Revue de presse Mediscoop du 08-02-2021
Par le Dr Sophie Florence (Paris) [Déclaration de liens d’intérêts]
Suite à la « crise des pilules » survenue en France en 2012, le choix de certaines femmes d’utiliser le DIU au détriment de la pilule les a conduites à changer de prescripteurs·trices, d’une part, et incité ces dernièr·e·s à modifier leurs pratiques prescriptives, d’autres part.
Des chercheurs ont examiné les changements du suivi médical des femmes en matière de contraception entre 2010 et 2016 à partir des données des enquêtes transversales Fecond 2010 et 2013 et du Baromètre Santé 2016.
Leurs résultats sont publiés dans la Revue d’Epidémiologie et de Santé Publique.
En décembre 2012, une controverse médiatique sur les risques sanitaires associés à l’utilisation de la contraception orale, ou « crise des pilules », a éclaté en France entrainant un changement des pratiques contraceptives des femmes.
Ici, les auteurs ont examiné les pratiques contraceptives des femmes et la spécialité de la·du professionnel·le de santé leur ayant prescrit la méthode qu’elles utilisaient. Au total, 10.610 femmes concernées par la contraception, ont été inclues (3937 en 2010, 3365 en 2013 et 3308 en 2016).
Les auteurs ont observé que l’on observe une baisse de l’utilisation de la pilule au profit du DIU et de l’implant. Les femmes se sont davantage rendues chez un·e gynécologue ou un·e sage-femme que chez un·e généraliste.
En 2016, le type de recours reste largement dépendant des caractéristiques sociodémographiques des femmes : celles étant plus âgées, d’une position sociale favorisée et résidant en zone urbaine avaient davantage recours à un·e gynécologue pour la prescription de leur méthode de contraception.
Le recours aux sages-femmes pour la prescription d’une méthode de contraception était plus fréquent chez les femmes ayant déjà eu des enfants, et bénéficiant de la Sécurité sociale mais n’ayant pas de mutuelle.
Les auteurs concluent qu’en 2016, l’accès aux gynécologues reste socialement différencié.
Le transfert de compétence vers les sages-femmes ne temporise pas encore ces inégalités.
Pourtant, de par leur formation médicale et un prix des consultations inférieur à celui pratiqué par les gynécologues, ces dernières pourraient permettre aux femmes de classes populaires un meilleur accès aux différentes méthodes de contraception disponibles.
Référence : Le Guen M, Agius R, Panjo H, Moreau C; groupe Baromètre Santé 2016.
The French « pill scare »: Did women go to a gynecologist more often to have an easier access to the IUD? – Rev Epidemiol Sante Publique. 2020 Nov;68(6):347-355.
Date de publication : 8 février 2021