Charlène Catalifaud – | 13.02.2019
Crédit Photo : PHANIEZoom
- Nutrinet : la consommation d’aliments ultra-transformés liée à une augmentation du risque de cancer du sein
- Nutrition
Une étude observationnelle française réalisée à partir de la cohorte NutriNet-Santé montre une association probable entre augmentation de la part des aliments ultratransformés (plats préparés contenant des additifs, sodas…) et mortalité toutes causes. Cette étude est parue dans « JAMA Internal Medicine ».
« À notre connaissance, il s’agit de la première étude à avoir analysé le lien avec la mortalité », indique au « Quotidien » Mathilde Touvier, directrice de recherche à l’INSERM et co-auteur de l’étude. De précédentes études ont en revanche montré une augmentation du risque de maladies non transmissibles (hypertension, dyslipidémie, cancer, syndrome du côlon irritable…). Mathilde Touvier et son équipe ont notamment publié en 2018 une étude dans le « BMJ » suggérant un lien entre consommation d’aliments ultratransformés et cancer.
Des données d’une grande précision
Plus de 44 000 participants de plus de 45 ans ont été inclus entre 2009 et 2017. En moyenne, les aliments ultratransformés représentaient 14,4 % du poids total des aliments consommés et 29,1 % de l’apport énergétique total. Une consommation élevée de ces aliments était davantage retrouvée chez des individus jeunes, vivant seuls, ayant un indice de masse corporelle élevée, à faible niveau de revenu et d’études et ayant une faible activité physique.
« La force de NutriNet-Santé est de collecter des données d’une grande précision », souligne Mathilde Touvier. Les participants sont invités à trois reprises à fournir les informations sur leur consommation (boissons et alimentation) sur 24 heures, et ce tous les 6 mois. « Ils ont le choix parmi plus de 3 300 items. Pour les produits industriels, la marque des produits est indiquée, et les portions consommées sont quantifiées à partir de photos validées », détaille la chercheuse.
En éliminant autant que possible les facteurs confondants, les chercheurs ont estimé qu’une augmentation de 10 % de la part d’aliments transformés dans l’alimentation est associée à une augmentation de 14 % de la mortalité, et ce quel que soit le niveau de consommation initiale. « Nos données suggèrent une relation linéaire, dans la limite de l’intervalle étudié », précise Mathilde Touvier.
Objectif de réduction de 20 % entre 2018 et 2021
Cet effet délétère des aliments ultratransformés pourrait s’expliquer à la fois par leur moins bonne qualité nutritionnelle (plus de sucres et de gras, moins de fibres…), la présence d’additifs et de composés néoformés survenant au cours des procédés de transformation et le risque lié aux emballages (comme la présence de bisphénol).
« D’autres études observationnelles doivent être menées dans d’autres populations pour déterminer si ces résultats sont reproductibles ou non », insiste la chercheuse, précisant que les études expérimentales, sur l’effet cocktail des additifs par exemple, sont également essentielles pour comprendre les mécanismes sous-jacents.
« C’est seulement lorsque nous aurons plusieurs éléments concordants que nous aurons un niveau de preuve suffisamment solide », ajoute-t-elle. En attendant le principe de précaution est de mise : le volet prévention de la stratégie nationale de santé 2018-2022 a fixé un objectif de réduction de 20 % de la consommation d’aliments ultratransformés entre 2018 et 2021.
« Les études observationnelles sont fondamentales pour faire avancer les connaissances, la réalisation d’essais contrôlés randomisés n’étant pas envisageable d’un point de vue éthique pour étudier les effets à long terme des aliments ultratransformés », conclut la chercheuse, qui invite les professionnels de santé à promouvoir la participation à NutriNet-Santé auprès de leurs patients (www.etude-nutrinet-sante.fr).
Source : Lequotidiendumedecin.fr
================================================================
Nouveaux résultats d’une étude sur les risques de la malbouffe
Christophe Micas – | 12.02.2019
PhanieZoom
Une étude sur les aliments ultratransformés et la santé observe, mais ne prouve pas, un sur risque de mortalité chez les plus gros consommateurs de plats préparés.
