Par Vincent Prévot
27/06/2022
On sait aujourd’hui que le coronavirus SRAS-CoV-2 est capable d’infecter de nombreux organes.
Y compris l’un des mieux protégés d’entre eux, le cerveau.
Directeur de recherche, Vincent Prévot est responsable du laboratoire Inserm « Développement et plasticité du cerveau neuroendocrine », une composante d’un réseau de recherche européen ERC spécialisé dans l’étude du contrôle du métabolisme par le cerveau.
Avec ses partenaires allemands et espagnols, ce neuroscientifique a élucidé la façon dont le virus du Covid-19 s’introduit dans cet organe sensible.
Dès le début de la pandémie, vous avez émis l’hypothèse que le coronavirus SRAS-CoV-2 était capable de s’attaquer au cerveau. Comment vous est venue cette idée?
En 2020, comme tout le monde, nous avons été pris de court par l’arrivée de ce virus respiratoire.
Nous avons alors réfléchi à la meilleure façon d’acquérir de la connaissance sur cette nouvelle maladie.
À cette époque, l’hypothèse que le virus puisse causer des dommages au cerveau n’était pas la plus en vogue, loin de là.
On voyait les gens mourir d’insuffisance respiratoire ou de défaillance multi-organes, et peu de gens imaginaient que le virus était capable de passer dans le sang, donc, potentiellement, dans le liquide céphalo-rachidien, qui baigne le cerveau.
C’était d’autant moins vraisemblable que le cerveau est normalement protégé par la barrière hémato-encéphalique, une barrière physique et métabolique qui l’isole en empêchant notamment le contact direct avec le sang (ce qui limite les risques qu’un microbe qui y serait présent n’atteignent le cerveau).
Pourtant, plusieurs observations nous ont amenés à considérer comme probable l’infection du cerveau par le SRAS-CoV-2.
Tout d’abord, les premières données collectées indiquaient que les patients qui développaient les formes les plus graves de Covid-19 étaient majoritairement des hommes, et qu’ils étaient souvent atteints d’obésité et de diabète.
Or, on sait que le cerveau contrôle en partie le dimorphisme sexuel (les différences entre hommes et femmes), notamment via l’hypothalamus.
Cette structure cérébrale joue un rôle important dans de nombreux mécanismes physiologiques (régulation de la température du corps, du sommeil, de la prise de nourriture, de l’équilibre en eau, des rythmes circadiens, la reproduction…), et elle est aussi impliqué dans l’obésité et le diabète.
Il nous a donc semblé intéressant d’aller vérifier ce qui se passait à ce niveau en cas d’infection par le SRAS-CoV-2.
Et ce d’autant plus qu’à certains endroits de l’hypothalamus la barrière hématoencéphalique s’interrompt, pour laisser passer librement dans le sang les neurohormones produites par cette structure cérébrale. On peut donc imaginer que le virus puisse lui aussi passer par là…
Pour lire la suite 🡺 Comment le SRAS-CoV-2 s’introduit-il dans notre cerveau? | Profession Santé (professionsante.ca)
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