SCIENCES ET AVENIR SANTÉ CERVEAU ET PSY
Par Camille Gaubert le 18.04.2022 à 19h00
Un son, un mot, un paysage… Des souvenirs indésirables peuvent émerger à tout moment, ramenés à la surface par un stimulus. Heureusement, notre cerveau possède un mécanisme dédié spécifiquement au contrôle de ce phénomène, agissant parfois sans que nous en ayons conscience.
Chez les personnes souffrant de stress post-traumatique, le mécanisme cérébral dédié au blocage des pensées intrusives est dysfonctionnel.
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Une voiture qui ressemble à celle de votre ex, un aboiement similaire à celui de votre animal décédé, une odeur semblable à celle d’un repas d’hôpital : les stimuli qui peuvent devenir désagréables ne manquent pas.
Heureusement, notre cerveau est entraîné pour bloquer les pensées intrusives en agissant directement sur la zone de la mémoire.
Ce blocage peut même arriver si vite que nous n’en aurons même pas conscience, d’après des travaux publiés dans le Journal of Neurosciences.
Une zone du cerveau capable de bloquer une pensée ou un souvenir
Décider de ne pas penser à quelque chose, voilà un ordre qui semble difficile à suivre.
Et pourtant, notre cerveau possède un mécanisme dédié à ce blocage, dont le chef d’orchestre est une petite zone placée au cœur de notre cerveau : le cortex cingulaire antérieur dorsal (CCAd).
C’est cette zone cérébrale dont les chercheurs ont étudié l’activation chez les 24 sujets de l’étude.
Entraînés à retenir des couples de mots en rapport l’un avec l’autre (par exemple TRAIN – PORTE ou AFRIQUE – PLAGE), il leur était demandé dans un second temps de ne penser qu’à un seul des mots, appelé “le rappel”, et pas l’autre.
“Il y a alors conflit entre l’objectif de NE PAS penser au souvenir associé à un rappel et la tendance inévitable de ce rappel à provoquer automatiquement la récupération du souvenir indésirable”, explique Michael Anderson, spécialiste de la cognition à l’université de Cambridge (Royaume-Uni) et co-auteur de l’étude.
C’est ce conflit qui active le CCAd, zone du cerveau connue pour ses fonctions de contrôle cognitif.
Pour empêcher le souvenir d’envahir la conscience, le CCAd doit agir vite !
Un blocage parfois si rapide qu’il peut être inconscient
Et en effet, sa rapidité d’action est surprenante. Car si le CCAd parvient à réprimer le souvenir après son émergence, les chercheurs se rendent compte qu’il peut également prévenir ce mécanisme, avant même que le souvenir ne soit exhumé !
Les scientifiques parlent de contrôle proactif (précoce) et réactif (plus tardif).
Observer la différence entre les deux réponses, qui se jouent à quelques centaines de millisecondes, n’a pas été une mince affaire.