grossesse. Cependant, les taux d’accouchements assistés par voie basse apparaissent plus élevés chez les femmes ayant continué la course pendant leur grossesse, probablement en raison de la modification du tonus musculaire du plancher pelvien. A noter que les auteurs n’ont pas examiné l’influence d’autres exercices effectués concomitamment pendant la grossesse, et que, de plus, les participantes à l’étude suivaient principalement un temps de course allant de 15 à 50 minutes.

Anne-Céline Rigaud

RÉFÉRENCE  –   Kuhrt K and coll.: Is recreational running associated with earlier delivery and lower birth weight in women who continue to run during pregnancy? An international retrospective cohort study of running habits of 1 293 female runners during pregnancy. BMJ Open sport and exercise medicine, 2018; 4: 1. doi: 10.1136/bmjsem-2017-000296.

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