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Le tout premier AC 75 ! | EMIRATES TEAM NEW ZEALAND
Bruno MÉNARD. Publié le 06/09/2019
Le Defender de l’America’s Cup a lancé cette nuit à Auckland son premier AC75, baptisé « Te Aihe » (Dauphin). Ce monocoque à foils incroyablement innovant, véritable tapis volant des mers, est le tout premier AC75. Il a nécessité plus de 100 000 heures de travail. A partir de ce premier bateau, les Néozélandais vont en construire un deuxième qui, lui, sera destiné à conserver le plus vieux trophée sportif du monde : la Coupe de l’America.
Explications.
Mesdames et messieurs, voici la bête. Voici le tout premier bateau de la première génération d’AC75, ces fantastiques monocoques à foil. Emirates Team New Zealand a lancé officiellement la nuit dernière à Auckland son Te Aihe (Dauphin), première version du « bateau-tapis volant » avec lequel les Kiwis veulent à tout prix conserver l’aiguière d’argent de la Coupe de l’America, le plus vieux trophée sportif du monde, lancé en 1851.
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D’ici là, les All Blacks auront peut-être alors de nouveau gagné la coupe du monde de rugby. Le pays nagerait alors dans un bonheur inouï, régnant à la fois sur les mers et sur les pelouses d’ovalie. A Auckland, la légende veut que chaque chauffeur de taxi connaisse toutes les combinaisons en touche des Blacks et tous les noms des marins du cru à avoir ramené la Coupe de l’America à la maison. On s’égare, mais c’est pour illustrer la force de l’événement qui s’est déroulé cette nuit à l’autre bout du monde. Bref. La bête est donc lancée et au printemps 2021, tout un pays comptera sur elle et son équipage de onze marins pour montrer à la planète entière que les Kiwis sont les meilleurs marins du monde en régate inshore.
Le premier étage de la fusée qui doit décrocher la lune, à savoir gagner la Cup, encore ! | EMIRATES TEAM NEW ZEALAND
100 000 heures de travail
Les chiffres ? Le Te Aihe mesure 75 pieds donc 23 mètres de long, se hisse sur des foils très innovants dont le « tirant d’eau » est de 5 mètres. Le mât rotatif qui constitue le bord d’attaque de la « grand voile double-face » culmine 26,50 mètres au-dessus du pont. Poids du bateau : 6 tonnes et demi seulement. On vous laisse imaginer les trésors de technologie déployés pour arriver à ce résultat qui devrait faire voler l’engin à des vitesses indécentes.
Le baptême à Auckland. | EMIRATES TEAM NEW ZEALAND
Grant Dalton, légendaire big boss d’ETNZ et son adjoint Kevin Shoebridge, directeur opérationnel, pouvaient être fiers cette nuit à Auckland en dévoilant la bête. Kevin Shoebridge : « C’est une étape importante pour l’équipe, pas seulement parce que c’est un nouveau, mais parce que, lorsque nous avons remporté la Coupe de l’America en 2017, nous avons très vite dû proposer un nouveau concept qui continuerait à repousser plus loin les frontières de l’innovation et de la technologie dans la Coupe de l’America. Donc, dans ce délai relativement court depuis novembre 2017 quand nous avons publié le concept, le voir en chair et en os aujourd’hui est un formidable témoignage de la volonté de toute l’équipe de faire avancer les choses. » Shoebridge a poursuivi : « ce bateau est à la pointe de la complexité en termes de conception, de construction et de performances.”
Un deuxième bateau à venir
Pas moins de 100 000 heures de travail et une équipe de 65 personnes dont 30 designers ont été (et sont toujours) mobilisés dans un chantier dédié à Auckland pour parvenir à ce premier résultat, que les Kiwis ne vont cesser d’optimiser d’ici la Coupe de l’America qui aura lieu en mars 2021. Et ce Dauphin aura un petit frère, dans la plus pure tradition de la Coupe, lequel sera encore plus optimisé, encore plus performant, encore plus rapide.
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Un deuxième bateau sera construit à partir de cette base. | EMIRATES TEAM NEW ZEALAND
Dan Bernasconi, chef de la conception chez Emirates Team New Zealand, l’a d’ailleurs déjà annoncé officiellement cette nuit : « Nous ne devons pas tarder à nous engager dans la conception de notre deuxième bateau, celui avec lequel nous irons au final courir la Coupe de l’America 2021. Nous devons donc tester autant d’idées que possible à bord de celui que nous lançons aujourd’hui. «
Méthode originale, sans « maquette »
Certains challengers comme les Américains et les Anglais ont construit des prototypes plus petits (35 et 28 pieds) pour se préparer et les vidéos de leurs premières évolutions ont d’ailleurs fait sensation sur le Net. Pour vous faire une idée du vol sur ces engins, regardez voler les « maquettes » des challengers. Il suffit d’imaginer que l’AC75 est un bateau similaire… mais deux fois plus grand !
Pour voir les maquettes des challengers voler c’est ici :
. Vidéo sur « La Mule », l’AC75 est (presque) le même deux fois plus grand
. Vidéo les prototypes américain et anglais pour l’America’s Cup
. Vidéo attention OVNI sur l’eau
Le Defender Team New Zealand, lui, n’a pas opté pour cette philosophie (construire plus petit pour voir) mais a tout développé sur simulateur. En clair, l’équipage va directement naviguer à l’échelle 1, sur le gros tapis volant. Autrement dit, quand cet AC 75 aura pris son envol pour la première fois, ce sera aussi la première fois que les marins kiwis navigueront collectivement depuis leur victoire dans la Coupe de l’America du 26 juin 2017, il y a un peu plus de deux ans.
Pas de quoi effrayer le barreur Glenn Ashby : « La première fois que nous naviguerons à bord de ce bateau, ce ne sera pas sans peine… mais ce sera aussi le cas pour les autres équipes ! » Sous entendu : à cette échelle…
La première régate du Dauphin sera l’ACWS Sardegnha, en avril 2020. D’ici là, ETNZ va « consacrer des heures à développer le concept et s’entraîner sur l’eau ». Notamment enchaîner les tests sur le golfe d’Hauraki, avec l’avantage incontestable de travailler sur le plan d’eau où se disputera la prochaine Coupe de l’America.
Ce n’est pas nouveau : dans cette épreuve mythique, le tenant du titre – qu’on appelle le « Defender » – bénéficie toujours d’une énorme longueur d’avance. Entre autres, pour faire simple, parce qu’il écrit les règles et qu’il joue à domicile. On peut trouver cela injuste ou déséquilibré, mais c’est aussi pour cela que la Coupe est si difficile à conquérir ! Pour cela aussi qu’elle reste mythique… et qu’à chaque fois qu’un pays l’arrache à un autre c’est un exploit retentissant. En la faisant revenir au monocoque après les années multi, les Kiwis se sont lancés un défi gigantesque. Le lancement de l’AC75 cette nuit n’est que le premier étage de la fusée. Une fusée qu’on a hâte de voir naviguer. Pardon, qu’on a hâte de voir voler.
Voir aussi : Les toutes premières images de l’AC75 néozélandais