Les chercheurs à l’origine de cette étude publiée dans la revue de l’Association médicale américaine (« Jama Internal Medicine »), se veulent très prudents : leurs résultats ne prouvent pas de lien de cause à effet entre la consommation d’aliments ultratransformés et la dégradation de la santé. Certes, leur étude portant 45 000 Français de plus de 45 ans, en majorité des femmes, suivis de 2009 à 2017, a observé un lien modeste entre la consommation d’aliments ultratransformés et le risque de décès pendant la période.
En décortiquant les données des 600 personnes décédées au cours de l’étude, les chercheurs se sont en effet aperçus qu’une augmentation de 10 % de la proportion d’aliments ultratransformés dans l’alimentation correspondait à une augmentation de 15 % de la mortalité.
Mais, insiste Mathilde Touvier, directrice de l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle à l’université Paris 13 qui gère la grande étude NutriNet-Santé, « il ne faut pas être alarmiste pour le public et dire qu’en mangeant un plat préparé on a un risque supplémentaire de 15 % de mourir ». Mathilde Touvier avertit qu’il ne faut pas se focaliser sur le chiffre, ce qui compte est l’existence d’un lien statistiquement significatif. Et l’étude doit être interprétée dans un ensemble de travaux. Pour elle, « c’est une nouvelle pierre à l’édifice dans les recherches sur les liens entre aliments ultratransformés et la santé ».
Parmi les hypothèses envisagées pour expliquer ce « sur risque » de mortalité avec les aliments ultratransformés, les chercheurs pointent les additifs. Toutefois, le Pr Julian Cooper, de l’Institute of Food Science and Technology, souligne pour sa part l’importance de certains additifs comme les conservateurs, qui « permettent de garder les aliments dans de bonnes conditions, ce qui réduit le gaspillage tout en conservant la qualité nutritionnelle ».
Avec l’AFP.
Source : Lequotidiendupharmacien.fr
================================================================
Revue de presse Mediscoop du 15-02-2019
Les aliments ultratransformés à éviter
Par Mme Aude Rambaud (Boulogne)[Déclaration de liens d’intérêts]
L’étau se resserre autour des aliments ultratransformés. Accusés d’augmenter le risque de surpoids ou encore de cancer, voilà qu’une nouvelle étude pointe du doigt une augmentation du risque de mortalité toute cause avec un effet-dose. Cette étude parue dans le JAMA Internal Medicine porte sur l’analyse de données de la cohorte française NutriNet-Santé.
La consommation régulière d’aliments ultratransformés (plats préparés, barres chocolatées, sodas, etc.) augmente le risque de décès. C’est ce qu’indique une étude française parue dans JAMA Internal Medicine.
Plusieurs éléments faisaient déjà planer le doute sur une certaine toxicité de ces aliments en raison des nombreux additifs utilisés ou encore des procédés industriels. Leur consommation a déjà été associée à des maladies métaboliques, inflammatoires ou encore au cancer. Cette fois, des chercheurs vont plus loin et établissent un lien avec la mortalité toute cause.
Il s’agit d’une étude observationnelle basée sur les données de 44.551 personnes (dont 73% de femmes) participant à l’étude NutriNet-Santé en France et âgées de 45 ans ou plus (en moyenne 57 ans) au moment de l’inclusion.
Ces individus ont répondu à au moins un questionnaire sur leur consommation alimentaire au début du suivi qui a duré environ 7 ans (2009-2017). Les auteurs ont mesuré l’exposition aux aliments ultra-transformés et ont eu accès aux données de mortalité grâce au registre national CépiDC.
L’analyse montre que les aliments ultratransformés représentent en moyenne 14,4% du poids total de l’alimentation chez ces personnes mais 29% des apports énergétiques. Ils sont davantage consommés par des adultes plus jeunes, ayant des bas revenus, un faible niveau d’éducation, par les personnes seules mais aussi par celles en surpoids et qui font peu d’exercice physique.
En tenant compte de tous ces paramètres et en les ajustant aux résultats, le bilan reste sans appel : chaque augmentation de 10% de la part d’aliments transformés dans l’alimentation augmente de 14% le risque de mortalité (1.04-1.27; P = .008).
Référence : Laure Schnabel et al. – Association Between Ultraprocessed Food Consumption and Risk of Mortality Among Middle-aged Adults in France – JAMA Intern Med. Published online February 11, 2019
[Retrouvez l’abstract en ligne]
Date de publication : 15 février 2019